Histoire de l'émancipation de la femme chinoise
     
 

Dans l'ancienne Chine semi-coloniale et semi-féodale, la femme était toujours opprimée au plus bas de la société. Ce n'est que durant la première moitié du XXe siècle que le Parti communiste chinois a dirigé le peuple chinois pour déclencher, sur cette terre antique, une grande et profonde révolution nationale et démocratique, au cours de laquelle fut lancé un vaste mouvement de masse pour l'émancipation de la femme. Ainsi, la femme chinoise acquit son émancipation d'importance historique, qui fit l'objet de l'attention du monde entier.

Le système patriarcal féodal plusieurs fois millénaire a lourdement opprimé et persécuté la femme chinoise. Dans les domaines de la vie politique, économique, culturelle, sociale et familiale, la femme se trouvait dans une position inégale à celle de l'homme. Cela se traduisait principalement sous les aspects suivants:

Politiquement privée de droits, elle était excluse de la vie politique et sociale. Economiquement dépendante, elle n'avait pas de droit de possession et de succession des biens familiaux, ni de source de revenus qui lui étaient propres. Sans position sociale, la femme devait obéir à son père quand elle était jeune, à son mari après le mariage, et à son fils après la mort de son mari, la personnalité indépendante et le statut social lui étant étrangers. Elle était également privée du droit de recevoir l'instruction et de participer aux activités sociales. Matrimonialement, elle n'avait aucune liberté, obligée d'"obéir aux ordres de ses parents pour le choix de son mari et de conclure son mariage par l'intermédiaire d'une entremetteuse"; si le mari mourait, elle ne pouvait pas se remarier. Persécutée spirituellement, elle était victime de la polygamie et de la légalisation de la prostitution. Par ailleurs, la grande majorité des femmes étaient forcées de se bander les pieds, pour empêcher leur croissance. Cette pratique qui durait plusieurs centaines d'années a fait que les "femmes aux pieds bandés" étaient devenues le surnom des femmes chinoises.

L'envahissement successif de la Chine par les puissances occidentales après la Guerre de l'Opium en 1840 aviva la misère de la femme chinoise. Pendant la guerre d'agression contre la Chine, déclenchée en 1937 par le Japon, plus de 30 millions de Chinois furent tués, la plupart étant des femmes et des enfants. Rien que pendant le mois qui suivi l'occupation de la ville de Nanjing par l'armée japonaise, environ 20 000 viols furent commis dans la ville par les envahisseurs. L'oppression et l'exploitation cruelles du peuple chinois par l'impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique en collusion poussèrent la Chine au bord de la ruine et en même temps, la femme dans un abîme de souffrances sans fond.

Pour le salut national et leur propre émancipation, les femmes chinoises, de concert avec tout le reste du peuple chinois, ont mené une lutte inflexible pendant une centaine d'années, et déclenché successivement des mouvements de libération féminine. Le Mouvement du Royaume céleste des Taiping élabora et émit une série de politiques prônant l'égalité entre homme et femme; le Mouvement réformiste de 1898 encouragea l'interdiction de bander les pieds des femmes et la création d'établissement d'enseignement pour femmes; la Révolution de 1911 déclencha une campagne féministe dont l'objectif principal était de réaliser l'égalité entre homme et femme, et la participation des femmes aux affaires d'Etat. Ces mouvements ont beaucoup contribué à l'éveil de la femme chinoise, sans changer cependant radicalement le destin misérable de la femme chinoise opprimée et asservie.

Dès sa fondation, le Parti communiste chinois visa comme l'un de ses objectifs la réalisation de l'émancipation de la femme et de l'égalité entre homme et femme. Sous sa direction, les femmes chinoises se sont largement mobilisées et organisées, formant un large front uni ayant comme corps principal les ouvrières et les paysannnes, en solidarité avec les femmes de tous les autres milieux et de toutes les appartenances ethniques du pays. Des mouvements de masse pour la libération des femmes, étroitement liés à la révolution chinoise, ont ainsi éclaté à travers le pays. Il est à noter tout particulièrement que dans les bases d'appui dirigées par le Parti communiste chinois, le pouvoir révolutionnaire promulgua une série de lois et ordres qui garantissaient les droits légitimes de la femme et amélioraient son statut social. Ceci a permis à toutes les femmes chinoises d'apercevoir la lumière de l'espoir.

La fondation de la République populaire de Chine a mis fin à l'histoire millénaire où les femmes chinoises étaient opprimées et asservies par le féodalisme et persécutées par les agresseurs étrangers. Animées d'un état d'esprit tout nouveau, elles se sont dressées et sont devenues maîtres de la Chine nouvelle, au même titre que les autres. En 1949, la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) a tenu sa première session plénière à Beijing, avec la participation de 69 femmes, soit 10,4% des représentants. Elles ont discuté avec les hommes des projets dans le cadre de la construction du pays. A cette occasion, Mme Soong Ching Ling fut élue vice-présidente du gouvernement populaire central; Li Dequan, Shi Liang et d'autres femmes furent promues à des postes de direction au sein du gouvernement. Le "Programme commun" ayant la validité juridique de la Constitution provisoire, que la Conférence eut adopté, déclara solennellement que fut aboli le système féodal dans lequel les femmes étaient opprimées, et que les femmes jouissent depuis lors des mêmes droits que les hommes dans tous les domaines de la vie politique, économique, culturelle, éducative et sociale. Ainsi, une nouvelle ère fut créée pour l'émancipation de la femme.

En vue de transformer au plus vite l'état politique et culturel arriéré légué par l'ancienne Chine, et d'affranchir les femmes du joug, de la discrimination et de l'oppression que leur avaient fait subir les anciens systèmes et mœurs, un mouvement de masse de grande envergure fut déclenché dans le pays tout entier, ce qui permit un changement radical de la position sociale et de la situation des femmes.

- La réforme agraire. Dans l'ancienne Chine, les paysans pauvres et les salariés agricoles, bien que représentant 70% de la population rurale, ne possédaient que 10% des terres, et les femmes n'en avaient même pas de droit de propriété. Au lendemain de la fondation de la Chine nouvelle, une vague de réforme agraire a été lancée dans les régions rurales, et selon le principe de la "distribution des terres par tête d'habitant", les femmes ont obtenu des terres, tout comme les hommes. Ainsi, l'inégalité économique entre femme et homme fut éliminée.

- Le suffrage universel. La Loi électorale de la République populaire de Chine, promulguée en 1953, a stipulé que les femmes avaient le même droit d'élire et d'être élues que les hommes. En décembre de la même année, les élections aux échelons de base ont eu lieu dans l'ensemble du pays. Il s'agissait du premier suffrage universel dans l'histoire de la Chine. Plus de 90% des femmes ont voté, et 17% des représentants élus à l'assemblée populaire aux échelons de base étaient des femmes. Peu après, les députés à l'Assemblée populaire nationale ont été élus, et les femmes en représentaient 12%, et 11% des députés de minorités ethniques. Preuve que depuis l'avènement de la Chine nouvelle, aussi bien sur le plan juridique que dans les faits réels, les femmes chinoises ont participé à la gestion des affaires d'Etat et sociales. Il s'agit là d'un contraste frappant avec certains pays occidentaux où le droit de vote n'a été accordé aux femmes qu'après le centenaire ou même le bicentenaire de leur fondation.

- La participation aux activités productives. Avec le redressement et le développement de l'économie, dans tous les coins du pays, les femmes sont sorties des murs de leur maison pour participer aux activités productives. En 1957, environ 70% des femmes rurales ont pris part à la production agricole; dans les villes, on a compté 3 286 000 ouvrières et employées, soit un nombre 5,5 fois plus important qu'en 1949. Ainsi, l'état est à jamais révolu où les femmes étaient, dans l'ancienne Chine, écartées de la production. Et elles se sont assuré désormais leurs propres ressources économiques.

- L'élimination de l'analphabétisme. Dans l'ancienne Chine, 90% des femmes étaient analphabètes. Pour élever le niveau culturel de toute la nation, la Chine nouvelle a lancé un mouvement d'alphabétisation qu'elle a mené méthodiquement et de façon planifiée. Trois périodes d'essor à ce sujet furent enregistrées en 1952, 1956 et 1958. Des campagnes aux grandes villes, des milliers et des milliers de femmes ont appris à lire et à écrire dans des cours élémentaires, des cours du soir ou des écoles pour ouvriers et employés fonctionnant en dehors des heures du travail. En 1958, 16 millions de femmes jusque-là analphabètes purent lire et écrire. Des premiers résultats ont ainsi été obtenus pour mettre fin à l'ignorance et à l'état retardataire des femmes.

- Propagande et application de la Loi sur le mariage. La Loi sur le mariage promulguée en 1950 fut la première loi de la République populaire de Chine. Elle stipulait explicitement l'abolition du système matrimonial féodal qui prônait les mariages arrangés ou forcés, le respect des hommes et le mépris des femmes, et la négligence des intérêts des enfants. Ainsi fut instauré un nouveau système matrimonial qui insistait sur les mariages issus du choix libre des conjoints, la monogamie, l'égalité entre homme et femme, ainsi que sur la protection des droits et des intérêts légitimes des femmes et des enfants. Ce fut le plus profond changement intervenu dans la vie matrimoniale et familiale de la société chinoise depuis des millénaires. Dès la promulgation de cette nouvelle loi, un vaste mouvement de masse fut déclenché dans l'ensemble du pays pour sa diffusion et son application, grâce à quoi, de nombreuses finançailles sur le mode féodal se virent rompues, les phénomènes de malmener les femmes furent rapidement réduits. Le libre choix de conjoint ou de conjointe et le mariage fondé sur le sentiment d'amour sont devenus pratique courante. Après quelques années d'efforts assidus, les jougs que l'ancien système matrimonial maintes fois millénaire a imposé aux femmes ont été à jamais brisés, et la liberté de mariage s'est réalisée pour l'essentiel en Chine.

- La prohibition de la prostitution. La prostitution est un des phénomènes ignobles légués par l'ancienne société. Tout de suite après sa fondation, la Chine nouvelle a pris des mesures énergiques en vue de la prohiber. En novembre 1949, la 2e assemblée populaire municipale de Beijing a pris l'initiative d'interdire la prostitution. Selon les décisions adoptées au cours de l'assemblée, les maisons closes ont été fermées, les prostituées ont été rassemblées pour suivre un stage de rééducation idéologique et soigner leurs maladies vénériennes. Grâce à l'aide du gouvernement, ces malheureuses ont pu reconstruire une vie normale et vivre de leur propre travail. Suivant l'exemple de Beijing, Shanghai, Tianjin et d'autres grandes et moyennes villes ont pris les mêmes mesures. En peu de temps, ce phénomène qui outrageait les femmes sur les plans corporel et moral et qui n'avait pu être prohibé dans l'ancienne société a complètement disparu de la Chine nouvelle. Une nouvelle morale s'est implantée dans la société chinoise.

C'est à travers ces mouvements d'envergure que la Chine nouvelle a réussi à extirper toutes ces immondices laissées par la société féodale millénaire et à libérer radicalement les femmes dans les domaines politique, économique, culturel, social et familial. Ce profond changement dans l'évolution de l'histoire moderne du pays, a fait d'une part la fierté de la Chine, et d'autre part, a apporté une grande contribution au mouvement mondial d'émancipation des femmes.