Accueil Actualité
Editions spéciales
Photos-Vidéos
Services
Vous
ENVIRONNEMENT
[Favoris] [Imprimer] [Envoyer] [Commenter] [Corriger] [Caractère:A A A]
Beijing n'attire plus les expat...

Par Anita Wilde

Alors que sous un ciel azur, un souffle printanier réchauffait enfin Beijing, mon amie Isabel et moi avons eu une grande discussion où nous nous demandions si la pureté de l'air devait primer sur des opportunités de carrière prometteuses.

La pollution atmosphérique pousse de plus en plus d'entre nous à quitter leurs emplois en Chine. Malgré cela, Isabel ne cesse de dire à ses amis rentrés en Europe que Beijing est une terre d'avenir.

« L'"airpocalypse" n'est pas plus grave que la crise financière », a-t-elle déclaré au dîner. « Le métro bondé, la nourriture empoisonnée et la pollution, tout ça n'est pas grand-chose à côté du manque de travail, du mécontentement général et de l'incertitude permanente qui plane sur notre l'avenir là-bas ».

J'ai répliqué que respirer un air pur l'emportait sur la situation économique, expliquant qu'un bon job ne guérissait personne du cancer. « C'est une question de point de vue », a repris Isabel, pour qui les avantages économiques de la ville restent un atout décisif.

Tandis que j'essayais de convaincre Isabel, je me rappelais ce qui, après cinq ans passés à Beijing, me poussait à fuir la ville comme le diable. Quelques jours plus tôt, un article du Financial Times prédisait pour cet été un « exode des expatriés », et même de la population locale, après un hiver extrêmement pollué.

Le Washington Post avait fait le même constat, citant dans ses lignes plusieurs candidats à des postes d'expatriés à Beijing ayant retiré leur candidature, dissuadés par leur famille de s'installer dans la mégalopole en raison de la pollution.

En mars, l'histoire persuasive d'une femme non-fumeuse ayant contracté un cancer du poumon avait paru dans les pages de China Weekly.

« Regarde les statistiques », ai-je dit à Isabel. « Le cancer est la première cause de mortalité dans cette ville. On estime que la pollution de l'air a engendré 1,2 million de morts prématurées en Chine en 2010, et plusieurs rapports récents ont réaffirmé le lien entre la pollution et les anomalies congénitales ».

Mais l'opinion d'Isabel est bornée par une vision à court-terme. Son point de vue m'a rappelé que l'environnement est toujours la première victime de la croissance économique, me révélant l'ironie d'une situation dans laquelle, à l'heure où les citoyens Chinois réalisent que l'argent ne peut acheter un air propre, des étrangers sont prêts à mettre leur vie en danger à cause de difficultés économiques dans leur pays.

Isabel, qui a fuit le chômage paralysant d'une Espagne criblée de dettes, n'est à Beijing que depuis six mois. Pleinement consciente des risques liés à la vie dans une ville aux taux de pollution record, elle a accepté le compromis.

Je lui ai donné un an avant que, lasse d'avoir la gorge irritée en permanence et les yeux rougis par le smog, elle ne perdre son entrain initial.

D'ici là, j'aurai quitté la ville, et désormais je ne présenterai plus Beijing comme l'aimant qu'il fût autrefois, mais plutôt comme une métropole post-apocalyptique où seuls ceux qui placent leur carrière devant leur santé n'osent s'aventurer.

french.china.org.cn     2013/04/16

[Favoris] [Imprimer] [Envoyer] [Commenter] [Corriger] [Caractère:A A A]
Liens connexes
Les dernières réactions            Nombre total de réactions: 0
Sans commentaire.
Voir les commentaires
Votre commentaire
Pseudonyme   Anonyme
Retournez en haut de la page