Chine-France : une coopération pragmatique pour un bénéfice partagé

Par : Lisa |  Mots clés : Chine-France , coopération ,Manuel Valls ,Li Keqiang
French.china.org.cn | Mis à jour le 06-03-2015

Chine-France : une coopération pragmatique pour un bénéfice partagé

LU RUCAI, membre de la rédaction

« Huanying lai Faguo ! (Bienvenue en France !) » s'est exclamé le premier ministre français Manuel Valls au cours de sa visite en Chine, plus précisément le 31 janvier 2015 à Shanghai, lors de la Rencontre entre les personnalités chinoises et françaises ayant pour thème « Main dans la main, la Chine et la France coopèrent et innovent ». Hormis pratiquer son chinois, M. Valls avait pour principaux objectifs, à travers son déplacement, de renforcer la coopération économique et commerciale avec la Chine ainsi que d'accueillir plus largement les entreprises chinoises désireuses d'investir en France.

Avant son départ pour la Chine, Manuel Valls avait répondu à des interviews écrites de médias chinois, précisant : « La France se montrera plus ouverte à l'égard de la Chine pour recevoir sur son territoire investisseurs, étudiants et touristes chinois. » Les médias français dans l'ensemble ont applaudi cette tournée chinoise de M. Valls, considérant que celui-ci avait « trouvé le ton juste pour dialoguer avec les Chinois, à l'instar de l'ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin ».

Le 29 janvier, le premier ministre Li Keqiang a présidé une cérémonie d'accueil au Grand Palais du Peuple, la première de 2015, pour célébrer l'arrivée de son homologue français. D'ailleurs, Manuel Valls a été le premier parmi les premiers ministres des puissances occidentales à entreprendre une visite officielle en Chine en ce début d'année. Li Keqiang a déclaré : « Cela illustre les relations privilégiées qu'entretiennent la Chine et la France.

Après leur entretien, les deux premiers ministres ont ensemble assisté à la cérémonie de signature d'une dizaine d'accords de coopération dans les domaines de l'énergie, l'aérospatiale, l'électricité ou encore l'environnement. Par exemple, le Chinois CGN et le Français EDF ont convenu de concevoir conjointement un réacteur nucléaire ; China Huadian Corporation et la même société française ont conclu un accord-cadre portant sur les énergies renouvelables.

Néanmoins, M. Valls a clairement indiqué que les rapports économiques et commerciaux qui unissent étroitement la Chine et la France ne devaient pas aboutir sur un déséquilibre commercial entre les deux pays. Selon les données des douanes françaises, entre janvier et novembre 2014, le montant total des exportations françaises vers la Chine (hors matériel militaire) s'élevait à 14,4 milliards d'euros (+1,1 milliard de plus en glissement annuel), tandis que celui des exportations chinoises vers la France atteignait 38,6 milliards d'euros (+1,2 milliard en glissement annuel). Sur cette même période, le déficit commercial avec la Chine comptait pour 37 % du déficit extérieur total de la France. C'est pourquoi M. Valls est si disposé à ouvrir grand les bras aux entreprises et investisseurs chinois.

2014 est l'année durant laquelle les entreprises chinoises ont le plus investi en France : 13 entreprises chinoises ont fait l'acquisition de firmes françaises, totalisant des transactions d'un montant de 4 milliards de dollars. Le consortium Symbiose formé par les Chinois Shandong Hi-Speed Group et Friedmann Pacific Asset Management ont acquis 49,9 % des parts de l'aéroport de Toulouse-Blagnac. Dongfeng Motor Corporation a injecté 800 millions d'euros dans le capital de PSA Peugeot Citroën, portant sa participation dans le groupe français à 14 %. Toutefois, le nombre et la valeur des investissements chinois en France demeurent bien faibles en comparaison des 32 fusions-acquisitions chinoises qui ont eu lieu en Allemagne et des 40 qui ont eu lieu au Royaume-Uni.

Parmi les raisons évoquées, le rejet de la société française à l'égard des investissements chinois. Même Le Figaro a constaté que le marché français n'avait pas bonne presse aux yeux des investisseurs chinois, qui avaient constamment vent de « l'esprit contestataire des Français ». L'année dernière, avant même d'être soumis aux autorités françaises concernées pour approbation, le projet de rachat de l'aéroport de Toulouse par le consortium chinois Symbiose avait été mis en cause à répétition par les politiciens français. De plus, le processus d'acquisition du Club Méditerranée par le groupe chinois Fosun avait demandé près de deux ans, se heurtant à l'opposition de divers milieux. Le Front national avait taxé le gouvernement français d'« anti-patriotisme » en référence à cette affaire. Le conseil d'administration du Club Méditerranée avait lui aussi rejeté à plusieurs reprises le projet d'acquisition de Fosun. Ce genre de sentiments nationalistes en France est source d'inquiétudes pour les entreprises chinoises et freine dans une certaine mesure la marche de celles souhaitant s'implanter en France.

Le premier ministre chinois Li Keqiang, lors de sa rencontre avec son homologue français Manuel Valls, a souligné que les deux pays devraient poursuivre plus intensément leur coopération dans les domaines traditionnels comme le nucléaire, l'aérospatiale et l'aéronautique, le TGV, tout en l'étendant aux secteurs émergents tels que la santé et les soins, l'écologie et la protection de l'environnement, la finance. Il espère que la partie française exportera davantage de produits high-tech et garantira aux entreprises chinoises venant investir en France un environnement de marché plus ouvert, plus équitable et plus fraternel. M. Valls a affirmé : « Oui, la France est ouverte aux entreprises chinoises ! Oui, vos investissements sont les bienvenus ! » Bien entendu, ces paroles bienveillantes doivent devenir des engagements et se concrétiser.

2015 sera une année d'importance, autant pour la France que pour la Chine. Paris accueillera la Conférence mondiale sur le climat, où la Chine jouera un rôle crucial. En effet, les énergies propres étaient aussi au cœur des accords de coopération signés entre la Chine et la France au cours de cette visite. C'est d'ailleurs dans un lieu symbolique que M. Valls a tenu un discours le 30 janvier devant des chefs d'entreprises chinois et français : le site Soho à Wangjing, qui recourt aux hautes technologies d'entreprises françaises pour réduire de manière significative la consommation d'énergie et l'impact carbone de ces bâtiments. Reste à savoir quelles répercussions cette visite de M. Valls en Chine entraînera. À suivre...

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Source: La Chine au Présent
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