Origine de la soi-disant "indépendance du Tibet"
     
 

Voilà plus de 700 ans que les autorités centrales chinoises exercent leur souveraineté sur le Tibet. A aucun moment, le Tibet n'a été un Etat indépendant. Les plusieurs millions de documents, en langues chinoise et tibétaine, qui relatent les événements historiques de ces 700 ans, sont aujourd'hui encore conservés dans les Bureaux des archives de Beijing, de Nanjing et de Lhasa. Aucun pays au monde n'a reconnu le Tibet comme un Etat indépendant. En 1904, le ministre britannique des Affaires étrangères a mentionné, dans une instruction officielle, le Tibet comme "une province de l'empire chinoise". De son côté, Nehru, premier ministre indien, a affirmé dans son discours prononcé en 1954 devant le Lok Sabha: "Pendant les derniers siècles, je ne connais aucun pays qui eût contesté la souveraineté chinoise sur le Tibet." Pourtant, la clique du Dalai Lama et les forces anti-chinoises internationales ont créé un mensonge, selon lequel le Tibet est devenu "un Etat exerçant son plein pouvoir" depuis la Révolution de 1911 jusqu'à la fondation en 1949 de la République populaire de Chine, mensonge qui a été démenti par de très nombreux faits historiques. Seule l'approbation, par le gouvernement du Kuomintang, de l'avènement du XIVe Dalai Lama suffit à prouver qu'il n'existait pas, à l'époque, de pouvoir indépendant au Tibet. La soi-disant "indépendance du Tibet" prônée avec force par la clique du Dalai Lama et les forces anti-chinoises internationales n'est, en fait, rien d'autre qu'un produit de l'agression des impérialistes contre la Chine durant la période moderne.

Comment les impérialistes ont comploté pour créer l'"indépendance du Tibet"

Au début de notre siècle, le mot "indépendance " n'existait pas encore dans le vocabulaire de la langue tibétaine. Après la Guerre de l'Opium, déclenchée en 1840 par les impérialistes britanniques, la Chine, un paya souverain indépendant, commença à dégénérer en une semi-colonie. Les forces impérialistes profitèrent du déclin du gouvernement central des Qing pour tenter de se partager le territoire de la Chine, y compris le Tibet.

En vue d'inclure le Tibet dans sa sphère d'influence, la Grande-Bretagne entreprit, en 1888 et en 1903, deux guerres d'agression contre le Tibet. La résistance des forces armées et des populations tibétaines se termina par un échec. Au cours de la seconde guerre d'agression, l'armée britannique occupa pendant certain temps la ville de Lhasa et le XIIIe Dalai Lama dut s'en retirer. Les agresseurs forcèrent des fonctionnaires du gouvernement local du Tibet à signer le "Traité de Lhasa". Du fait que le ministère des Affaires extérieures du gouvernement des Qing estimait que le traité portait atteinte à la souveraineté du pays et qu'il refusait de le signer, le traité ne put entrer en vigueur.

Sans pouvoir atteindre leur objectif de contrôler le Tibet au moyen d'agressions militaires, les impérialistes changèrent de tactique, en cherchant à séparer le Tibet de la Chine. Le 31 août 1907, la Grande-Bretagne et la Russie signèrent un traité d'alliance, dont certaines clauses utilisaient le terme "suzeraineté" à la place de souveraineté de la Chine sur le Tibet. C'était le premier document international qui substituait le mot "suzeraineté" à celui de souveraineté chinoise sur le Tibet.

En 1911, éclata la Révolution qui renversa la dynastie des Qing. L'année suivante, profitant du chaos politique créé en Chine par la chute de la dynastie des Qing et la fondation de la république, la Grande-Bretagne remit au ministère chinois des Affaires étrangères une note en "cinq points" qui niait la souveraineté de la Chine sur le Tibet. Ce texte rejeté par le gouvernement chinois incita les Britanniques à bloquer tous les passages reliant l'Inde au Tibet. En 1913, le gouvernement britannique incita les autorités locales du Tibet à proclamer l'"indépendance", déclarant qu'"il leur fournira toutes les munitions militaires après l'indépendance du Tibet", que "le Tibet devra accepter que les envoyés britanniques supervisent les affaires financières et militaires, en tant que récompense de l'aide britannique à l'indépendance du Tibet", que "la Grande-Bretagne se chargera de la défense lorsque les forces de la République de Chine pénétreront au Tibet", et que "le Tibet devra ouvrir ses portes et accorder la liberté d'action à tous les Britanniques" (Extrait des "Grands événements du Tibet pendant 60 ans", écrits par Zhu Xiu). Pourtant, la Grande-Bretagne n'a pu faire aboutir son complot.

En 1913, Yuan Shikai usurpa le poste de président de la République. Il brûlait d'envie d'être reconnu sur le plan diplomatique par les différents pays étrangers et d'obtenir des prêts internationaux. Profitant de ce désir du gouvernement de Beijing, la Grande-Bretagne l'obligea à participer à la conférence tripartite entre la Chine, la Grande-Bretagne et le Tibet, autrement dit la "conférence de Simla". Avant la réunion, Charles Bell, chargé des affaires politiques que les gouvernements britanniques et indien avaient envoyé au Sikkim, rencontra personnellement le représentant du Tibet, Lon-chen Shatra à la conférence, et lui assura que le terme de "suzeraineté" recélait un sens d'"indépendance". Dans son livre intitulé Le passé et le présent du Tibet, Bell écrivait: "Durant mon entrevue avec Lon-chen Shartra à Gyangze, je lui ai proposé de rassembler tous les textes et documents concernant les relations sino-tibétaines, ainsi que l'actuelle demande du Tibet de lui restituer tous les districts et préfectures, occupés progressivement par la Chine, afin de les apporter à la conférence." A l'instigation de la Grande-Bretagne, les représentants du Tibet lancèrent pour la première fois le slogan de l'"indépendance du Tibet" au cours de la conférence, prétendant que "le territoire du Tibet doit comprendre le Qinghai, Litang, Batang et Dajianlu". Cette demande fut rejetée par le représentant du gouvernement chinois. A ce moment-là, d'après un plan préalablement établi, les représentants britannques présentèrent un projet de "compromis", selon lequel les régions peuplées de Tibétains seraient divisées en deux parties: le "Tibet intérieur" et le "Tibet extérieur"; le premier comprendrait les régions habitées de Tibétains du Qinghai, du Gansu, du Sichuan, du Yunnan et d'autres provinces, et il serait placé sous la juridiction du gouvernement chinois; le second recouvrait le Tibet et la partie ouest du Xikang, le gouvernement chinois devrait "reconnaître son autonomie", "sans intervenir dans ses affaires intérieures", mais "il pourra encore envoyer son ministre accrédité à Lhasa, avec une unité de protection composée tout au plus de 300 hommes". Ce projet de "compromis", de par sa nature, visait à substituer la "suzeraineté" à la souveraineté de la Chine sur le Tibet, car sous couvert d'"autonomie", le Tibet serait ainsi séparé de la Chine. Cette demande arbitraire suscita une véhémente opposition de la part du peuple chinois tout entier. Le 3 juillet 1914, Chen Yifan, représentant du gouvernement chinois, reçut l'ordre de refuser de signer le "traité de Simla", et déclara formellement:"Le gouvernement chinois ne peut pas admettre le traité signé aujourd'hui par la Grande-Bretagne et le Tibet, ni tous les autres documents semblables signés l'autre jour." Dans le même temps, le gouvernement chinois remit au gouvernement britannique une note concernant sa position à cet égard. Ainsi, la conférence se termina sans résultat.

L'été 1942, le gouvernement local du Tibet, avec le soutien des représentants de la Grande-Bretagne, annonça brusquement la création d'un "Bureau des affaires étrangères", menant ainsi ouvertement des activités en vue de l'"indépendance du Tibet". Avant appris la nouvelle, le peuple chinois tout entier stigmatisa la conduite des autorités locales du Tibet, et le gouvernement central lui lança aussi un avertissement sévère. Sous la pression, le gouvernement local du Tibet fut obligé de rendre compte au gouvernemnt central de la modification de leur décision. En mars 1947, eut lieu à New Delhi la "conférence pan-asiatique". D'après le complot tramé en coulisses par les impérialistes britanniques, on invita le Tibet à envoyer des représentants à la conférence. Sur la carte géographique de l'Asie et parmi les drapeaux nationaux des pays participants accrochés dans la salle de conférence, le Tibet était traité comme un Etat indépendant. Ces erreurs ne furent corrigées par les organisateurs de la conférence qu'après que la délégation chinoise eut élevé une protestation solennelle.

Aux environs de 1949, l'Américain Lowell Thomas se rendit au Tibet en qualité de "commentateur à la Radio", en vue d'explorer, selon lui, "la possibilité pour Washington d'accorder une aide au Tibet". Il a écrit dans la presse américaine:"Les Etats-Unis sont prêts à reconnaître le Tibet en tant qu'Etat indépendant et libre". Au cours du premier semestre de 1950, ont été acheminées au Tibet, via Calcutta, une certaine quantité d'armes et de munitions américaines, destinées à repousser l'Armée populaire de libération de Chine lors de son entrée au Tibet. Le 1er novembre de la même année, le secrétaire d'Etat américain Dean Acheson a ouvertement et calomnieusement qualifié la liberté du Tibet - une partie du territoire chinois - d'"acte d'agression". Durant ce même mois, les Etats-Unis ont incité d'autres pays à présenter à l'ONU un projet de résolution proposant l'intervention de l'ONU dans les affaires du Tibet. Du fait de la position solennelle du gouvernement chinois et de l'opposition de certains autres pays, ces actions n'ont pu aboutir.

L'histoire des cents dernières années montre clairement que la soi-disant "indépendance du Tibet" a été mise au point par les impérialistes, anciens et nouveaux, afin de réaliser leur objectif inavoué de s'emparer du Tibet. Le XIVe Dalai Lama lui-même avait déclaré:"Les impérialistes profitaient des sentiments d'opposition de la population tibétaine aux gouvernements réactionnaires des Qing et du Kuomintang, pour la tromper et semer la discorde, afin de séparer les Tibétains de leur patrie et de les placer sous leur oppression et leur asservissement.

Comment la rébellion armée de 1959 a-t-elle éclaté?

Avant la libération pacifique du Tibet, sévissait dans la région le servage féodal, les bonzes de la couche supérieure et les aristocrates exerçaient une dictature. La masse des serfs brûlaient d'envie de s'émanciper des carcans du servage. Après la libération pacifique, les personnalités sensées des couches moyenne et supérieure du Tibet ont réalisé que sans une réforme de l'ancien système, le Tibet n'aurait pas la possibilité de connaître la prospérité. Compte tenu de l'histoire et de la réalité du Tibet, les autorités centrales ont adopté une attitude très prudente à l'égard de la réforme du système social au Tibet. Il est donc stipulé dans l'"Accord en 17 points" que les autorités centrales n'imposeraient pas cette réforme, et qu'elles confiaient au gouvernemnt local du Tibet le soin de la mener de son propre chef. En janvier 1957, lors de sa visite en Inde, le premier ministre du Conseil des affaires d'Etat, Zhou Enlai, a transmis une lettre du président Mao Zedong aux Dalai et Bainqen Lamas, ainsi qu'aux principaux fonctionnaires du gouvernement local du Tibet qui l'accompagnaient dans cette visite. Ce message révélait une décision de l'autorité centrale, selon laquelle la réforme n'aurait pas lieu durant la période du 2e plan quinquennal (1958-1962), et six ans plus tard, ce serait toujours en fonction de la réalité et des conditions réelles que l'on déciderait de l'effectuer ou non.

Pourtant, certaines personnes au sein du groupe de direction de la couche supérieure du Tibet étaient fondamentalement opposées à la réforme, dans l'espoir de préserver à jamais le système de servage, et de protéger leurs intérêts acquis. Elles cherchaient à violer et à saper l'"Accord en 17 points", et redoublaient d'efforts dans leurs activités séparatistes. En mars et avril 1952, avec le soutien secret des fonctionnaires du gouvenement local du Tibet, Sicab Lukangwa et Losang Shaxi, la "conférence populaire", une organisation illégale, a suscité des agitations à Lhasa, déclarant son opposition à l'"Accord en 17 points" et demandant le retrait du Tibet des unités de l'Armée populaire de libération. En 1955, Surkang Wangqing Geleg, galoin du gouvernement local du Tibet, et autres personnes ont mijoté et suscité en cachette un mutinerie armée dans les régions habitées de Tibétains de la province du Xikang. En 1956, eut lieu une rébellion, les rebelles encerclèrent et attaquèrent le siège des autorités locales, tuèrent des travailleurs et plusieurs centaines de personnes. En mai 1957, grâce au soutien des galoin du gouvernement local du Tibet, Neuxar Tubadain Tarbas et Xainga Gyurme Doje, une organisation rebelle Shi Shui Liu Gang (Quatre rivières et six buttes) fut créée, puis se formèrent des troupes rebelles qui se donnèrent le nom de "défenseurs de la religion". Les mutins avancèrent des mots d'ordre pour "l'indépendance du Tibet" et l'opposition à la réforme. Ils harcelèrent les régions de Qamdo, Dengqen, Heihe et de Shannan, tuèrent des cadres, détruisirent des routes, attaquèrent les organismes et les unités de l'armée que les autorités centrales avaient envoyés dans ces régions; ils pillèrent des biens, persécutèrent et tuèrent des habitants et violèrent des femmes. Dans le district de Nedong, les rebelles arrêtèrent le commerçant Dongda Baza ainsi que sa femme, parce qu'il avait refusé de se joindre aux rangs des rebelles, ils les couvrirent de coups de fouet, tuèrent cet homme d'affaires et violèrent sa femme. A l'époque, le gouvernement local du Tibet a avoué qu'il recevait de nombreuses plaintes dénonçant les rebelles de leur violence. Rien qu'en août 1958, plus de 70 en furent déposées.

Animé de l'esprit de l'union des différentes communautés ethniques du pays, le gouvernement populaire central a demandé à maintes reprises au gouvernement local du Tibet de punir les rebelles et d'assurer l'ordre public. Il a affirmé aux galoin du gouvernement local du Tibet:"L'autorité centrale n'a aucune intention de modifier sa décision de remettre à plus tard la réforme dans la région du Tibet, et d'adopter un principe de réforme pacifique lorsqu'elle s'effectuera." Pourtant, la clique réactionnaire au sein de la couche supérieure du Tibet considéraient la bonne volonté du gouvernement central comme une faiblesse dont elle pouvait tirer parti, déclarant:"Depuis neuf ans, les Han n'ont pas osé toucher notre système qui est le plus beau et le plus sacré; lorsque nous les attaquons, ils ne font que se défendre, sans avoir la force nécessaire pour lancer des contre-attaques. Si nous réussissons à expédier une importante force armée à Lhasa, les Han s'enfuiront dès notre première attaque; s'ils résistent, nous amènerons le Dalai Lama à Shannan, où nous concentrerons de nouveau nos forces pour déclencher un nouvel assaut, et nous prendrons la ville de Lhasa. Si, finalement, tout échoue, nous pourrons nous réfugier en Inde."

Dès son début, la rébellion armée au Tibet bénéficiait du soutien des forces anti-chinoises étrangères. Selon les révélations faites dans Les Etats-Unis, le Tibet et la Chine par l'Américain Norman C. Holl, la CIA avait sélectionné, en 1957, six jeunes gens parmi les Tibétains résidant à l'étranger, et les avait envoyés sur l'île de Guam pour leur donner un entraînement au tir et aux exercices de parachutisme, et dans les domaines de la reconnaissance des cartes géographiques et de l'utilisation des émetteurs-récepteurs. Ensuite, les Etats-Unis ont formé, au camp de Hale dans l'Etat de Colorado, 170 "guérilleros kamba", qu'ils ont renvoyés par groupes au Tibet, en les y parachutant ou les y faisant pénétrer secrètement par d'autres voies, afin de créer au Tibet un "mouvement de résistance efficace" contre l'"occupation chinoise". Selon l'article "Le complot de la CIA des Etats-Unis contre le Tibet" paru le 5 septembre 1975 dans le Commentaire économique d'Extrême-Orient", journal publié à Hongkong, deux des agents secets du premier groupe formés par les Etats-Unis sont venus en mai 1958, apportant avec eux des émetteurs-récepteurs, au quartier général de Anzhucang Goinbo Zaxi à Shannan, en vue de prendre contact avec la CIA. Quelque temps plus tard, les Etats-Unis ont parachuté une certaine quantité de matériel militaire aux rebelles à Chigu, entre autres: 20 mitrailleuses légères, 2 mortiers, 100 fusils, 600 grenades, 600 obus, 40 000 cartouches. Par ailleurs, par voie terrestre, les Etats-Unis ont secrètement livré une grande quantité d'armes et munitions aux rebelles de Shannan.

Le connivence des propriétaires de serfs, qui s'obstinaient à maintenir le système de servage, avec les réactionnaires étrangers a permis une extension rapide de la rébellion. Le 10 mars 1959, une rébellion armée générale fut ainsi déclenchée à Lhasa, d'après un plan minutieusement établi.

Le 7 février, le Dalai Lama a demandé à Deng Shaodong, commandant en chef adjoint de la zone militaire du Tibet, ainsi qu'à d'autres:"On dit que l'Ensemble artistique de la zone militaire du Tibet, après ses études dans le reste du pays, présente de nouveaux numéros très bons. Je voudrais assister à la représentation. Je vous prie d'en organiser une à mon intention." Deng Shaodong et les autres ont immédiatement donné leur accord, et prié le Dalai Lama de fixer la date et le lieu de la représentation désirée. Ils ont par ailleurs informé les galoin dong Surkang et l'intendant du Dalai Lama, Paglha Tubdain Weidain, de cet arrangement. Le 8 mars, le Dalai Lama a décidé que le spectacle aurait lieu le 10, à 3 heures de l'après-midi, dans la grande salle de la zone militaire. Cette dernière a donc établi un plan minutieux de réception. Le soir du jour suivant, Miboin, maire de la ville de Lhasa, a déclaré d'un ton démagogique aux habitants de Lhasa:Le Dalai Lama se rendra demain dans la zone militaire pour un banquet et une représentation artistique; les Han ont préparé un avion en vue de le kidnapper et de l'emmener à Beijing; chaque famille doit donc envoyer des personnes au siège du Dalai Lama à Norbu Lingka, pour lui adresser une pétition lui demandant de ne pas y aller. Le 10 au matin, les rebelles incitèrent avec force quelque 2 000 personnes à aller à Norbu Lingka, en répandant des bruits selon lesquels la zone militaire "complote d'empoisonner le Dalai Lama", et en scandant des mots d'ordre comme l'"indépendance du Tibet", "Chassons les Han", etc. Ils blessèrent sur-le-champ Sampo Cewang Rinzin, ancien galoin et commandant en chef adjoint de la zone militaire du Tibet, et ils lapidèrent à mort Kaingoin Pagbalha Soinam Gyamco, une personnalité patriote et membre du Comité préparatoire de la région autonome du Tibet. Ils attachèrent ensuite le cadavre à la queue d'un cheval pour l'exposer au centre-ville de Lhasa. Puis, les chefs de file de la rébellion convoquèrent successivement l'"assemblée populaire", la "conférence populaire de l'Etat indépendant du Tibet", accélérant ainsi le rythme du travail d'organisation et d'extension de la rébellion armée. Ils déchirèrent ouvertement l'"Accord en 17 points", proclamèrent l'"indépendance du Tibet", déclenchèrent ainsi une rébellion armée générale et dégénérant en traîtres à la patrie.

Bien que Norbu Lingka fût alors contrôlé par les rebelles et qu'il fût très difficile de contacter le Dalai Lama, le représentant de l'autorité centrale, Tan Guansan, lui adressa les 10, 11 et 15 mars trois lettres à l'aide de personnalités patriotes, lettres dans lesquelles il exprimait sa compréhension à l'égard de la situation du Dalai Lama, sa préoccupation pour la sécurité de celui-ci, et soulignait que le gouvernement local du Tibet devait mettre tout de suite fin aux provocations armées des rebelles. Les 11, 12 et 16, le Dalai Lama répondit trois fois à Tan Guansan, disant:"Les malfaiteurs réactionnaires, en prétextant de protéger ma sécurité, cherchent à me compromettre, et je tente de les neutraliser", "les infractions à la loi des groupes de réactionnaires me plongent dans une immense inquiétude... Sous le prétexte de protéger ma sécurité, ils ont suscité des incidents graves pour saper les relations entre les autorités centrales et locales; je fais l'impossible pour les régler." Dans sa réponse du 16, il disait encore qu'il avait "éduqué" et "critiqué sévèrement" des fonctionnaires du gouvernement local, ajoutant qu'il se rendrait dans la zone militaire quelques jours plus tard. Ces trois lettres, dont la photocopie, réalisée par le journaliste de l'Agence Chine nouvelle, a été publiée, sont aujourd'hui encore conservées en leur état original.

Cependant, le 17 mars au soir, les chefs de file de la rébellion, comme les galoin Surkang, Neuxar et Xaisur, quittèrent Lhasa en emmenant le Dalai Lama à Shannan,"base d'appui" de la rébellion armée. Après la défaite de celle-ci, ils se réfugièrent tous en Inde.

Quand le Dalai Lama quitta Lhasa, les rebelles mobilisèrent 7 000 hommes pour lancer, le 20 mars, au petit matin, une attaque générale. Poussés à bout, les soldats de l'Armée de libération reçurent, à 10 heures du matin, l'ordre de riposter. Bénéficiant du soutien des habitants et bonzes patriotes tibétains, ils apaisèrent la rébellion en deux jours dans la ville proprement dite de Lhasa, puis à Shannan où se cramponnèrent longtemps les rebelles. Les forces rebelles qui s'étaient éparpillées dans d'autres régions furent également désintégrées les unes après les autres.

Le haut sens de la discipline des soldats de l'Armée populaire de libération leur valut le soutien sincère des habitants et bonzes tibétains. Ceux-ci aidaient de leur propre chef les soldats dans leurs opérations d'apaisement de la rébellion. Dans diverses zones, ils s'étaient organisés en équipes d'auto-défense, de maintien de l'ordre, de protection des bêtes de somme; ils aidaient les soldats en réparant les routes, en transportant des messages et du matériel, en servant de guides, en préparant du thé, en faisant la sentinelle et en soignant les soldats blessés. Les rebelles étaient donc dans un isolement total.