L'application de l'autonomie régionale des ethnies
     
 

L'autonomie régionale est une politique fondamentale appliquée par le gouvernement chinois tout en tenant compte de la situation réelle du pays, et un système politique chinois important. Par autonomie régionale des ethnies, on entend que sous la direction unifiée de l'Etat, dans les régions où les ethnies minoritaires vivent en groupe compact, des organes autonomes sont établis pour exercer le droit d'autonomie. Les ethnies minoritaires sont ainsi devenues maîtres de leur destin et administrent elles-mêmes leurs propres affaires.

Les régions autonomes ethniques chinoises se divisent en trois échelons: régions autonomes, départements autonomes et districts (ou bannières) autonomes. Il y a plusieurs sortes de régions autonomes ethniques: 1) celles qui sont créées sur la base d'une région habitée principalement par une seule ethnie minoritaire, comme la Région autonome uygur du Xinjiang; 2) celles qui sont créées sur la base d'une région habitée par deux ethnies minoritaires, par exemple, le département autonome mongol et tibétain de Haixi de la province du Qinghai; 3) celles qui résultent de la formation de plusieurs groupes comme, par exemple, le district autonome multiethnique de Longsheng; 4) celles qui sont créées dans une grande région autonome établie sous le nom d'une ethnie dominante, pour un autre groupe dont la population est minoritaire, comme par exemple, le district autonome yao de Gongcheng de la Région autonome zhuang du Guangxi; 5) celles qui sont créées dans plusieurs lieux différents habités par une même ethnie (ex: la Région autonome hui du Ningxia, le département autonome hui de Linxia dans la province du Gansu, le district autonome hui de Dachang dans le Hebei, etc.). Quant aux régions où vivent en groupe compact des ethnies minoritaires à faible population ou sur un terrain trop exigu pour la création de régions autonomes ou l'établissement d'organes d'administration autonome, le gouvernement chinois a établi des cantons ethniques pour que ces minorités puissent exercer aussi leurs droits. Les cantons ethniques constituent un complément à l'autonomie régionale des ethnies.

A la fin 1998, il existait en Chine 155 régions d'autonomie ethnique, dont 5 Régions autonomes à l'échelon provincial, 30 départements autonomes, 120 districts (ou bannières) autonomes, sans compter les 1 256 cantons ethniques. Parmi les 55 ethnies minoritaires du pays, 44 ont créé leurs propres organes d'administration autonome. Les minorités qui exercent l'autonomie régionale représentent 75% de la population totale des ethnies minoritaires. La superficie des régions d'administration autonome ethnique occupe 64% de la superficie globale du pays. Le nombre et la répartition de ces régions correspondent pour l'essentiel à la répartition et la composition des ethnies en Chine7.

La mise en œuvre de l'autonomie régionale des ethnies est principalement fondée sur trois principes. Premièrement, la Chine est un pays centralisé et unifié depuis longtemps; l'autonomie régionale des ethnies s'adapte donc à la situation réelle, à l'histoire et à la tradition chinoises. Deuxièmement, les ethnies cohabitent depuis longtemps au niveau national, alors qu'à l'échelon local chacune forme une communauté compacte. C'est là le trait dominant de la répartition des ethnies. Selon la composition de ces dernières, les Han représentent toujours la majorité absolue de la population globale du pays. Au début de la fondation de la République populaire de Chine, les ethnies minoritaires occupaient seulement 6% de toute la population du pays. A part quelques régions comme le Tibet et le Xinjiang, dans la plupart des régions habitées par des ethnies minoritaires, la population de ces dernières était inférieure à celle des Han. Malgré leur population peu importante, les ethnies minoritaires se répartissent dans de vastes régions qui occupent plus de la moitié de la superficie de la Chine. Les contacts économiques et culturels existant depuis longtemps entre les ethnies sont la meilleure motivation pour celles-ci à coopérer mutuellement plutôt qu'à rester divisées. Troisièmement, depuis la Guerre de l'Opium en 1840, la lutte anti-impérialiste et anti-féodale, ainsi que la lutte pour la libération nationale étaient la tâche et le destin communs de toutes les ethnies chinoises. Dans la longue lutte révolutionnaire ayant pour but la défense contre les ennemis venus de l'extérieur et l'acquisition de l'indépendance nationale, les diverses ethnies de Chine ont établi entre elles des liens étroits, et partagent la même foi: les Han ne peuvent pas vivre séparés des ethnies minoritaires; celles-ci ne peuvent pas vivre sans les Han; les ethnies minoritaires ne peuvent pas non plus être indépendantes les unes des autres. Cela a jeté de solides bases politiques et sociales pour la fondation d'une Chine nouvelle unifiée et pour la mise en application de l'autonomie régionale ethnique dans les régions où les ethnies minoritaires vivent regroupées.

L'autonomie régionale des ethnies correspond à l'intérêt national de l'Etat et à l'intérêt fondamental de toutes les ethnies. L'application de l'autonomie régionale des ethnies garantit l'égalité des droits de ces dernières sur le plan politique et répond parfaitement à l'exigence des diverses ethnies minoritaires qui veulent participer activement à la vie politique de l'Etat. D'après le principe de l'autonomie régionale des ethnies, une minorité peut créer une administration autonome dans la région où les autochtones vivent regroupés, ou créer, selon la répartition de cette ethnie, plusieurs administrations aux différents échelons, dans de différentes régions du pays. L'autonomie régionale ethnique est non seulement une garantie du droit d'application de cette autonomie pour les ethnies minoritaires, mais aussi un maintien de l'unification de l'Etat sur le plan politique. L'application de l'autonomie régionale ethnique permet de combiner les principes politiques de l'Etat avec la situation concrète des régions d'ethnies minoritaires, et la prospérité du pays avec celle de ces ethnies, et de valoriser ainsi leur supériorité mutuelle.

L'autonomie régionale ethnique se caractérise par deux particularités: premièrement, c'est une autonomie qui se soumet à la direction unifiée de l'Etat; toutes les régions d'autonomie ethnique font parties intégrantes de la Chine; les organes d'administration autonome des régions ethniques sont des gouvernements locaux aux divers échelons sous la direction du gouvernement central, qui doivent se soumettre à la direction unifiée de ce dernier. En élaborant différentes mesures politiques et en entreprenant l'édification économique et culturelle du pays, les organes supérieurs d'Etat doivent tenir pleinement compte des situations concrètes et des demandes de diverses régions ethniques, et pousser les différentes parties à les aider et les soutenir. Deuxièmement, l'autonomie régionale ethnique en Chine n'est pas une simple autonomie ethnique et locale, mais une combinaison des éléments ethniques avec des éléments régionaux, des éléments politiques avec des éléments économiques. L'application de l'autonomie régionale ethnique en Chine doit favoriser non seulement l'unification de l'Etat, la stabilité de la société et la solidarité entre ethnies, mais aussi le développement de ces dernières et l'édification du pays.

L'autonomie régionale ethnique s'est définie en Chine au bout d'une longue pratique. En 1947, sous la direction du Parti communiste chinois, fut créée la Région autonome de Mongolie intérieure, la première région autonome d'ethnie minoritaire à l'échelon provincial. Le Programme commun de la Conférence consultative politique du Peuple chinois, adopté par la Première Conférence consultative politique du Peuple chinois le 29 septembre 1949, lequel servit de Constitution provisoire du pays, définit l'autonomie régionale des ethnies comme une politique fondamentale et un système politique important du pays. Le Programme de la République populaire de Chine pour l'application de l'autonomie régionale des ethnies, promulgué le 8 août 1952, a donné des directives précises sur cette application. La Constitution de la République populaire de Chine, établie en 1954, ainsi que celles postérieurement révisées, ont toutes défini l'autonomie régionale ethnique comme un système politique important. La Loi de la République populaire de Chine sur l'autonomie régionale des ethnies, promulguée en 1984, stipule d'une manière systématique les droits et devoirs des régions d'autonomie ethnique dans les domaines politique, économique et culturel. Après l'avènement de la République populaire de Chine, quatre régions autonomes à l'échelon provincial ont été successivement créées: la Région autonome uygur du Xinjiang en octobre 1955, la Région autonome zhuang du Guangxi en mars 1958, la Région autonome hui du Ningxia en octobre 1958, et la Région autonome du Tibet en septembre 1965.

La Constitution de la République populaire de Chine stipule que les organes d'administration des régions d'autonomie ethnique sont les assemblées populaires et les gouvernements populaires des régions autonomes, des départements autonomes et des districts autonomes; leur établissement et leur composition doivent se conformer aux principes fondamentaux du système d'assemblée populaire, tout en gardant leur spécificité par rapport aux organes d'Etat des autres régions. La Loi de la République populaire de Chine sur l'autonomie régionale des ethnies, quant à elle, proclame que les ethnies exerçant une autonomie doivent avoir toutes un nombre adéquat de représentants dans les assemblées populaires aux divers échelons; le président ou certains vice-présidents du comité permanent de l'assemblée populaire d'une région autonome doivent être membres de l'ethnie ou de l'une des ethnies exerçant l'autonomie régionale sur ce territoire; le chef d'une région autonome, d'un département autonome ou d'un district autonome doit être membre de l'ethnie ou de l'une des ethnies exerçant l'autonomie régionale sur ce territoire; les gouvernements populaires des régions autonomes, des départements autonomes ou des districts autonomes doivent être composés, autant que possible, par des membres des ethnies exerçant l'autonomie régionale ou d'autres ethnies minoritaires.

Les organes d'administration autonome des régions d'autonomie ethnique exercent les fonctions et pouvoirs des organes d'Etat aux échelons locaux; en même temps, en vertu de la Constitution et de la Loi sur l'autonomie régionale ethnique, ils exercent le pouvoir législatif et exécutif, ainsi que le pouvoir financier, le droit de développer l'économie, de former et d'employer des cadres d'ethnies minoritaires, de développer l'éducation et la culture des ethnies, d'employer et de développer les langues parlées et écrites de ces dernières, ainsi que celui de développer les sciences et techniques.

- Les assemblées populaires des régions d'autonomie ethnique ont le droit d'élaborer des statuts d'autonomie ou des statuts particuliers conformément aux caractéristiques politiques, économiques et culturelles de leur région. A la fin 1998, les régions d'autonomie ethnique ont élaboré au total 126 statuts d'autonomie et 209 statuts particuliers.

- Si les organes d'administration autonome d'une région d'autonomie ethnique trouvent qu'une résolution, une décision, ou une directive des organes d'Etat de l'échelon supérieur ne convient pas à la situation réelle de leur région, ils peuvent, après avoir reçu l'autorisation des organes supérieurs, soit l'exécuter avec plus de souplesse, soit renoncer à son application. Conformément aux stipulations de l'article 36 de la Loi de la République populaire de Chine sur le mariage, les cinq régions autonomes ethniques à l'échelon provincial et certains départements autonomes ont élaboré, selon la situation concrète locale, des règlements complémentaires à cette loi, et ont changé les stipulations de cette loi sur l'âge du mariage légal des citoyens; à savoir l'âge minimum légal, pour pouvoir contracter un mariage, de 22 ans accomplis pour l'homme et de 20 ans accomplis pour la femme a été rabaissé à 20 ans pour l'homme et 18 ans pour la femme.

- Sous la direction de la planification de l'Etat, les organes d'administration autonome des régions d'autonomie ethnique peuvent, en fonction des particularités et des exigences locales, élaborer leurs propres principes politiques et plans d'édification économique. Conformément à sa situation réelle, la Région autonome de Mongolie intérieure a élaboré et mis en œuvre une série de mesures politiques permettant à son économie de croître rapidement. En 1998, le P.I.B. de cette région était de 119,202 milliards de yuans, et celui par habitant, de 5 067 yuans. Les recettes financières étaient de 13,12 milliards de yuans, et les revenus par personne, citadins et agriculteurs, atteignaient respectivement 4 353 yuans et 1 981 yuans. Ces normes ont respectivement connu une augmentation de 9,6%, 7,5%, 17,9%, 10,4% et 11,3% par rapport à l'année 19978.

- Dans le souci de développer le pays, les organes d'administration des régions d'autonomie ethnique ont adopté toutes sortes de mesures pour former, chez ces ethnies, un grand nombre de cadres aux différents échelons, des spécialistes dans différents secteurs comme les sciences ou le management, ainsi que des ouvriers spécialisés, et de permettre à leurs talents respectifs de s'épanouir. En 1998, on comptait dans la Région autonome zhuang du Guangxi 372 900 cadres issus de diverses ethnies minoritaires, représentant 35% du nombre total des cadres de cette région. Les principaux responsables des 12 districts autonomes de cette région étaient tous issus d'ethnies exerçant l'autonomie régionale. Les chefs des 62 cantons ethniques étaient également tous membres d'ethnies minoritaires. Parmi les directeurs du Parti communiste chinois et de l'administration aux échelons de préfecture (municipalité), de district et de canton de cette région, ceux provenant d'ethnies minoritaires représentaient respectivement 26,92%, 39,71% et 48,03%. Parmi les cadres de réserve aux échelons de province, de préfecture et de district, ceux d'ethnies minoritaires représentaient respectivement 46%, 32% et 35%. Quant à la Région autonome du Tibet, en 1998, les cadres tibétains représentaient 74,9% du nombre total des cadres de cette région. Parmi les directeurs et les cadres jouant un rôle d'ossature au niveau provincial ainsi qu'aux échelons de préfecture et de district de cette région, les Tibétains et les membres d'autres ethnies minoritaires représentaient respectivement 78%, 67% et 62%. Parmi les cadres scientifiques, les Tibétains et les membres d'autres ethnies minoritaires dépassaient les 60%.

- Conformément à la loi et aux principes d'éducation définis par l'Etat, les organes d'administration des régions d'autonomie ethnique peuvent définir les différents programmes d'enseignement, créer des écoles à tous les niveaux, décider le système scolaire, le mode de fonctionnement et les matières d'enseignement, ainsi que le recrutement des élèves (Voir Tab. 1). Avant 1949, plus de 95% des habitants du Ningxia étaient illettrés, et il n'y avait pas d'enseignement supérieur. A l'heure actuelle, il s'est déjé formé un système d'enseignement marqué par sa structure rationnelle, ses divers types d'enseignement et ses divers niveaux scolaires qui se développent en harmonie. En 1998, il existait dans cette région plus de 6 100 établissements scolaires avec plus de 1,3 million d'élèves, dont 5 universités avec un total de 11 000 étudiants. Maintenant, 89,5% des habitants de cette région sont alphabétisés. Dans l'ancien Tibet, il n'y avait aucune école moderne; 95% des habitants de cette région étaient illettrés. En 1998, on y comptait 4 365 établissements scolaires. Maintenant 81,3% des enfants en âge scolaire fréquentent l'école. Le taux d'illettrisme a connu une diminution de 47 points.

Tableau 1: Comparaison de la situation dans l'éducation en 1952
et en 1998 dans les régions autonomes ethniques

Années
1952
1998
 Universités
11
94
 Inscriptions
4 500
226 400
 Ecoles secondaires
531
13 466
 Inscriptions
209 400
5 296 400
 Ecoles primaires
59 597
90 704
 Inscriptions
4 673 100
12 409 000

 

Le Département autonome coréen de Yanbian dans la province du Jilin jouit d'une réputation de "pays jouissant d'un haut degré d'éducation". Ces 50 dernières années, l'éducation y a connu un grand développement. Selon des statistiques, en 1998, 99,97% des enfants en âge scolaire sont allés à l'école primaire, 99,98% des diplômés d'écoles primaires sont passés au niveau secondaire. Le taux de scolarisation du premier cycle secondaire a atteint 95,2%, 96,8% des élèves du premier cycle secondaire ont obtenu un diplôme. L'enseignement obligatoire sur 9 ans s'est essentiellement généralisé dans cette région. L'enseignement supérieur, l'enseignement professionnel et l'enseignement pour adultes se développent de manière harmonieuse. La proportion des diplômés d'écoles supérieures et d'écoles secondaires spécialisées et celle des intellectuels aux grades moyen et supérieur ont dépassé le niveau moyen national.

- Les organes d'administration des régions d'autonomie ethnique peuvent décider en toute indépendance les soins et l'hygiène dans leur région pour faire progresser la médecine moderne et leur pharmacopée traditionnelle, renforcer non seulement la prévention et le traitement des maladies endémiques, mais aussi la protection maternelle et infantile, et améliorer les conditions d'hygiène, afin que la santé des ethnies minoritaires soit améliorée (Voir Tab. 2).

Tableau 2: Comparaison de la médecine et de la santé publique en 1952 et en 1998

Années
1952
1998
Etablissements sanitaires
1 176
16 700
Lits d'hôpitaux
5 711
393 000
Personnel médical professionnel
17 877
605 255
Habitants pour un établissement sanitaire
47 619
10 139
Lit d'hôpital pour mille personnes
0,1
2,32
Habitants pour une personne médicale professionnelle
3 132
341

Trois ans seulement après la fondation de la Région autonome de Mongolie intérieure, la peste cessait de se répandre. Le Ningxia a éradiqué en 1963 ce fléau. En 1961, la variole a disparu complètement de tout le pays. L'espérance de vie des Tibétains est passée de 36 ans à l'époque de la réforme démocratique de 1959 à 65 ans aujourd'hui. Le taux de mortalité des nouveau-nés est tombé de 43% il y a 40 ans à 3,7% en 1998. L'espérance moyenne de vie au Ningxia est passée de 30 ans avant 1949 à 69 ans aujourd'hui.