Koichiro Gemba, le ministre japonais des Affaires étrangères, n'a pas obtenu les résultats escomptés à la suite de sa visite en France, à savoir de gagner la faveur de la France en ce qui concerne la dispute sino-japonaise sur les îles Diaoyu. Il ne faut cependant pas omettre que certains médias français soutiennent, plus ou moins ouvertement, le Japon. La lutte entre la Chine et le Japon dissimulée derrière la visite du ministre japonais en Europe vient de commencer.
Koichiro Gemba a pris les devants en publiant un article dans le Figaro le 15 octobre, déclarant que l'objectif de sa visite dans trois pays européens était de revendiquer que ces îles font « clairement partie intégrante du territoire japonais ». Il est évident que le ministre japonais comprend bien qu'il est presque impossible de demander à la France de soutenir son pays ouvertement. Donc, les prochains objectifs de Koichiro Gemba seront de publier des articles et de gagner l'opinion publique.
En effet, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et le premier ministre français Jean-Marc Ayrault n'ont pas fait part de leur avis sur ce problème. Le ministère français des Affaires étrangères a uniquement souligné que cette visite faisait partie du dialogue stratégique franco-japonais. Les deux pays ont établi un partenariat stratégique depuis janvier 2012 et avaient réalisé un premier dialogue stratégique au Japon. Cette visite constitue le deuxième dialogue depuis que François Hollande est au pouvoir. En ce qui concerne les îles Diaoyu, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a émis le souhait, par deux fois en deux jours, que ces disputes territoriales se résolvent par une négociation pacifique, dans le cadre des principes du droit international, avant de souligner que la France avait donné clairement sa position au Japon.
Cependant, la France a indiqué les valeurs communes généralement partagées par la France et le Japon, et a montré qu'elle renforcerait sa coopération politique, économique et culturelle avec le Japon. Le ministre japonais des Affaires étrangères peut se consoler que sa visite ait porté ses fruits, puisque les deux pays ont pu renforcer leur relation bilatérale dans un contexte pourtant très tendu. La France n'aura cependant pas apporté de soutien ouvert au Japon pour un problème sur lequel ce dernier aura beaucoup insisté. Les deux pays ont déclaré envisager des visites de haut rang pour 2013.
Les médias de masse français, dont la télévision qui tente à orienter l'opinion publique, taisent la visite du ministre japonais. Les médias ayant une influence sur les couches supérieures de la société française sont, quant à eux, plus ou moins en faveur du Japon.
Le Figaro a publié l'article d'un professeur français à Hong Kong intitulé « Un conseil à la Chine : oubliez les Diaoyu ! », faisant appel à la Chine de se « mettre en garde contre les débordements qu'engendrerait tout conflit armé ». Alors que ce professeur utilise la dénomination en chinois des « îles Diaoyu », la Libération préfère le terme « îles Senkaku », montrant qu'elle prend parti pour le Japon. Dans un dialogue entre la rédaction de la Libération et un journaliste japonais sur le conflit diplomatique sino-japonais, la première question était : « pourquoi ces îles appartiennent-elles historiquement au Japon alors qu'elles sont si éloignées de l'archipel ? »
Il est évident que Koichiro Gemba n'a pas obtenu les résultats escomptés lors de sa visite en France. Si l'opinion française et celle de l'Europe penchent de plus en plus vers le Japon, cela affectera tôt ou tard la position du gouvernement français. |