Le soutien à l'administration indépendante
et autonome des affaires religieuses
     
 

En Chine, les affaires religieuses sont administrées par les différents groupements religieux, les clercs et les croyants chinois eux-mêmes. Les affaires religieuses et les groupements religieux ne sont pas assujettis au contrôle étranger. Le gouvernement chinois soutient, en fonction de la Constitution et de la loi, l'administration indépendante et autonome des différentes religions.

L'administration indépendante et autonome des religions chinoises est un choix historique, pris par les croyants chinois eux-mêmes dans la lutte contre l'agression et l'oppression colonialistes et impérialistes. Après la Guerre de l'Opium en 1840, la Chine dégénéra graduellement en une société semi-coloniale et semi-féodale. Dans une telle évolution, le protestantisme et le catholicisme de l'Occident furent utilisés par le colonialisme et l'impérialisme comme outils d'invasion de la Chine, et certains missionnaires occidentaux ont joué un rôle honteux.

- Ils ses sont mêlés au commerce de l'opium et aux manœuvres de la Guerre de l'Opium déclenchée par la Grande-Bretagne en 1840. Au XIXe siècle, le missionnaire protestant anglais Robert Morrison et le missionnaire allemand Karl Friedrich August Gutz furent mêlés au trafic de l'opium en Chine alors qu'ils étaient employés par la Compagnie des Indes orientales. Certains missionnaires incitèrent les puissances occidentales à utiliser l'armée pour forcer le gouvernement des Qing à ouvrir les ports côtiers, en prétendant que "la guerre seule peut ouvrir la Chine au Christ". Ils participèrent directement aux activités militaires britanniques dans l'invasion de la Chine.

- Ils ont participé à la guerre d'invasion de la Chine provoquée en 1900 par l'armée coalisée de huit puissances. Un certain nombre de missionnaires servirent de guides, d'interprètes, ou d'agent de renseignement de l'armée coalisée. Ils participèrent au massacre du peuple chinois et au pillage de sa richesse. Le célèbre écrivain américain Mark Twain a écrit:"les missionnaires ont tiré treize fois l'indemnité des paysans pauvres chinois, les laissant, ainsi que leur épouse et leurs enfants innocents, mourir lentement de faim, afin d'utiliser les gains ainsi obtenus à propager l'Evangile."

- Ils sont intervenus dans la négociation et la rédaction des traités inégaux imposés à la Chine. Par exemple, des missionnaires occidentaux intervinrent directement dans la conclusion et la rédaction du Traité sino-anglais de Nanjing signé en 1842, du Traité sino-américain de Wangxia signé en 1844, ainsi que du Traité sino-américain de Tianjin et du Traité sino-français de Tianjin signé en 1858, et du Traité sino-français de Beijing signé en 1860. Ces traités inégaux stipulèrent successivement que les missionnaires occidentaux du catholicisme et du protestantisme étaient autorisés à prendre à bail de la terre dans les ports de commerce pour construire librement leurs églises; Ils étaient soumis à la protection des fonctionnaires du gouvernement local; "Les missionnaires pouvaient acheter ou louer de la terte dans différentes provinces pour construire librement leurs églises"; Les fonctionnaires du gouvernement local devaient "bien traiter et protéger les missionnaires qui allaient propager la religion dans l'intérieur de la Chine", et ils ne devaient pas persécuter les croyants d'origine chinoise.

- Ils ont joui de l'extra-territorialité et n'étaient pas soumis au contrôle de la loi chinoise. Les puissances occidentales assurèrent en Chine, selon la juridiction consulaire, la protection aux missionnaires de leur pays. A l'abri de "l'extra-territorialité", certains missionnaires occidentaux, en s'appuyant sur les forces d'agression impérialiste, s'infiltrèrent dans l'intérieur de la Chine pour construire leurs églises, instaurer leurs diocèses, accaparer des terres, et opprimer les fonctionnaires et les populations chinois. Ces missionnaires étendirent arbitrairement "l'extra-territorialité" aux croyants chinois et s'immiscèrent dans les affaires judiciaires.

- Ils ont, sous le prétexte d'"incidents religieux", aidé à renforcer la domination des puissances occidentales en Chine. Les missionnaires occidentaux, forts des traités inégaux, commirent des méfaits qui suscitèrent l'indignation du peuple et provoquèrent conflits et mésententes avec les Chinois. C'est ce qu'on appelle dans l'histoire les "incidents religieux". De 1840 à 1900, plus de quatre cents "incidents religieux" eurent lieu en Chine. Prenant prétexte de ces incidents, les pays occidentaux exercèrent une pression militaire et politique sur le gouvernement chinois, exposèrent diverses revendications injustifiées, exigèrent le payement d'indemnités, firent arrêter et tuer des innocents, et même utilisèrent ce prétexte pour provoquer des guerres d'agression. A cause de l'incident religieux de Tianjin provoqué en 1870, par exemple, les puissances occidentales contraignirent le gouvernement des Qing à exécuter une vingtaine de Chinois et à en exiler 25.

- Ils ont fait obstacle et se sont opposés à la lutte anti-fasciste et à la révolution populaire de la Chine. Après l'occupation japonaise de la Chine du Nord-Est, le Saint-Siège de Rome fut le premier à reconnaître le "Mandchoukouo" imposé par le Japon, et envoya une représentation, apportant ainsi son soutien effectif à l'envahisseur japonais. Après la défaite japonaise, certains missionnaires occidentaux incitèrent leurs fidèles à s'élever contre la révolution populaire et voire même organisèrent des forces armées pour aider le Guomindang à mener la guerre civile.

- Ils ont été hostiles à la Chine nouvelle, et ont comploté des activités de sabotage. Après la fondation de la Chine nouvelle, le Saint-Siège de Rome a émis plusieurs recommandations, encourageant les croyants à s'opposer au pouvoir populaire naissant.

En plus de ce rôle honteux qu'ils ont joué dans l'histoire moderne chinoise, le catholicisme et le protestantisme de l'Occident tentèrent encore de manipuler, de contrôler, et de mettre sous dépendance l'Eglise chinoise. Les clercs et les croyants d'origine chinoise devenaient des sujets. Dans les années 40 du XXe siècle, sur vingt archevêques nommés, 17 étaient d'origine étrangère, seulement trois d'origine chinoise. Dans les 143 diocèses se trouvaient plus de 110 évêques étrangers et seulement une vingtaine d'évêques chinois.

Des protestants chinois ont eu l'idée, très tôt, de se débarrasser du contrôle des clercs étrangers et ont entamé l'organisation indépendante du protestantisme chinois. Mais, dans l'ancienne Chine semi-coloniale et semi-féodale, il était impossible pour l'Eglise chinoise de réaliser son indépendance dans l'administration des affaires.

La fondation de la République populaire de Chine en 1949 a mis fin à la société semi-coloniale et semi-féodale, ce qui a créé les conditions historiques pour réaliser l'indépendance et l'autonomie du catholicisme et du protestantisme chinois. En juillet 1950, une quarantaine de responsables des différentes sectes religieuses dont Monseigneur Wu Yaozong ont proclamé la Déclaration de la triple indépendance intitulée "L'orientation du protestantisme chinois dans l'édification de la Chine nouvelle", qui manifeste leur volonté de soutenir la Chine nouvelle, de se débarrasser du contrôle des forces impérialistes et de réaliser l'indépendance administrative, financière et évangélisatrice de l'Eglise chinoise. En septembre 1950, 1 527 responsables protestants apposèrent leur signature pour témoigner leur approbation à la Déclaration de la triple indépendance. Dans les trois ou quatre ans suivants, queque 400 000 croyants, soit alors les deux tiers du nombre global des protestants chinois, signèrent ce document. Le protestantisme chinois s'est engagé alors dans la voie de la "triple indépendance".

En novembre 1950, plus de cinq cents croyants catholiques du district de Guangyuan dans la province du Sichuan proclamèrent la Déclaration pour l'indépendance et la réforme du catholisme, en proposant de rompre toutes les relations avec les impérialistes et de créer une nouvelle Eglise catholique caractérisée par l'indépendance administrative, financière et évangélisatrice. Cette déclaration eut un grand écho parmi les catholiques dans l'ensemble du pays. Bien que le Vatican ait pris une succession d'actions politiques hostiles à la Chine nouvelle, l'Eglise catholique de Chine informa le Vatican en 1957 et en 1958 de l'élection d'un évêque intérimaire et de deux évêques. Le Vatican répliqua en brandissant l'excommunication majeure, ce qui a blessé sérieusement les catholiques chinois. L'Eglise catholique de Chine est depuis lors résolue à élire et à sacrer elle-même ses évêques et à administrer les affaires religieuses dans l'indépendance. Du point de vue de la croyance, le catholicisme de Chine est identique à celui des différents pays du monde, mais sur le plan de la gestion de l'Eglise, toutes les affaires intérieures sont décidées de façon indépendante par l'Eglise catholique de Chine.

Depuis plusieurs dizaines d'années, le protestantisme et le catholicisme de Chine, qui s'en tiennent au principe de l'administration indépendante et autonome des affaires religieuses, ont gagné l'approbation et le soutien des fidèles, ce qui permet également à l'Eglise et à l'activité religieuse de connaître un développement sain. Actuellement, le nombre des protestants chinois est 14 fois celui de 1949. Les 115 diocèses de l'Eglise catholique sont tous administrés par un évêque ou un chef d'origine chinoise.

L'administration indépendante et autonome des religions chinoises n'exclut pas les échanges et les contacts actifs sur un pied d'égalité et d'amitié avec les organisations religieuses des différents pays du monde. La Chine reste ouverte à toute organisation religieuse et à tout individu étrangers mus par la sympathie, qui respectent la souveraineté de la Chine et l'administration indépendante et autonome des religions chinoises. Les Eglises protestante et catholique de Chine ont établi des relations amicales avec les Eglises de différents pays du monde. En février 1991, l'Association protestante de Chine a adhéré officiellement à la Confédération mondiale des Eglises protestantes. L'Eglise catholique de Chine a envoyé successivement une délégation à la Ve Conférence internationale sur "religion et paix" et aux Journées mondiales de la jeunesse catholique à Manille. Ces dernières années, l'Eglise chinoise a envoyé à l'étranger un grand nombre d'étudiants, et invité des professeurs et des savants étrangers à donner des cours dans les écoles théologiques de Chine. Le bouddhisme, le taoïsme et l'islam de Chine ont également multiplié les échanges amicaux internationaux.

Le gouvernement chinois s'en tient à une politique étrangère indépendante et pacifique. Il est désireux d'améliorer ses relations avec le Vatican, mais à deux conditions fondamentales suivantes: primo, le Vatican doit rompre ses "relations diplomatiques" avec Taiwan, et reconnaître que le gouvernement de la République populaire de Chine est le seul gouvernement légal de la Chine, et que Taiwan n'est qu'une partie intégrante de la Chine. Secundo, le Vatican ne peut s'ingérer dans les affaires intérieures de la Chine sous prétexte de religion. La relation entre la Chine et le Vatican est, en premier lieu, une relation entre Etats. Le problème de la religion ne peut être discuté qu'après l'amélioration de cette relation entre Etats. Mais que la relation entre la Chine et le Vatican s'améliore ou non, le gouvernement chinois soutiendra résolument l'Eglise catholique de Chine dans son patriotisme, dans son administration indépendante et autonome des affaires religieuses, et pour élire et sacrer les évêques elle-même.