Envoyer [A A]

Jean-Jacques Annaud : Le Dernier loup est un film qui s'adresse au monde entier

French.china.org.cn | Mis à jour le 25. 02. 2015 | Mots clés : Jean-Jacques Annaud,Le Dernier loup ,Totem du loup

Le Dernier loup du célèbre réalisateur français Jean-Jacques Annaud, adaptation cinématographique du roman Le Totem du loup est sorti en salles en pleine fête du Printemps le 19 février en Chine.

Le Totem du loup n'a plus besoin d'être présenté ; ce roman publié il y a dix ans et réédité 150 fois en Chine, vendu à plus de 500 millions d'exemplaires, traduit en plus de 30 langues, a enfin été adapté au cinéma après sept ans de préparation, avec de vrais loups en vedettes et un investissement de plus de 300 millions de yuans. Une équipe internationale de 600 personnes a travaillé sur le projet, avec un réalisateur lauréat de l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Lors de l'avant-première les 13 et 14 février, le film a déjà récolté 40 millions de yuans au box-office.

Qu'est-ce qui a suscité l'intérêt du réalisateur français pour ce projet sur les loups et la civilisation nomade ? Comment a-t-il utilisé le langage du cinéma pour rendre la splendeur des prairies et la fierté distante des loups ? Lors d'une interview récente à Beijing, Jean-Jacques Annaud a déclaré : « Le Dernier loup est une œuvre dont je suis fier. »

 

Jean-Jacques Annaud

« Je suis tombé amoureux de la Mongolie intérieure et de la Chine »

Journaliste : Qu'est-ce qui vous a décidé à tourner Le Dernier loup ?

Jean-Jacques Annaud : Avant même d'avoir fini de lire les soixante premières pages du Totem du loup en français, j'étais déterminé à en faire un film. Entre les lignes, je me suis senti proche de l'auteur, Jiang Rong. Nos expériences sont très similaires : l'année où Jiang Rong a été envoyé en Mongolie intérieure, je suis allé travailler au Cameroun. Au même moment ou presque, nous avons été confrontés à un nouveau monde ; les steppes ont changé Jiang Rong, l'Afrique m'a changé.

Le roman Le Totem du loup a une grande force littéraire. L'auteur analyse en profondeur la société des loups, les interactions qui se font avec les humains, et offre une réflexion profonde de la civilisation. J'ai lu que les Chinois aiment la nature, qu'ils veulent établir un rapport harmonieux entre les hommes et l'environnement. De nombreux lecteurs chinois et étrangers ont aimé ce roman. Je suis convaincu que l'histoire du Totem du loup n'appartient pas seulement au peuple chinois, mais qu'elle est aussi adressée au monde entier.

Avant le tournage, Jiang Rong et moi sommes allés passer trois semaines sur le lieu d'origine de son histoire, pour que je le découvre de mes propres yeux. Jiang Rong m'a expliqué où l'on place les yourtes, comment on nourrit les moutons, comment on trouve et on nourrit de jeunes chiots, nous avons aussi rendu visite à quelqu'un qui a inspiré le personnage de Yang Ke (héros du film)… Cette expérience était cruciale pour le tournage. Plus important encore, je suis tombé amoureux de la Mongolie intérieure et de la Chine. J'adore la force de la culture des prairies, leur beauté rugueuse et leur vie solitaire, c'est une chose rare et précieuse pour nous qui vivons en ville.

Trois ans passés à apprivoiser plus de 20 loups de Mongolie

Journaliste : Le film contient de nombreux plans sur les expressions et les mouvements des loups, comment y êtes-vous parvenu ?

Jean-Jacques Annaud : On pense souvent que les loups sont des animaux impossibles à domestiquer. Mais si nous les avions remplacés par d'autres animaux, on aurait sacrifié l'âme du roman et du film. Lorsque nous avons véritablement commencé à travailler sur le film, notre première décision a été de filmer des loups de Mongolie. Pour cela, nous avons passé trois ans au contact de 20 loups de Mongolie pour les apprivoiser, et j'ai filmé plus de 1000 prises avec eux. Cela exigeait un investissement énorme et risqué, mais la présence des loups dans le film était irremplaçable.

Lorsque les gens vont au cinéma, ils veulent voir quelque chose de différent, et notre travail est de créer des images uniques. Le Dernier loup est une production artisanale, les effets spéciaux ne sont présents que sur environ 5 % du film. La scène la plus difficile à tourner a été celle de la bataille entre les loups et les chevaux ; elle nous a demandé six mois de préparation, alors qu'elle ne dure que six minutes à l'écran. Sur plus de 200 prises, on a dû utiliser des effets spéciaux dans dix cas pour simuler certaines actions des loups et des chevaux. Pour filmer une scène réaliste de la chute de 200 chevaux sur un lac gelé, on a soigneusement élaboré douze chevaux artificiels, et on a vaporisé de l'eau toute la nuit avant le tournage pour avoir un gel naturel. Cette scène montre bien le niveau de la production cinématographique et des effets spéciaux en Chine.

La sincérité est l'élément le plus important d'une coproduction

Journaliste : Le Dernier loup est la troisième coproduction sino-française. Selon vous, quelle est la chose la plus importante dans une coproduction ?

Jean-Jacques Annaud : Le cinéma chinois est en plein essor, comme Hollywood dans les années 1920. À cette époque, des réalisateurs émigrés de Grande-Bretagne, de France, d'Allemagne et d'ailleurs, comme Charlie Chaplin par exemple, ont eu un impact énorme sur Hollywood. Le cinéma chinois est dans une grande période d'opportunités, et les coproductions permettent de promouvoir les échanges entre la Chine et le monde, ainsi que de renforcer l'influence du cinéma chinois. Je pense que le réalisme et la sincérité forment la base des coproductions réussies. Il faut être passionné, le projet doit avoir une résonance émotionnelle. Si l'objectif du tournage est seulement de gagner de l'argent, non seulement cela n'a aucun sens, c'est même dangereux.

Les coproductions peuvent amener des films américains et européens sur le marché chinois, faire découvrir les cultures du monde à la Chine, et la Chine peut faire découvrir ses films et ses cinéastes au reste du monde pour promouvoir l'intégration de la culture chinoise et des autres cultures. Le plus important pour les coproductions est de créer un cinéma mondial de plus en plus diversifié, de rapprocher les cultures, et c'est ce que j'aimerais voir à l'avenir.

 

(Extraits d'une interview en chinois de Jean-Jacques Annaud)

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source: french.china.org.cn

Réagir à cet article

Votre commentaire
Pseudonyme
Anonyme
Les dernières réactions (0)

Les articles les plus lus