Maroc : 8 morts dans l'effondrement d'immeubles à Casablanca

Le bilan de l'effondrement de trois immeubles à Casablanca au Maroc s'élève désormais à 8 morts, alors que dix-sept personnes sont toujours hospitalisées, selon un nouveau bilan fourni samedi par la Préfecture de Casablanca Anfa.

Le dernier bilan provisoire établi par les autorités locales faisait état de 4 morts et 55 blessés, dont 39 avaient quitté l'hôpital après avoir reçu les soins nécessaires. Trois autres immeubles mitoyens ont été évacués par mesure de sécurité, selon les autorités locales, tandis que les recherches d'éventuels survivants encore sous les décombres se poursuivent.

De nouveaux moyens de sauvetage ont été utilisés dans les efforts de secours, dont des caméras 3D, des appareils d'écoute pour détecter des sons sous les décombres et des casques équipés de caméras pour visualiser les victimes ensevelies.

Le parquet de Casablanca a ouvert une enquête et le juge d'instruction ainsi que des éléments de la police judiciaire ont débuté leurs investigations. Ils prendront "les mesures qu'impose la loi contre toute personne ayant commis un délit ou une contravention", a indiqué un communiqué du Procureur du roi.

Le roi marocain Mohammed VI s'est rendu, le même jour, au quartier Bourgogne où il a visité les lieux de l'effondrement. Le roi s'est rendu par la suite au centre hospitalier régional Moulay Youssef afin de s'informer sur l'état de santé des blessés. Le souverain marocain a également a ordonné la prise en charge des soins médicaux des blessés et donné ses instructions aux autorités locales pour procéder au relogement provisoire des sinistrés.

L'effondrement de trois immeubles à Casablanca remet de nouveau au devant de la scène la problématique des bâtiments menaçant ruine. Ce nouveau drame rappelle celui qui s'est produit en 2012. En l'espace de 15 jours, pas moins de cinq maisons se sont écroulées, soit totalement, soit partiellement, dans différents quartiers de l'ancienne médina faisant des morts et des blessés. Quelque 242.000 familles vivent dans des maisons construites sans autorisations et 144.000 autres dans des maisons qui menacent de s'effondrer, dont 66.000 pour le seul Casablanca.

Entre 25 et 30% de la population urbaine du Maroc vivent dans des quartiers pauvres et non structurés, et 13% des familles urbaines habitent des maisons insalubres, soit quelque 556.000 familles, dont 170. 000 vivent dans les bidonvilles. En dépit des programmes gouvernementaux et des financements réalisés ces dernières années, ce phénomène n'a pas été traité de manière efficace et les habitants de ces immeubles sont constamment menacés d'être, à tout moment, ensevelis sous les décombres. Pour le ministre marocain de l'Habitat et de la Politique de la ville, Nabil Benabdallah, cette situation est liée aux difficultés d'intervention dans ces habitations qui sont des biens privés, ainsi qu'au fait que les approches adoptées pour traiter la problématique des immeubles menaçant ruine souffrent d'un manque au niveau de l'arsenal juridique (entretien, santé publique, sécurité routière).

Selon le journal marocain francophone "Le Matin", les trois immeubles effondrés souffraient de plusieurs problèmes liés aussi bien au volet technique qu'au registre juridique et réglementaire. Dans cette zone, les premières autorisations de construire ont été délivrées pour des constructions R+1. Du jour au lendemain, l'on s'est retrouvé avec des R+4 et R+5 en lieu et place des R+1 en l'absence, manifestement, de toute étude technique du sol digne de ce nom. Les autorisations nécessaires auraient été délivrées sur la base d'études relativement partielles, voire légères, pour ne pas dire autre chose. Les riverains indiquent également que le propriétaire de l''immeuble affaissé avait entamé des travaux de restauration, suite à la démolition d'une partie du bâtiment, survenue récemment.