Les monts Jinggangshan : haut lieu de la révolution

Par : Vivienne |  Mots clés : art
French.china.org.cn | Mis à jour le 07-09-2015

par LU RUCAI

Les monts Jinggangshan : haut lieu de la révolution

Lors d'une séance d'enchères spéciale organisée au printemps 2015 par China Guardian, laquelle s'intitulait « Nuit des trésors de la peinture et de la calligraphie chinoises », l'œuvre Les monts Jinggang-shan de Li Keran (1907-1989), réalisée en 1976, a été adjugée pour 126,5 millions de yuans.

Cette œuvre est structurée de manière verticale. Au premier plan sont peintes des rangées de grands pins au bas desquels se trouvent trois troupes de soldats et civils, brandissant chacune un drapeau rouge. Au plan moyen, qui prend la majeure partie de la toile, sont représentés des monts, des cascades, des sapins luxuriants, qui, dessinés avec finesse, s'entremêlent naturellement. L'artiste a en outre volontairement laissé des zones de blanc, que l'œil du spectateur perçoit comme des nuages denses enveloppant les cimes.

Li Keran a réalisé une dizaine de peintures représentant les montagnes Jinggangshan. Mais celle-ci lie de façon plus douce le mont principal et les monts secondaires. Au premier plan, de faible dimension, les éléments sont bien marqués, avec des pins de couleur foncée ressortant nettement sur le fond clair de l'arrière-plan. Le peintre a encore minutieusement agencé les trois groupes de personnages occupant l'espace entre les imposants pins. Cette composition donne à la peinture une certaine impétuosité, souligne l'aspect pluridimensionnel de l'image et rythme la scène.

Originaire de Xuzhou dans le Jiangsu, Li Keran apprit dès son adolescence à peindre des paysages selon la tradition chinoise. Il fit ses études à l'École spéciale des beaux-arts de Shanghai et à l'Institut de recherche artistique du lac de l'Ouest à Hangzhou. Apprécié des célèbres peintres Lin Fengmian (1900-1991) et Qi Baishi (1864-1957), il bénéficia de leurs conseils tout au long de sa carrière artistique. À l'âge adulte, il apprit auprès de Qi Baishi pendant une décennie. En 1957, il visita la RDA, puis ajouta à ses œuvres une sensibilité, un caractère particulier à l'objet traité ainsi qu'un jeu de lumières auxquels la peinture occidentale moderne prêtait attention. Il développa dès lors son propre style.

Bien que Li Keran ait acquit de solides bases en peinture occidentale, il ne s'est pas détourné de la peinture traditionnelle chinoise. Il voulait absolument que ses compositions restent ancrées dans la tradition de son pays. Il commentait : « Mes œuvres sont enracinées dans la culture de ma patrie. Elles partent de la tradition et se développent suivant une vision internationale. [...] Jeune, j'ai étudié la peinture occidentale et je témoigne toujours un profond respect envers les grands maîtres occidentaux. Mais à mon sens, mon pays possède une civilisation brillante bien distincte. Si nous nous inspirons de la culture étrangère, c'est avant tout pour enrichir notre propre art. Si nous nous sous-estimons et que nous abandonnons notre héritage, j'en ressentirai une très grande honte. »

Tout en persistant dans la tradition artistique chinoise, Li Keran est devenu l'un des premiers à s'essayer avec brio à « la peinture de paysages rouges », c'est-à-dire portant sur le thème de la révolution. Entre les années 1950 et 1970, de nombreux artistes intellectuels, dont Li Keran, ont transmis leur mémoire sur l'histoire de la révolution chinoise par le biais de leurs œuvres. Les « peintures de paysages rouges » peuvent être classées en quatre catégories : rappel du passé révolutionnaire, reproduction de scènes historiques, poèmes de Mao Zedong et paysages des hauts lieux de la révolution. à partir des années 1950, surgit dans les cercles artistiques un regain d'intérêt pour les sites qui marquèrent l'histoire de la révolution chinoise, tels que Shaoshan, le lac Nanhu, la ville de Zunyi, les monts Jinggangshan et la ville de Yan'an. Même pendant la Révolution culturelle, ces peintures, en raison de leur symbolique particulière, ont échappé à la destruction, devenant ainsi un thème de prédilection pour les peintures de paysages. Parmi les chefs-d'œuvre de Li Keran, on peut citer Les Montagnes rouges, La Longue Marche, Les monts Jinggangshan et Shaoshan.

Li Keran créa Les monts Jinggangshan pour les Galeries chinoises au Japon. En effet, en 1977, afin d'encourager les échanges culturels sino-japonais, l'Administration d'État pour la gestion du patrimoine culturel chinois a organisé, en coopération avec la Fédération des ressortissants chinois de Tokyo, une exposition de peintures, calligraphies et porcelaines chinoises. Cette administration avait demandé à de célèbres peintres de l'époque de réaliser des œuvres à cette occasion. C'est dans ce cadre que Li Keran a composé Les monts Jinggangshan et Peinture de la rivière Lijiang. à la clôture de l'exposition, le gouvernement chinois a fait don de toutes les pièces aux Galeries chinoises pour remercier cet établissement de sa contribution à l'approfondissement des liens économiques et culturels sino-japonais.

Ces dernières années, les « peintures de paysages rouges » de Li Keran sont très prisées des collectionneurs. En 2012, sa toile Ancienne demeure de Mao Zedong à Shaoshan, haut lieu de la révolution s'est vendue à 124,2 millions de yuans lors d'enchères printanières. En 2010 et en 2011, ses deux œuvres La Longue Marche et Jinggangshan, berceau de la révolution ont été adjugées respectivement pour 107,52 millions et 20,7 millions de yuans.

 

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