La visite en Chine du président
français François Hollande, arrivé la veille à Beijing, se poursuit
sous le signe de la coopération économique, constate vendredi la
presse locale qui accorde une attention particulière au volet
affaires du déplacement présidentiel.
Le quotidien de gauche Libération
rapporte ainsi les propos tenus par M. Hollande, "le jour où le
chômage a dépassé son record historique de 1997 (soit jeudi)". "Si
je suis en Chine", c'est pour lutter contre "le chômage", aurait-il
déclaré. Le président français a, de fait, invité les entrepreneurs
et investisseurs chinois à placer davantage de fonds dans des
projets hexagonaux, si tant est que ces investissements
"contribuent à l'appareil productif et à la création d'emplois",
souligne le journal de droite Le Figaro.
Libération dépeint, pour sa part,
M. Hollande comme "un ardent défenseur du libre-échange" appelant à
un rééquilibrage "par le haut" des échanges commerciaux entre les
deux pays.
"La solution, ce n'est pas de
réduire (le volume des échanges) mais de (les) augmenter", a estimé
M. Hollande, évoquant le déficit de 26 milliards d'euros grevant le
commerce de la France avec la Chine.
Bien que, comme le regrette Le
Figaro, la visite de M. Hollande n'ait donné lieu qu'à "beaucoup de
bonnes intentions et d'accords "institutionnels", mais (à) peu de
signatures concrètes", la presse hexagonale insiste sur l'intérêt
des acteurs économiques français pour de nouveaux domaines, comme
la santé ou encore le traitement des déchets.
Pour Le Monde, "l'urbanisation
chinoise est source d'opportunités pour les entreprises françaises
du secteur de l'eau et du traitement des déchets". Le groupe GDF
Suez en a ainsi bénéficié, puisqu'il a signé, en marge de la visite
d'Etat de M. Hollande, un accord de principe sur la création d'une
co-entreprise entre sa filiale chinoise et Beijing Entreprises, un
gérant local spécialisé dans le traitement de l'eau et des
déchets.
Par ailleurs, souligne Le Figaro,
"la réforme du système de santé lancée en 2009 (par le gouvernement
chinois) crée de belles opportunités pour les laboratoires
pharmaceutiques et les sociétés de conseil spécialisées",
représentant un budget de 850 milliards de yuans, soit l'équivalent
de 110 milliards d'euros.
Le journal souligne également
l'intérêt grandissant des laboratoires pharmaceutiques français
pour un marché chinois en plein essor, affichant dernièrement une
croissance moyenne de 21 par an. Ce secteur, dont le poids
financier est estimé par les experts à 71 milliards de dollars, a
notamment attiré les groupes pharmaceutiques Servier et Sanofi,
dont l'activité sur place affiche respectivement une croissance
annuelle de 30% et de 20%, selon les chiffres avancés par Le
Figaro.
Le journal financier français Les
Echos porte, en revanche, un jugement plus sévère sur la moisson
économique du président Hollande, décrivant son déplacement en
Chine comme une "visite sans éclat" au bilan "modeste", notamment
dans les secteurs de l'aéronautique et du nucléaire, dans lesquels
pourtant les Français excellent.
"Airbus enregistre certes une
commande (42 A 320 et 18 A 330), qui, sans être gigantesque,
représente malgré tout un montant de 8 milliards de dollars au prix
catalogue. Areva a progressé dans la vente d'une centrale de
retraitement de déchets nucléaires en signant une lettre
d'intention", concède toutefois le journal.
Quant au journal Le Parisien, il
souligne avec malice que la France n'a pas que des appareils Airbus
à proposer aux Chinois mais aussi du "saucisson". En effet, la
nombreuse délégation qui a accompagné le président Hollande, lors
de ce déplacement crucial pour les relations franco-chinoises,
compte en son sein le président de la Fédération française des
industriels charcutiers traiteurs, Robert Volut.
Les producteurs de la filière
porcine en France voient, en effet, en la Chine un marché
prometteur, mais doivent attendre l'accomplissement de certaines
formalités, à savoir l'inspection d'abattoirs français par des
officiels chinois, avant de pouvoir y écouler leurs produits.
La consommation chinoise pourrait
permettre, selon les estimations des charcutiers français, la vente
de 100.000 tonnes de produits, ce qui représenterait "1,2 million
de porcs à élever en plus" ainsi que des "dizaines de milliers de
créations d'emplois".
Mais, souligne avec justesse Le
Parisien, l'accord signé récemment par Airbus avec des compagnies
aériennes chinoises et portant sur la vente de 60 avions, d'une
valeur estimée entre 6 et 7 milliards d'euros, surpasse largement
les ambitions des charcutiers français.
|