La relation sino-russe: un ami dans le besoin pendant des périodes difficiles

Par : LIANG Chen |  Mots clés : Russie, Chine
French.china.org.cn | Mis à jour le 23-12-2014


Il y a six décennies, isolée par l'Occident, la nouvelle République populaire de Chine s'est tournée vers l'Union soviétique pour des idées et un soutien à la planification urbaine de Beijing. Encore aujourd'hui, on peut y retrouver l'influence soviétique.

Maintenant, c'est la tendance inverse. Devant affronter de plus en plus de sanctions occidentales à la suite de la crise en Ukraine, la Russie se tourne maintenant vers l'Orient, et en particulier vers la Chine, pour des investissements qui serviront à financer les projets d'infrastructure de plusieurs milliards de dollars de Moscou.

Ces projets visent à transformer la capitale russe en une métropole mondiale. L'enjeu est un ambitieux plan de développement urbain à moyen terme pour la ville, avec 200 milliards $ d'investissement et des propriétés couvrant un total de 180 millions m2. Le plan comprend la construction d'un nouveau vaste centre administratif et commercial baptisé « New Moscou », l'amélioration des systèmes routiers, ferroviaires et de métro de la ville, et la restauration d'anciennes zones industrielles et zones défavorisées le long de la rivière Moscou, ont déclaré les responsables russes lors d'un récent forum sur l'urbanisme à Moscou. Le Dalian Wanda Group Co Ltd, le plus grand conglomérat d'immobiliers commerciaux de Chine, négocie actuellement avec les autorités de Moscou pour développer des propriétés couvrant 1,5 million m2 à un coût d'environ 2 milliards $, selon Marat Khusnullin, vice-maire de Moscou responsable de l'urbanisme et de la politique de construction.

Le projet va transformer une zone appelée Zil Industrial Park, un ancien emplacement de fabrication automobile russe le long de la rivière Moscou, en un nouveau quartier commercial et résidentiel moderne. L'accord d'investissement pourrait être conclu l'année prochaine, et la transaction sera réglée en yuans, a déclaré M. Khusnullin au China Daily. Le consentement de Moscou à utiliser la monnaie chinoise en règlement a enlevé ce qui était considéré comme un obstacle majeur à l'investissement de Dalian Wanda, après que la compagnie eut préalablement exprimé des préoccupations concernant la chute du rouble qui a perdu cette année près de la moitié de sa valeur par rapport au dollar. Des reportages antérieurs avaient même suggéré que la transaction serait reportée en raison de la crise de la devise. En plus de l'arrangement monétaire, Moscou offrira également des politiques foncières favorables et des prix moins chers pour les terrains afin d'attirer d'autres promoteurs immobiliers chinois, a indiqué le vice-maire. Les experts suggèrent maintenant que ce type de partenariat d'affaires étroit entre la Russie et la Chine dans le secteur des infrastructures est susceptible de servir les intérêts des deux parties dans l'avenir. Aux prises avec une économie basée sur le pétrole et qui est durement frappée à cause de la chute des prix de l'énergie, le maire de Moscou Sergey Sobianine se concentre maintenant sur l'infrastructure nationale, dans ce qu'il appelle la « nouvelle recette » pour dynamiser son économie et créer une nouvelle croissance.

La diversification de son portefeuille d'investissements étrangers est également devenue une priorité, d'autant plus que les sanctions économiques internationales contre le pays dans son ensemble, en réponse à la crise en Ukraine, laissent peu de perspectives d'une levée de capitaux en provenance de l'Occident. « Quand les temps sont durs et difficiles, nous ne devons pas cesser d'aller de l'avant, mais plutôt continuer à attirer les investissements étrangers », a déclaré M. Sobianine. D'une certaine façon, le moment ne pourrait être plus opportun pour la coopération sino-russe. La Chine est actuellement à la recherche de nouveaux marchés à l'étranger pour ses propres secteurs de construction d'infrastructures et de fabrication d'équipements. En effet, ceux-ci continuent d'affronter des problèmes de surcapacité, après un boom immobilier de deux décennies au pays. Beijing s'éloigne également des actifs libellés en dollars, comme les bons du Trésor des États-Unis, et élargit la portée de ses objectifs d'investissement, y compris dans des projets d'infrastructure et immobiliers à l'étranger qui sont censés donner de meilleurs rendements pour ses énormes réserves de change. Dalian Wanda est loin d'être le premier investisseur chinois à accorder une attention soutenue aux opportunités qui sont offertes par le plan de développement urbain de Moscou. Par exemple, en mai, la China Railway Construction Corp Ltd, une importante société d'État, a signé un protocole d'entente avec les autorités de Moscou pour participer à la construction d'une ligne de métro de 15 km reliant Moscou et New Moscou, une ligne faisant elle-même partie du plan global d'expansion des transports de la ville, évalué à 40 milliards $. Les autres participants chinois au projet comprennent les Hong Kong Mass Transit Railway, Henderson Land Development Co Ltd et Hang Lung Group Ltd.

« Nous avions l'habitude d'importer de l'équipement ferroviaire de l'Europe. J'ai maintenant ordonné à mon personnel de se procurer tout le matériel de l'Asie, y compris de la Chine », a déclaré le vice-maire Khusnullin. Ce qui rend la Chine particulièrement attrayante pour Moscou, c'est l'expérience du pays dans la rapide expansion urbaine. En 2020, la capitale russe espère avoir terminé la construction de 150 km de lignes de métro, selon Karima Nigmatulina, directrice par intérim de l'Institut général de planification, de recherche et de projet de Moscou. « Les seules villes qui peuvent se comparer à ce taux, ce sont les villes chinoises.

Il est intéressant de coopérer avec des homologues qui travaillent au même rythme », dit-elle. Une énorme demande immobilière et des processus de décision et de construction beaucoup plus rapides que ceux des villes occidentales font aussi en sorte que Moscou est très attrayante pour les investisseurs chinois, a indiqué Mme Nigmatulina. Xu Hongcai, économiste au Centre chinois pour la coopération économique internationale, a déclaré qu'il s'attend à ce que la chute du rouble et la réduction du prix des actifs en Russie continuent d'offrir plus de possibilités d'investissement aux entreprises chinoises. « C'est certainement un bon moment pour investir en Russie, où de meilleures affaires au rabais et de meilleures transactions surgissent en tout temps », a-t-il dit, en ajoutant l'avertissement suivant : les entreprises chinoises qui cherchent à investir ou à travailler dans le pays doivent toujours insister pour un règlement en yuan afin d'éviter le risque du taux de change. Certains experts mettent toutefois en garde contre le fait qu'une récession économique majeure se profile en Russie et que la confiance décline, de nombreux investisseurs internationaux laissant maintenant tomber la monnaie russe.

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