Le principe fondamental arrêté par le gouvernement
chinois en vue du règlement du problème de Taiwan
     
 

Régler le problème de Taiwan et réaliser la réunification de la Chine, c'est une mission solennelle et sacrée du peuple chinois tout entier. Après l'avènement de la République populaire de Chine, le gouvernement chinois a oeuvré inlassablement pour atteindre cet objectif. Le principe fondamental qu'il a défini pour résoudre le problème de Taiwan consiste en une "réunification pacifique" et "un Etat, deux systèmes".

L'élaboration du principe de la "réunification pacifique" et d'"un Etat, deux systèmes". Déjà dans les années 50, le gouvernement chinois a émis l'idée de résoudre le problème de Taiwan par des moyens pacifiques. En mai 1955, lors d'une session du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale, le premier ministre Zhou Enlai a indiqué que pour le peuple chinois, il y aurait deux manières possibles de régler le problème de Taiwan: l'une, par voie pacifique et l'autre, par recours à la force, ajoutant que le peuple chinois entendait, autant que possible, y trouver une solution pacifique. De surcroît, en avril 1956, le président Mao Zedong a formulé, entre autres, les propositions et mesures politiques suivantes:"Rien n'est plus précieux que la bonne entente"; "Tous les patriotes sont d'une même famille"; et "Aucune distinction ne sera faite entre les premiers et les derniers à se rallier à la cause patriotique". Mais, pour cause de l'intervention de certaines forces étrangères et d'autres raisons, le principe susmentionné n'a pu être réalisé.

Dès la fin des années 70, des changements importants sont survenus tant à l'intérieur de la Chine que sur le plan international: la Chine et les Etats-Unis ont établi des relations diplomatiques, normalisant ainsi leurs rapports bilatéraux; le Comité central issu du XIe Congrès du Parti communiste chinois s'est réuni en sa 3e session plénière, au cours de laquelle il a décidé de déplacer le centre des activités du Parti et de l'Etat sur la modernisation économique. Parallèlement, les Chinois des deux côtés du détroit de Taiwan, les concitoyens de Hongkong et de Macao, les Chinois à l'étranger et les citoyens étrangers d'origine chinoise souhaitent ardemment voir les deux côtés coopérer la main dans la main en vue de redresser ensemble la Chine. C'était dans ce contexte historique que le gouvernement chinois a formulé le concept de "réunification pacifique" et d'"un Etat, deux systèmes", en tenant compte des intérêts nationaux et de l'avenir de toute la Chine et en se conformant au principe de respecter l'histoire et la situation actuelle du pays, de rechercher la vérité dans les faits et de prendre en considération les intérêts des différentes parties.

Le 1er janvier 1979, le Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale de la République populaire de Chine a rendu public son "Message aux concitoyens de Taiwan", dans lequel il a annoncé solennellement la politique fondamentale du gouvernement chinois sur le règlement pacifique du problème de Taiwan, appelé les deux côtés du détroit à entamer des pourparlers afin de mettre en terme à l'état d'affrontement militaire existant entre eux, et fait remarquer qu'au cours de l'accomplissement de la réunification de la patrie, "le statu quo de Taiwan serait respecté de même que les opinions des personnalités des divers milieux de Taiwan, et les mesures politiques et les moyens adoptés seraient raisonnables".

Le 30 septembre 1981, le président du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale Ye Jianying a fait une déclaration expliquant dans des termes plus précis la ligne et les mesures politiques sur le règlement du problème de Taiwan. Il a dit qu'"après la réunification du pays, Taiwan, en tant que région administrative spéciale, pourrait jouir d'une large autonomie", et a proposé la tenue de négociations sur la base de l'égalité entre le Parti communiste chinois et le Guomindang, respectivement au pouvoir sur l'une et l'autre rive du détroit.

Le 11 janvier 1982, en s'exprimant sur la déclaration susdite de Ye Jianying, le dirigeant chinois Deng Xiaoping a signalé qu'il s'agissait en fait d'"un Etat, deux systèmes", et qu'ayant comme prémisse majeure la réunification de la patrie, la partie principale du pays continuerait à pratiquer le système socialiste, tandis que Taiwan garderait son système capitaliste.

Le 26 juin 1983, Deng Xiaoping a développé davantage le concept relatif à la réunification pacifique des deux rives, déclarant que le problème clé consistait en une réunification de la patrie. Par ailleurs, il a mis en lumière la politique du gouvernement chinois sur la réunification des deux rives et l'établissement de la région administrative spéciale de Taiwan.

Le 12 octobre 1992, le secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois Jiang Zemin a indiqué:"Nous maintiendrons fermement, pour promouvoir la réunification de la patrie, le principe préconisant la "réunification pacifique" et "un Etat, deux systèmes". "Nous réaffirmons que le Parti communiste chinois veut rencontrer le plus tôt possible le Guomindang de Chine pour préparer ensemble des négociations officielles destinées à mettre fin aux hostilités entre les deux rives du détroit, et à réaliser progressivement la réunification pacifique. Il est possible d'inviter à ces négociations des personnalités représentatives des autres partis politiques, des organisations populaires et des divers milieux des deux rives du détroit.

Les points essentiels du principe de "réunification pacifique" et d'"un Etat, deux systèmes". Ce principe constitue une composante importante de la théorie et de la pratique concernant l'édification du socialisme aux couleurs chinoises, il est aussi une politique fondamentale du gouvernement chinois, appelée à rester inchangée pendant une longue période. En voici les points essentiels:

(1) Une seule Chine. Il n'existe qu'une Chine dans le monde, Taiwan fait partie intégrante de la Chine, dont le gouvernement central siège à Beijing. Voilà un fait universellement reconnu et une condition préalable au règlement pacifique du problème de Taiwan.

Le gouvernement chinois s'oppose fermement à toute action ou parole visant à compromettre la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine, dénonce toute machination de "deux Chine", d'"une Chine et un Taiwan" ou d'"un Etat, deux gouvernements", et condamne toute tentative ou activité qui conduirait à l'"indépendance de Taiwan". Les Chinois des deux rives sont tous d'avis qu'il n'y a qu'une Chine et soutiennent la réunification de l'Etat. Le statut de Taiwan, partie inaliénable de la Chine, a été bien établi, il ne saurait jamais être modifié, et il n'est pas question de pratiquer une soi-disant "autodétermination".

(2) La coexistence de deux systèmes. A condition que l'on respecte le fait qu'il n'existe qu'une Chine, le système socialiste sur le continent et le système capitaliste à Taiwan coexisteront à long terme et se développeront en commun, aucun d'eux ne devra chercher à engloutir l'autre. Cette idée a été conçue en tenant compte avant tout de la situation actuelle de Taiwan et des intérêts réels des compatriotes taiwanais, elle marquera d'un trait saillant le régime étatique d'une Chine réunifiée, et de ce point de vue, constituera une création importante.

Après la réunification des deux rives, il n'y aura pas de changements en ce qui concerne les systèmes social et économique actuellement en vigueur à Taiwan, de même que son mode de vie et ses relations économiques et culturelles avec les pays étrangers. Le droit de propriété et le droit de succession légitime sur les biens privés, tels que les immeubles, les terres et les entreprises, ainsi que les investissements des Chinois d'outre-mer et des étrangers seront sous la tutelle des lois.

(3) Une large autonomie. Après la réunification du pays, Taiwan deviendra une région administrative spéciale. Elle se différenciera des autres provinces ou régions de la Chine, car elle jouira d'une autonomie de haute degré. Elle sera investie du pouvoir exécutif, du pouvoir législatif, du pouvoir judiciaire indépendant, y compris le pouvoir de jugement en dernier ressort; elle s'occupera elle-même des affaires des partis, ainsi que des affaires politiques, militaires, économiques et financières; elle pourra conclure avec les pays étrangers des accords commerciaux et culturels, et sera dotée du pouvoir de règlement de certaines affaires extérieures; elle gardera sa propre armée, et la partie continentale n'enverra pas de troupes ni de membres du personnel administratif à Taiwan. Le gouvernement de la région administrative spéciale et les personnalités représentatives des divers milieux de Taiwan assumeront des fonctions dirigeantes dans les organes du pouvoir de l'Etat et prendront part à l'administration du pays.

(4) Négociations pacifiques. Réaliser la réunification du pays par voie pacifique, à travers des contacts, tel est le vœu commun du peuple chinois tout entier. Si les deux côtés du détroit, dont les habitants sont tous des Chinois, en venaient aux armes et se livraient à une lutte fratricide entre eux du fait du dépècement de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Chine, ce serait un scénario extrêmement malheureux pour les compatriotes de l'un et de l'autre côté. La réunification pacifique est favorable à la grande union de toute la nation chinoise, à la stabilité sociale et au développement économique de Taiwan, de même qu'au redressement et à la montée en puissance de la Chine tout entière.

En vue de mettre fin à l'état d'hostilité et de promouvoir la réunification pacifique, les deux côtés se doivent de nouer au plus tôt des contacts entre eux pour entamer des pourparles. Sous la condition préalable de reconnaître qu'il n'existe qu'une Chine, tous les problèmes pourront être abordés, y compris le mode de négociations, la désignation des partis, organisations et personnalités des divers milieux pouvant y participer, et les autres questions qui préoccupent la partie de Taiwan. Dans la mesure où les deux côtés se mettront autour de la table de négociations, ils pourront, en tout état de cause, y trouver une solution acceptable pour les deux parties.

Compte tenu des réalités spécifiques des deux rives, le gouvernement chinois propose qu'en attendant la réunification, les deux parties, conformément aux principes de respect mutuel, de complémentarité et d'avantages réciproques, redoublent d'efforts pour impulser la coopération économique et les échanges sous différents aspects entre les deux rives, instaurer des liaisons postales, commerciales, maritimes et aériennes directes et opérer un échange à double sens, afin de créer les conditions nécessaires à la réunification pacifique du pays.

La réunification pacifique est un principe bien établi pour le gouvernement chinois. Toutefois, chaque Etat souverain a le droit d'utiliser tous les moyens qu'il estime nécessaires, y compris le moyen militaire, pour sauvegarder la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale. Par conséquent, le gouvernement chinois ne se voit pas dans l'obligation de prendre, quant au moyen à adopter pour régler les affaires intérieures de son pays, des engagements vis-à-vis d'un pays étranger quelconque ou de quiconque cherchant à diviser la Chine.

Il est à souligner en outre que la question de Taiwan est, purement et simplement, une affaire intérieure de la Chine; elle diffère des questions allemande et coréenne, qui sont apparues à la suite des accords internationaux conclus après la Seconde Guerre mondiale. Voilà pourquoi la question de Taiwan ne peut être mise sur le même pied que les questions allemande et coréenne. Le gouvernement chinois s'oppose depuis toujours à ce que la première question soit traitée comme l'on traite les deux dernières questions. La question de Taiwan doit, et elle le peut d'ailleurs sans aucun doute, trouver une solution raisonnable dans le cadre d'une seule Chine, par voie de consultations entre les deux rives.