En construisant des routes, des infrastructures, des hôpitaux, des cliniques et des systèmes de télécommunications ou en les remettant en état, les compagnies chinoises ont créé de la richesse et des opportunités d'emploi pour le peuple local, stimulé les économies nationales et amélioré les environnements nationaux pour développer et faire progresser davantage les pays africains. Elles ont également contribué à l'intégration des marchés, et l'Afrique a tiré profit de leur rôle sur le plan socioéconomique.

Par ses investissements, ainsi que par ses relations commerciales et financières avec l'Afrique, la Chine a également fourni aux pays africains plus d'influence pour négocier de meilleurs investissements et ententes financières et commerciales avec les compagnies occidentales. Grâce aux relations sino-africaines, les compagnies occidentales et les gouvernements font face à une concurrence accrue. Ceci fournit aux pays africains plus de marge de manœuvre dans leurs relations avec l'Occident. Elles ont maintenant une alternative solide à l'acceptation des diktats des institutions financières internationales. La Chine est l'allié de l'Afrique lorsqu'elle fait la promotion d'un système mondial dans lequel les intérêts de l'Afrique ne sont plus tenus pour acquis.

Les compagnies chinoises donnent accès aux Africains à des marchandises vendues à des prix relativement bon marché comparés à ceux des compagnies nationales et occidentales. Alors que les compagnies nationales et occidentales rendent les marchandises disponibles surtout aux classes moyennes et supérieures, les compagnies chinoises les rendent disponibles à la classe ouvrière et aux pauvres. Est-il vrai que cela va à l'encontre du développement de l'industrie textile des pays africains? Qu'y a-t-il d'immoral à ce que de pauvres Africains améliorent leurs conditions matérielles en achetant des marchandises relativement meilleur marché?

Caractérisé par des produits manufacturés par la Chine et exportés vers l'Afrique et des matières premières d'Afrique exportées vers la Chine, le commerce de la Chine avec l'Afrique n'est pas du néocolonialisme. Il reflète plutôt le niveau de développement de l'industrie manufacturière en Afrique. La plupart des pays africains n'ont pas d'industrie manufacturière bien établie. Il n'y a aucune preuve que, dans ses relations commerciales, d'investissement et financières avec l'Afrique, la Chine tente de limiter le développement et le progrès de la propre industrie manufacturière du continent.

Les prétentions de l'Occident selon lesquelles les relations de la Chine avec l'Afrique relèvent du néocolonialisme prennent leur source dans sa propre politique envers l'Afrique. Cette politique résulte de la crainte que ses intérêts stratégiques soient lésés par les changements structurels ayant lieu dans les pays africains et par la présence grandissante de la Chine sur le continent. Elles camouflent l'importance de ces intérêts stratégiques en les masquant derrière des soucis concernant la sécurité et le développement de l'Afrique et la situation difficile des pauvres. Selon cette perspective, les Africains ne sont pas en mesure de décider eux-mêmes qui sont leurs amis et qui sont leurs ennemis.

En affirmant que la Chine est une nouvelle puissance coloniale en Afrique, l'Occident s'est posé comme le gardien autoproclamé du continent, et il avertit l'Afrique de faire attention et la met en garde de ne pas devenir un prolongement de la Chine. Cela est hypocrite, pour ne pas dire plus, de la part de pays qui ont colonisé et exploité l'Afrique dans le passé. Comme l'indépendance de leurs anciennes colonies n'a pas mis un terme à leur domination économique, financière, commerciale et technologique dans l'ère postcoloniale, ils ont peur que les relations amicales de la Chine avec l'Afrique menacent leurs intérêts.

Des relations sino-africaines plus étroites constituent une occasion historique pour l'Afrique. C'est la responsabilité des Africains de s'assurer qu'elles contribuent au progrès politique qualitatif de leur continent en marche vers l'indépendance économique.

Sehlare Makgetlaneng, spécialiste en chef de la recherche et directeur du programme de gouvernance et de sécurité à l'Institut Afrique de l'Afrique du Sud, à Pretoria, Afrique du Sud.