Une conférence internationale pour la paix et la sécurité en Irak a lieu à Paris

Par : Vivienne |  Mots clés : Irak,État islamique,France
French.china.org.cn | Mis à jour le 16-09-2014

La conférence internationale pour la paix et la sécurité en Irak a eu lieu le 15 septembre à Paris. Elle a réuni les ministres des Affaires étrangères des cinq pays membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU et d'une vingtaine d'autres pays pour élaborer une stratégie commune de lutte contre le terrorisme visant les actes de l'État islamique (EI) et pour apporter une aide humanitaire à l'Irak. Dernièrement, la France, pays hôte de la conférence, est intervenue activement dans la gestion de la crise irakienne ; ses motivations méritent une grande attention.

La conférence était coprésidée par le président français François Hollande et le président irakien Fouad Massoum. La France a travaillé activement aux travaux préparatoires et à la tenue de cette réunion. Le 12 septembre, à quelques jours de la conférence, François Hollande a effectué une visite en Irak. Il est le premier chef d'État étranger à venir dans le pays depuis la crise causée par des actes terroristes de l'EI. François Hollande s'est entretenu avec le président Fouad Massoum et le premier ministre Haider al-Abadi. Le président français a salué la volonté démontrée par le nouveau gouvernement irakien et les efforts déployés pour promouvoir la réconciliation entre les différentes communautés religieuses et ethniques, et a estimé que l'ouverture de certains départements gouvernementaux aux sunnites est à affirmer pour encourager la rupture de ces derniers avec l'EI et leur participation au processus de réconciliation en Irak. La France avait posé comme condition préalable à l'organisation de la conférence qu'un gouvernement uni et largement représentatif de la société soit formé en Irak.

La France cherche une « solution globale »

La visite de François Hollande en Irak et l'organisation d'une conférence internationale sur l'Irak en France reflètent l'intervention renforcée du pays dans la résolution de la situation irakienne. En juin dernier, l'EI a créé des troubles dans le nord de l'Irak, lançant des attaques vers le sud et s'approchant rapidement de la capitale Bagdad. Face à une situation sécuritaire qui se détériorait chaque jour, la France a engagé une série d'actions diplomatiques et d'aide, tout en condamnant les actes terroristes de l'EI.

Les attaques armées et les massacres perpétrés par le groupe terroriste contre la région autonome kurde ont rendu un grand nombre d'Irakiens sans-abri, et le gouvernement français a annoncé le 9 août l'octroi d'une assistance matérielle humanitaire d'urgence à la région. Dans son entretien téléphonique avec Massoud Barzani, leader de la région autonome kurde, François Hollande a promis l'arrivée de cette aide en quelques heures. Le lendemain, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius est arrivé en Irak en avion et a supervisé le transfert des secours humanitaires fournis par la France. Lors de son entretien avec les dirigeants irakiens, il a appelé l'Irak à fonder dans les meilleurs délais un gouvernement uni national pour résister aux attaques lancées par les fondamentalistes de l'EI.

Suite à l'appel d'aide militaire lancé par l'Irak à la communauté internationale, la France a immédiatement décidé de fournir des armements aux troupes armées de la région autonome kurde, devenant ainsi le premier pays de l'UE à fournir des armes à l'Irak. Selon des sources, la France a envoyé 4 navires chargés d'armements à l'Irak. En outre, l'avion spécial amenant le président François Hollande en Irak le 12 septembre transportait 15 tonnes de matériel d'assistance. La France a envoyé au total 60 tonnes de matériel en Irak.

Sur le plan militaire, la France ne veut pas se laisser devancer par les autres pays. Laurent Fabius a annoncé le 10 septembre que le cas échéant, la France serait prête à participer aux actions de frappes militaires aériennes contre l'EI. La décision a été prise par le président François Hollande durant une réunion sur la défense nationale, et selon des sources de l'état-major français, l'intervention militaire française « ne sera absolument pas symbolique ». De la base de l'armée aérienne française installée dans les Émirats arabes unis où sont stationnés un millier de militaires et 6 avions Rafale, les avions ne mettraient que 2 heures à arriver en Irak et participer aux attaques aériennes. Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian vient d'inspecter la base dans le but de déployer des troupes en vue des prochaines opérations militaires. Selon des sources, une unité de forces spéciales de 250 soldats s'apprête à partir.

Il est à noter que la France a accru son intervention dans la crise irakienne dans un contexte où le président américain Barack Obama a défini une stratégie globale de lutte radicale contre l'EI. Depuis le 6 août dernier, date à laquelle les États-Unis ont décidé de lancer des attaques aériennes contre les fondamentalistes, une centaine de raids aériens ont été menés, mais sans avoir pu freiner les attaques armées terroristes. Le 5 septembre, Barack Obama a annoncé au Sommet de l'OTAN tenu au pays de Galles que les États-Unis et d'autres pays formeraient une « alliance centrale » pour combattre les forces armées de l'EI. Le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, le Canada, la Turquie, l'Italie, la Pologne, le Danemark et l'Australie font ainsi partie de cette alliance. Le 11 septembre, les ministres des Affaires étrangères de 10 pays arabes et le secrétaire d'État américain John Kerry ont décidé, après une réunion en Arabie saoudite, de participer à l'alliance centrale visant à lutter contre l'EI.

La France ne veut pas être un « sous-traitant des Américains »

Membre de cette alliance, la France a décidé de prendre part aux opérations militaires, mais n'a pas l'intention d'emboîter le pas aux Américains. Comme l'a déclaré un diplomate français, la France ne veut pas être un « sous-traitant des Américains ». Sur le plan des actions militaires, la France ne possède évidemment pas les atouts et la puissance des États-Unis, d'autant plus que pour le moment, les forces militaires françaises ont comme priorité, en plus de la défense du territoire, de lutter contre les forces terroristes. Lors de sa visite en Irak, le président François Hollande a indiqué explicitement qu'au sein de l'alliance antiterroriste, chacun a sa part de travail. Selon lui, l'EI constitue une menace globale à laquelle il faut « apporter une solution globale ». Une solution globale doit comprendre une solution politique, c'est la priorité de l'intervention française dans la crise irakienne. La tenue d'une conférence internationale sur l'Irak et les efforts français illustrent ce but.

Bien entendu, la France a aussi des objectifs plus profonds. Depuis de longues années, l'Irak est un partenaire stratégique important de la France au Moyen-Orient, cela explique pourquoi la France s'est prononcée catégoriquement contre la guerre irakienne déclenchée par les États-Unis en 2003. Par conséquent, le gouvernement sunnite fondé après le renversement de Saddam Hussein s'est montré très froid envers la France, si bien que les relations entre les deux pays sont toujours au plus bas. Actuellement, l'Irak fait face au défi sérieux du terrorisme et le gouvernement sunnite cherche un soutien international, ce qui donne à la France une occasion de revenir sur le devant de la scène. La visite de François Hollande a eu lieu à un moment particulièrement difficile pour l'Irak, et le président français n'a pas manqué de louer les efforts du nouveau gouvernement. Les relations franco-irakiennes se réchauffent ainsi rapidement. François Hollande a déclaré que cette visite a insufflé une « nouvelle vitalité » aux relations entre les deux pays, qui ont ouvert une « page nouvelle ». Le premier ministre irakien Haider al-Abadi a souligné avec satisfaction que la visite de François Hollande constituait un soutien au nouveau gouvernement irakien.

Par conséquent, l'actuelle crise irakienne offre une précieuse occasion de retour à la France, et François Hollande a su saisir cette opportunité au bon moment.

 

Article exclusif pour China.org.cn

(Traduction d'un article en chinois rédigé par M. Shen Xiaoquan, maître de recherches au Centre d'étude des problèmes mondiaux, de l'agence de presse Xinhua.)

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
1   2    


Les dernières réactions            Nombre total de réactions: 0
Sans commentaire.
Voir les commentaires
Votre commentaire
Pseudonyme   Anonyme
Retournez en haut de la page