Il est stupide d'établir un lien entre la restitution d'antiquités chinoises et les droits de l'Homme et le Tibet, a indiqué Bernard Brizay, historien et journaliste français, faisant allusion aux propos de l'homme d'affaires Pierre Bergé, qui a organisé la dispersion d'une collection d'art.
Cinq jours avant la vente aux enchères de la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé au Grand Palais à Paris, Pierre Bergé a déclaré qu'il restituerait à la Chine les deux têtes d'animaux en bronze provenant du Palais d'Eté impérial à Beijing (Yuanmingyuan), si le gouvernement chinois "donne les droits de l'Homme, la liberté au Tibet".
Les deux têtes d'animaux en bronze (rat et lapin) faisaient partie d'une fontaine érigée sous la dynastie des Qing (1644-1911) dans le Palais d'Eté, et ont été volées quand le palais furent pillé et brûlé par les troupes franco-britanniques dans la Seconde Guerre de l'Opium en 1860. Mercredi, ces deux pièces ont été vendues respectivement à 14 millions d'euros (hors frais), lors d'une vente aux enchères qui a suscité de vives critiques en Chine.
Cette proposition est "stupide", a estimé M. Brizay, l'auteur du livre "1860 : le sac du Palais d'Eté" dans une interview accordée à Xinhua en marge de la vente des enchères.
"Je n'aime pas les comportements de M. Bergé et je comprend bien la colère des Chinois", a affirmé M. Brisay, tout en souhaitant que les deux têtes soient restituées à la Chine.
L'Administration d'Etat du Patrimoine culturel de Chine a déclaré le mois dernier que la vente aux enchères par la mainson Christie's des deux têtes volées était inacceptable et que la Chine ne comptait pas les acheter.
La vente des deux antiquités viole les conventions internationales et blessera sérieusement le sentiment national du peuple chinois, a indiqué mardi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu.
La Chine et la France ont toutes deux signé la Convention d'Unidroit sur les biens culturels volés ou illicitement exportés de 1995, selon laquelle tous les biens culturels volés ou perdus à cause de la guerre doivent être restitués sans délais à leur pays d'origine.
L'Association pour la protection de l'art chinois en Europe (Apace), basée à Paris, avait déposé au tribunal des grandes instances de Paris un référé pour réclamer la suspension de la vente. Toutefois, le tribunal a rejeté lundi dernier ce référé.
Il est difficile de réclamer le retour des deux antiquités par le moyen judiciaire, comme ce qu'a fait l'Apace, a estimé l'historien français. Mais "il faut le faire" pour montrer la position de la Chine à ce sujet, a souligné M. Brizay.
"J'ai pleine d'admiration pour la Chine et son peuple, qui est dynamique, intelligent et travailleur... ce qu'ont fait les troupes anglaises et françaises en 1860 (sac du Palais d'Eté) est un crime", a indiqué M. Brizay, qui a effectué 15 visites en Chine ces dernières années. |