La formation juridique morale,
culturelle et technique des détenus
     
 

La loi chinoise stipule que la rééducation par le travail manuel doit être combinée avec une éducation dans les domaines de la légalité, de la morale, de la culture et de la formation professionnelle. Comme, dans l'ensemble, les détenus sont relativement jeunes, leur niveau de culture est plutôt bas et leur connaissance de la loi presque inexistante. Il est donc d'une grande importance, pour les aider à sortir de leur ignorance, de leur donner un vrai sens de la légalité, d'élever leur niveau culturel et de leur apprendre un métier. C'est pourquoi, dans la pratique de la rééducation par le travail, la Chine en est venue à créer des écoles spéciales qui sont une caractéristique du système pénitentiaire du pays.

A partir de 1981, le gouvernement chinois inscrit l'éducation des détenus dans les programmes d'éducation nationale. Il a demandé à toutes les prisons et à tous les centres de rééducation qui en avaient les moyens d'établir des organismes spécialisés dans l'éducation et de créer des structures complètes d'éducation afin que celle qui est donnée aux détenus dans les domaines de la légalité, de la morale, de la culture et de la formation professionnelle soit organisée systématiquement selon les normes requises. A la fin de 1991, 72,82% des prisons et camps de rééducation du pays avaient des écoles spéciales.

Pour ce qui est de la légalité et de la morale, l'éducation donnée aux détenus insiste sur les points suivants: reconnaître ses fautes, obéir à la loi, adopter une attitude morale et acquérir une nouvelle conception de la vie. Le but est que les détenus connaissent la législation, obéissent à la loi, la respectent et élèvent leur niveau de conscience morale.

A propos de la loi, les études portent sur la Constitution, le Code pénal, la Procédure pénale, les Principes du Code civil, la Procédure civile, etc. afin que les détenus comprennent les droits et les devoirs fondamentaux du citoyen, la responsabilité de celui qui enfreint la loi et l'essentiel du Code pénal et de la Procédure pénale, ainsi que les lois les plus importantes touchant au mariage, à la famille, à la personne et à la propriété. Sur cette base, les détenus sont conduits à distinguer ce qui est légal de ce qui est illégal, ce qui est passible de jugement de ce qui n'est pas condamnable; ils apprennent à connaître le danger des actes criminels et la responsabilité qui en découle; à partir de là, ils reconnaissent plus aisément leurs fautes, obéissent à la loi et acceptent d'eux-mêmes la rééducation.

L'éducation à la morale et à une conception juste de la vie est centrée sur les questions qui touchent aux propres intérêts des prisonniers, comme l'idéal, le bonheur, la conscience, les joies et les peines, la gloire et la honte, l'avenir, le mariage, la famille, etc. On les amène à comprendre ce qu veut dire la morale et les valeurs.Ils apprennent à faire une nette distinction entre la gloire et la honte, une attitude civilisée et un comportement déréglé, un idéal élevé et les basses aspirations, le beau et le méprisable. Cette éducation prend en compte les situations individuelles personnelles afin d'aider les détenus à tirer la leçon de leur conduite passée et à modifier leur façon de penser.

Selon les données de 1991, 98,92% des détenus ont bénéficié d'une éducation en matière de légalité et de morale. Lorsqu'il était dans un camp de rééducation du Guizhiou, M. Mei a accepté très sérieusement l'éducation donnée en matière de légalité et de morale; il a, de lui-même, renoncé à ses mauvaises habitudes; lorsqu'il fut remis en liberté, il a montré un grand respect de la loi et a acquis une certaine aisance matérielle par son travail au point qu'il s'est gagné la confiance de tous, qu'il a été élu chef d'un village modèle, député à l'assemblée populaire du canton et membre du comité de la Conférence consultative politique du district.

L'éducation dans le domaine culturel vise à supprimer l'analphabétisme parmi les détenus et à leur faire atteindre le niveau du premier cycle de l'enseignement secondaire. Ceux qui en ont la capacité sont encouragé à suivre des cours par correspondance ou à la télévision.

Afin d'adapter l'éducation culturelle aux situations, les services pénitentiaires font passer des testes de connaissances aux détenus à intervalles réguliers, répartissent les personnes dans les classes selon leur niveau et cherchent à suivre au plus près les programmes des écoles ordinaires. Tout détenu qui n'a pas le niveau de fin du premier cycle de l'enseignement secondaire doit normalement suivre des cours.

Le directeur de l'école spécial est le principal responsable de la prison ou du centre de rééducation. Il est aidé, dans cette tâche, par un responsable de la pédagogie et un bureau de l'enseignement. Les programmes sont définis pour chaque année et chaque semestre scolaires. Le temps d'étude est en gros de 2 heures par jour, soit environ 12 heures par semaine. Les détenus sont aidés dans leurs études par des enseignants à temps plein, dont certains sont des co-détenus au niveau culturel plus élevé. Les détenus qui passent avec succès les examens approuvés par le bureau de l'éducation du lieu obtiennent des diplômes équivalant à ceux des écoles ordinaires.

Selon les statistiques, à la fin de 1991, il y avait dans les centres de rééducation de tout le pays 12 000 classes que suivaient 518 000 détenus; le taux de participation à ces classes était de 92,35%; 5 300 détenus suivaient des cours par correspondance ou à la télévision; 4 000 détenus ont participé aux examens d'enseignement supérieur pour autodidactes. Depuis 6 ans, 902 000 certificats ou diplômes ont été remis à des détenus. A la prison No. 3 du Shandong, trois ans après la mise en place d'un programme d'enseignement selon les normes requises, le taux d'analphabétisme a baissé de 17,6% à 1,3% ; celui des détenus ayant un niveau inférieur à l'entrée dans le secondaire est tombé de 65% à 5,3%; un nombre relativement important de détenus ont atteint un niveau supérieur au primaire. Le taux de récidive n'a été que de 1,9%. Un jeune de Shenyang, condamné pour avoir participé à des vols collectifs, a bien accepté sa rééducation et s'est mis à étudier sérieusement; à la fin de sa peine, il a d'abord passé l'examen d'entrée dans les universités, puis le concours d'étudiant-chercheur de l'Université de technologie de Harbin et a obtenu le diplôme de maîtrise.

La formation technique est un élément très important de la rééducation en Chine. Selon les statistiques de 1991, 561 000 détenus participaient à des stages de formation technique, soit 83,18% de l'ensemble des détenus qui auraient dû suivre de tels stages. En tout, 546 000 certificats d'aptitude technique ont été décernés à des détenus par les bureaux du travail.

Pour forcer la formation professionnelle des détenus, les organismes pénitentiaires ont établi des bureaux d'enseignement technique, ouvert des salles de classe et des laboratoires, et dans les unités agricoles, aménagé des champs expérimentaux. Les manuels et autres matériaux nécessaires à l'enseignement sont distribués gratuitement aux détenus. Les enseignants sont, en règle générale, des techniciens ou des agriculteurs expérimentés du service pénitentiaire; selon les besoins, sont invités aussi des techniciens ou des enseignants de l'extérieur. Dans la formation professionnelle, l'accent est mis sur des métiers très concrets et aux résultats rapides, en considérant les orientations probables des détenus après leur libération et les demandes dans la société. Citons, à titre d'exemple, les formations de réparateur d'appareils électroménagers, de tailleur, de cuisinier, de coiffeur, d'éleveur de volaille, de menuisier, de maçon, d'électricien et de réparateur d'outils agricoles. Pendant sa peine, chaque détenu peut apprendre un ou plusieurs métiers, ce qui lui permettra de trouver facilement un travail quand il sera remis en liberté. Un centre de rééducation par le travail de Jinan, dans le Shandong, a mené une enquête auprès de 720 anciens détenus qui avaient appris un métier pendant leur détention au cours de ces dernières années; 96 ont rapidement trouvé un travail grâce à l'aide des autorités locales, certains sont retournés dans leurs anciennes unités, d'autres sont aujourd'hui des techniciens d'encadrement dans des entreprises, d'autres encore sont devenus des travailleurs individuels ou spécialisés qui, en respectant la loi, se sont lancés dans des activités du secteur des services ou dans une petite affaire familiale, ou bien encore ont organisé une équipe d'ouvriers du bâtiment. Une enquête menée auprès des 124 ex-détenus d'un centre de rééducation de Lingyuan, dans le Liaoning, qui avaient obtenu un certificat d'aptitude professionnelle au cours de leur détention, montre qu'ils ont tous trouvé du travail et qu'aucun n'a récidivé.

L'éducation systématique des détenus dans les domaines de la légalité, de la morale, de la culture et des techniques professionnelles, telle qu'on l'a décidée en créant des écoles spéciales dans les prisons et les centres de rééducation, représente une réforme de grande signification du système pénitentiaire; c'est une nouvelle avancée du système légal socialiste chinois. L'expérience prouve que c'est un moyen très efficace d'élever la qualité de la rééducation des détenus et de faire progresser l'ordre social. C'est devenu aujourd'hui un élément à part entière du système judiciaire aux caractéristiques chinoises.