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Sculpter à la faveur des flammes

French.china.org.cn | Mis à jour le 13. 01. 2021 | Mots clés : sculptures en verre
La sculpture en forme de dragon fait partie des œuvres les plus typiques des sculptures en verre de Beijing. Elle est appréciée pour son art d’une grande finesse et ses belles lignes.


« D’une couleur similaire à la glace, si pur que même la poussière ne s’y dépose pas ». Ces deux vers tirés du poème Yong Liuli (Ode aux sculptures en verre) de Yuan Zhen (779-831) résument bien la beauté des sculptures en verre. Ces œuvres prisées de l’artisanat traditionnel ont d’abord été décoratifs, et on peut encore admirer des sculptures en verre de fleurs en pot de la dynastie des Qing (1644-1911) dans les collections du Musée du Palais impérial de Beijing,

De la dynastie des Qing à la République de Chine (1912-1949), elles formaient des fleurs en pot, des bouquets, des tabatières et des miniatures. Après 1949, d’autres produits, plus « pratiques » (boutons, boutonnières, décorations en forme de fleurs pour les chapeaux, fume-cigarettes, etc.) sont apparus.

Le style de Beijing se distingue avec ses teintes magnifiques, son modelage ingénieux et sa pureté cristalline, et reste hautement appréciées aussi bien en Chine qu’à l’étranger.

L’art des sculptures en verre de Beijing a été inscrit sur la liste nationale du patrimoine culturel immatériel en 2008. Ceux qui le perpétuent peuvent bénéficier de subventions publiques pour consacrer pleinement à la préservation et à la transmission de ce patrimoine culturel. Liu Yu, membre de la 7e génération d’héritiers des sculptures en verre de Beijing, a appris le métier auprès de sa mère, Xing Lanxiang, unique maître encore en vie à ce jour. Depuis plus d’une décennie, Liu Yu se voue à sa passion, en sculptant des œuvres avec minutie dans son atelier au Musée de l’artisanat Baigongfang, situé dans l’arrondissement de Dongcheng. Chaque année, il produit un millier de pièces en verre. Un bon moyen de gagner sa vie, tout en perpétuant ce savoir-faire ancestral.

Une longue histoire

Les premières sculptures en verre de Beijing remontent au début de la dynastie des Ming (1368-1644). Selon la légende, c’est jadis en faisant fondre du bronze et en préparant un élixir de longue vie que les Chinois auraient découvert que quelques rebuts pouvaient donner lieu à de belles couleurs. Certains ont alors commencé à utiliser ces matières colorées dans le cadre artisanal. Et c’est ainsi qu’est né l’art des sculptures en verre en Chine.

Sous les dynasties des Ming et des Qing, ces sculptures servaient principalement de décorations pour la famille impériale et l’aristocratie. Sous les Qing, le verre était aussi transformé en perles pour orner les coiffes officielles des fonctionnaires, avec différentes couleurs selon l’échelon. Au cours du règne Kangxi (1661-1722), le ministère de l’Ingénierie et de l’Industrie reçut l’ordre d’établir un atelier de fabrication impérial dans l’usine de sculptures en verre de Beijing d’alors. Les œuvres en verre produites étaient offertes à la cour impériale.

Après le déclin de la dynastie des Qing, l’art des sculptures en verre s’est popularisé et quatre familles ont acquis une renommée. Les sculptures en verre de Beijing comprennent toutes sortes de pièces, qui vont des ornements du quotidien (accessoires) aux objets d’artisanat décoratif (sculptures d’oiseaux et d’autres animaux, de fleurs et fruits, et de personnages). Parmi ces pièces, certaines œuvres ressemblent au jade à s’y méprendre.

Après 1949, le gouvernement central a investi dans cet artisanat. Les artistes se sont regroupés en vue de fonder une verrerie à Beijing. Les œuvres fabriquées par cette usine, de retour sur le marché de l’artisanat décoratif, sont devenues à l’époque les produits chinois les plus exportés dans le monde. Les ventes à l’étranger pouvaient se chiffrer chaque mois à plusieurs millions de yuans.

L’atelier où travaille actuellement Liu Yu se trouve sur le site d’origine de la verrerie de Beijing. Sa mère était alors la plus jeune employée du département technique de l’usine. Liu Yu se rappelle que, au temps où sa mère avait commencé à travailler là-bas, des rangées de transporteurs venaient faire le plein d’achats de verres devant l’entrée de l’usine. Cette verrerie était source de richesses pour le pays à l’époque. C’est aussi la raison pour laquelle le Comité central du Parti et le Conseil des affaires d’État y attachaient tant d’importance. Le premier ministre d’alors, Zhou Enlai, étaie même venu inspecter l’usine à plusieurs reprises, en exhortant les ouvriers présents à fabriquer des spécimens raffinés pouvant servir à présenter au monde l’art chinois des sculptures en verre.

Avec l’arrêt de l’approvisionnement en matières premières, et en raison de la réforme structurelle de l’usine et de l’évolution du goût des consommateurs, les sculptures en verre de Beijing sont peu à peu tombées dans l’oubli. Seule une poignée d’artisans maîtrisent encore les méthodes de production de nos jours.

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Source:La Chine au Présent