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Phénomène national, l’opéra de Pékin séduit le monde

French.china.org.cn | Mis à jour le 24. 06. 2022 | Mots clés : opéra de Pékin
Liu Dake dans le rôle principal de l’opéra de Pékin expérimental « Faust ».

Liu Dake, acteur spécialisé dans les rôles masculins hualian, incarne le personnage de Zhong Kui dans l’opéra classique de Pékin « Zhong Kui marie sa sœur » et Faust dans l’opéra expérimental du même nom. Au cours de la décennie qui vient de s’écouler, la scène des arts traditionnels en Chine s’est ouverte et diversifiée, et est devenue de plus en plus « branchée ». Liu Dake estime que la mission de sa génération de professionnels de l’opéra de Pékin est d’adhérer au principe de « marcher sur ses deux jambes » et d’innover tout en préservant le patrimoine.

Le retour en vogue des arts traditionnels

Liu Dake représente dans sa famille la deuxième génération de professionnels de l’opéra, son père étant maître de cithare et sa mère actrice. Ses parents ont fondé en 1989 à Jilin la troupe d’opéra pour enfants « Petits flocons ». En intégrant la troupe à l’âge de huit ans, Liu Dake a été l’un des premiers élèves. « J’étais en deuxième année d’école élémentaire à l’époque, je n’avais rien à faire après les cours alors je suis allé jouer dans la troupe. Cela faisait travailler ma taille et mes jambes, comme de l’exercice physique », se souvient-il. Liu Dake s’est révélé être une jeune pousse prometteuse.

Aujourd’hui vu comme un « ancien » qui se produit sur scène depuis plus de 30 ans, Liu Dake est témoin de l’importance que la Chine attache à la culture traditionnelle : « Au cours de la dernière décennie, le pays a mis l’accent sur la confiance culturelle et un effort sans précédent de présentation de la culture à l’étranger. Nous profitons de ce retour en vogue qui renforce notre confiance, nous les passionnés de l’opéra ! » Ces dernières années, il s’est rendu au Danemark, aux Pays-Bas, en Allemagne, en France, en Espagne, aux États-Unis, à Singapour, ainsi qu’à Hong Kong et à Taïwan pour des représentations et des échanges, devenant ainsi un ambassadeur de l’appréciation mutuelle entre les civilisations.

Présenter la Chine à travers l’opéra de Pékin

Depuis que Mei Lanfang s’est produit au Japon avec sa troupe en 1919, l’opéra de Pékin a gagné en notoriété à l’étranger pendant plus d’un siècle. Liu Dake estime que, en tant qu’icône culturelle, Mei Lanfang a été la première personne à contribuer à la diffusion phénoménale de l’opéra de Pékin à l’international. Outre le charisme personnel de Mei Lanfang, ce qui a marqué les spectateurs étrangers de l’époque a été la richesse de la présentation scénique, avec les visages et les costumes multicolores, ainsi que les scènes de combat palpitantes qui ont rendu très populaires les opéras d’arts martiaux tels que « Le Roi singe ».

L’influence de la Chine ne cessant de croître, tout comme son statut international, la perception de l’opéra de Pékin par les publics étrangers a également changé. « L’attention portée à l’opéra de Pékin est passée de la forme au contenu, des arts martiaux au script, car le public cherche à mieux comprendre les arts et lettres de Chine », décrypte Liu Dake. « Les opéras littéraires comportant de grandes sections de beaux chants, tels que "La Légende du serpent blanc", "La Pochette brodée" et "Yang l’héroïne", sont progressivement devenus connus du public occidental. »

Afin de rendre cet art plus populaire à l'étranger, la Compagnie nationale de Chine d’opéra de Pékin a exploré de nouvelles façons de raconter la Chine à travers l’opéra. Dans les années 1980, afin de surmonter la barrière de la langue, les acteurs ont essayé de chanter de l’opéra de Pékin dans d’autres langues, notamment en anglais, avec des résultats mitigés. « C’est comme quand on regarde un film étranger. Même si les dialogues sont en langue étrangère, on comprend l’intrigue en lisant les sous-titres. Si le film est doublé en chinois, cela donne toujours un effet un peu bizarre. Aujourd’hui, nous chantons toujours les textes d’origine. En réalité, le public occidental se sent plus proche de la civilisation chinoise de cette manière », observe Liu Dake.

Des histoires universelles racontées en chinois

Liu Dake a vu la scène artistique traditionnelle s’ouvrir, se diversifier et même devenir « branchée » au cours de la dernière décennie, ce qui permet aux acteurs d’être plus audacieux dans leur créativité. L’interprétation de thèmes occidentaux dans l’opéra de Pékin est devenue une nouvelle possibilité accueillie par Liu Dake. Il a ainsi participé à la création de plusieurs opéras expérimentaux, dont Faust, Turandot et L’Anneau du Nibelung, qui ont été très bien reçus. Comme le lui a fait remarquer un amateur de longue date : « Ce n’est pas un essai hasardeux, mais de la création avec une nouvelle pensée ! »

Liu Dake évoque avec enthousiasme la création de l’opéra croisé Faust, créé en 2015 par la Compagnie nationale, avec un metteur en scène allemand et un compositeur italien. L’équipe de trois pays a révisé le scénario 28 fois sur une période de trois mois. Les différences culturelles ont donné lieu à des débats animés. « C’était un processus à la fois douloureux et joyeux ! » dit-il aujourd’hui avec le sourire. À son grand soulagement, cet opéra avant-gardiste a non seulement fait son chemin dans les grandes universités chinoises, notamment à l’Université Tsinghua, il a également été présenté en quatre tournées en Allemagne et en Italie. « À chaque fin de représentation ou presque, des spectateurs étrangers nous attendaient dans les coulisses pour nous parler », raconte-t-il. Ce qui l’a encore plus encouragé, c’est qu’en 2016, le président chinois Xi Jinping a invité le président allemand Joachim Gauck, en visite en Chine, à découvrir cet opéra au Grand Palais du Peuple : « Je n’aurais jamais pensé que notre petite pièce de théâtre avec seulement quatre acteurs arriverait sur la scène du Grand Palais du Peuple et deviendrait une carte de visite de la diplomatie nationale ! »

La pandémie a temporairement mis fin aux tournées à l’étranger, mais Liu Dake voit la situation avec philosophie : « La pandémie est un moment difficile, mais c’est aussi un temps de réflexion. L’opéra de Pékin est une forme artistique dotée d’un profond réservoir d’expérience, c’est donc le bon moment pour nous de nous y plonger et de penser à ce que nous voulons faire à l’avenir ». Il crée et répète actuellement un opéra pékinois expérimental, « Wuliang Du », basé sur un récit mythologique japonais. « Au-delà du contenu, nous pouvons tenter des connexions spatiotemporelles en ligne pour changer la manière traditionnelle d’aller au théâtre », opine-t-il. L’association de l’art et de la technologie permet désormais de faire connaître l’opéra de Pékin en Chine et à l’étranger ; pendant la fête du Printemps, en 2021 et 2022, la Compagnie nationale a utilisé les technologies de pointe de la 5G, de la réalité virtuelle et de 4K ultra haute définition pour présenter « Les vœux de bonheur du dragon et du phénix ». « Après la pandémie, nous allons entrer dans une nouvelle phase d’explosion artistique », promet Liu Dake.

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Source:french.china.org.cn