Le Sahel déchiré par le terrorisme

Le Sahel est une bande oblongue qui traverse horizontalement le nord de l'Afrique. Elle débute à l'ouest par la partie septentrionale du Sénégal et la partie méridionale de la Mauritanie, se dirige vers l'est en traversant le centre du Mali, l'extrémité sud de l'Algérie, la partie septentrionale du Burkina Faso, la partie méridionale du Niger et la partie septentrionale du Nigeria et le centre du Tchad, pour finalement atteindre le Soudan et l'Erythrée, sur la côte est de l'Afrique. La France maintient depuis longtemps des relations particulières avec ces pays francophones, tandis que la sécurité au Sahel influence directement les intérêts stratégiques de la France.

Or, le Sahel est déchiré depuis plusieurs années par des activités terroristes. Dans les années 1970, les organisations terroristes de l'Afrique du Nord ont établi des liens avec Al-Qaïda et leurs membres de la première heure ont été formés dans les camps d'entraînement d'Al-Qaïda en Afghanistan. Dans les années 1990, Oussama Ben Laden, qui était en exil au Soudan, a financé et soutenu le développement du Groupe salafiste pour la prédication et le combat en Algérie. Il l'a aidé à étendre son influence en Europe, de sorte qu'il commette des actes terroristes en France et dans d'autres pays européens. Depuis 2007, des attaques terroristes contre des installations et des campements militaires, ainsi que des missions diplomatiques de pays occidentaux ont eu lieu en Mauritanie et en Algérie. La France a été la cible principale de ces attaques.

En septembre 2010, l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique, anciennement connue sous le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat, affiliée au réseau Al-Qaïda, kidnappa 7 étrangers, dont 5 Français, au Niger. En janvier 2011, deux Français furent enlevés et tués par des individus armés à Niamey, au Niger. La capitale française a elle aussi été la cible d'attaques terroristes. A l'automne 2012, la police française a démantelé une organisation extrémiste liée à l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique. Au début du mois de juillet 2014, les forces de l'ordre françaises ont encore déjoué un attentat terroriste des membres de l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique ayant pris pour cible la tour Eiffel et le Louvre.

Malgré les victoires de l'armée française au Mali, celle-ci n'est pas parvenue à éliminer radicalement les activités terroristes au Sahel. En janvier 2013, 600 personnes ont été enlevées par des terroristes dans les champs gaziers d'In Amenas en Algérie, un acte revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique comme représailles contre l'opération anti-terroriste de la France au Mali. En mai 2013, des explosions ont frappé une société française exploitant des mines d'uranium au Niger, faisant un mort et 14 blessés. Le même jour, des explosions ont secoué le camp militaire de l'armée nigérienne à Agadez, provoquant la mort de 18 personnes. En mai 2014, l'organisation extrémiste Boko Haram, affiliée à Al-Qaïda, a kidnappé 200 jeunes filles dans une école du Nigéria, provoquant un vent de colère sur la scène internationale. Peu de temps après, cette organisation s'est attaquée à une entreprise chinoise à la frontière du Cameroun. Le 24 juillet, un avion d'Air Algérie parti de Ouagadougou s'est écrasé au nord du Mali, entraînant la mort de 110 passagers et de 6 membres d'équipage. La France a immédiatement envoyé des chasseurs à sa recherche et a déclaré qu'elle n'excluait pas la possibilité d'un raid terroriste.

Face à une telle menace pour la sécurité, le président Hollande a accueilli à Paris le Sommet de l'Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique et un sommet pour la sécurité dans cinq pays d'Afrique de l'Ouest en décembre 2013 et en mai 2014. Au cours de ces deux événements organisés sous l'égide de la France, les participants ont dressé le programme de l'opération Barkhane, visant à mettre en place un commando anti-terroriste dans le Sahel. Ce projet a obtenu le soutien et l'adhésion des pays africains.

De toute évidence, la France joue le rôle d'une grande puissance dans la lutte internationale contre le terrorisme et a par ailleurs ainsi accru son influence politique en Afrique.

Shen Xiaoquan, maître de recherches au Centre d'étude des problèmes mondiaux de l'agence Xinhua