FusionLab : quand la musique du Yunnan voyage dans les Andes

Par : Lisa |  Mots clés : musique,Yunnan,Andes
French.china.org.cn | Mis à jour le 29-01-2015

FusionLab : quand la musique du Yunnan voyage dans les Andes
Tournage du documentaire.

 

L'équatorienne Ana Carolina Báez s'est lancée l'année dernière dans un projet audiovisuel sur la musique du Yunnan et des Andes. Elle voulait faire se rencontrer ces deux musiques si lointaines et pourtant si semblables.

RAFAEL VALDEZ, membre de la rédaction

Entre la Chine et l'Équateur s'étend un océan de différences. Les deux pays sont littéralement aux antipodes l'un de l'autre. Pourtant, dans les froides Andes équatoriennes et dans la chaude province chinoise du Yunnan, on écoute une musique étrangement similaire. « C'est tout de même mystérieux qu'elles se ressemblent autant... », s'est étonnée Ana Carolina Báez, une équatorienne de 28 ans qui vivait alors à Beijing pour se concentrer sur la réalisation de documentaires après son diplôme de réalisation cinématographique en Équateur.

Pour Ana, cette similitude impressionnante ne pouvait pas être une coincïdence. C'est ainsi qu'est né son projet FusionLab qui lui a servi pour son master en réalisation documentaire à l'Académie de Cinéma de Beijing. « FusionLab est venu comme un rêve alors que j'écoutais de la musique du groupe Shanren de la province du Yunnan et que ça me faisait penser aux gens et aux montagnes de chez moi », raconte Ana.

Une musique étrangement familière

Depuis son arrivée dans le pays de Confucius, Ana a retrouvé des symboles, des paysages et des ambiances qui lui ont rappelé ceux des Andes. L'idée de base du projet FusionLab était d'inviter le groupe chinois Shanren à voyager en Équateur pour faire de la musique fusion et produire un documentaire. C'était donc un voyage basé sur les réflexions qui avaient surgi à la pensée des similitudes entre les mondes ruraux du Sud-Est de la Chine et les Andes équatoriennes.

Dans la musique que le groupe chinois interprète, on entend des flûtes, des ocarinas faites en bambou, des percussions et des chants très similaires à ceux que l'on entend dans les montagnes en Équateur. « Mais j'aime surtout le fait que l'on ressent un esprit de communauté et une harmonie de l'homme avec la nature dans ces mélodies », explique Ana.

« Je voulais donner l'opportunité et un motif aux musiciens chinois d'aller visiter leurs frères de l'autre bout du monde et me laissais rêver à la possibilité qu'ils trouveraient dans la Cordillière des Andes, un univers proche du mythique Shangri-la, cette terre de joie et d'abondance de leur province natale. J'ai trouvé des musiciens locaux en Équateur pour qu'ils puissent représenter notre pays et sa musique. Dans ce documentaire, j'ai essayé de générer une plate-forme pour que les artistes des deux pays puissent échanger leurs rythmes et leur culture. De plus, je me suis efforcée de créer une ambiance propice à la création conjointe de musique fusion. »

Du 2 mai au 17 juillet 2013, Ana a donc voyagé en Équateur dans le but de faire le carnet de bord du documentaire et de trouver une équipe de production pour celui-ci. Grâce au service culturel de l'ambassade de la République populaire de Chine en Équateur, une collecte de dons a été organisée pour permettre d'acheter les billets d'avion devant permettre au groupe chinois et aux membres de l'équipe de tournage de rejoindre l'Équateur.

Les obstacles

La partie la plus compliquée de la réalisation du documentaire était l'obtention de soutiens financiers. Ana a envoyé des lettres de demande de subvention à différents ministères et institutions en Équateur et à des entreprises chinoises pour qu'elles patronnent le projet. Enfin, Ana et son équipe ont demandé l'appui des autorités locales équatoriennes pour qu'elles facilitent le logement et la restauration lors du passage dans leur région. Des compagnies privées leur ont également offert l'équipement nécessaire au tournage ainsi que l'hospitalité durant leur voyage. Enfin, les techniciens professionnels équatoriens ont décidé de travailler gratuitement et ont soutenu la production en prêtant leur matériel et maisons pour loger les invités chinois. De plus, la famille d'Ana l'a aidée, tant psychologiquement que financièrement pour qu'elle puisse achever son projet.

Le tournage du documentaire a duré du 7 février au 1er mars 2014. « Jusqu'à une semaine avant l'arrivée de l'équipe et du matériel de tournage chinois je n'arrêtais pas de me dire : « Si on arrive à tourner ce documentaire ce sera trop bien ! Parce qu'à la fin d'un projet que j'avais mené pendant plus d'un an, je commençais à désespérer, à perdre espoir et j'angoissais que de nouveaux problèmes apparaissent... Mais il y a toujours des solutions », soutient la cinéaste.

Pendant le voyage, la courte durée du séjour dans les localités, le besoin d'un interprète et la nécessité de bien connaître la culture locale limita parfois la possibilité d'un dialogue profond entre les musiciens chinois et leurs pairs locaux. De plus, le nombre d'heures passées dans le bus, le décalage horaire, la différence de nourriture et l'incommodité du voyage ont affecté l'énergie des musiciens chinois.

Toutes les portes ne s'étaient pas ouvertes quand Ana était partie à la recherche de soutiens financiers pour son projet. En revanche, elle a reçu beaucoup d'appuis de la part des médias. La cinéaste équatorienne a été interviewée par plusieurs périodiques locaux, nationaux et internationaux qui ont par la suite publié des articles sous le titre L'Équateur et la Chine ne sont pas si différents ou encore Un documentaire pour relier deux mondes. L'agence de presse chinoise Xinhua a intitulé son article À la recherche des racines : du Yunnan à l'Amérique latine et le magazine latino-américain de cinéma Latam Cinema a relayé le tournage du documentaire en le présentant comme un road-movie coproduit entre la Chine et l'Équateur. La chaine hispanophone de la télévision centrale chinoise et d'autres programmes télévisés équatoriens ont également invité Ana Carolina à venir parler de son projet dans leurs émissions.

Maintenant que le projet est terminé, Ana Carolina peut se rendre compte de la complexité de la mise en place et de l'achèvement d'un projet culturel audiovisuel. Elle reconnaît que c'était comme voler avant de savoir marcher. Mais qui peut lui reprocher d'avoir tenu bon pour réaliser un rêve ? Ce qu'Ana a appris pendant l'organisation de ce tournage sont deux qualités importantes : la patience et l'humilité. Aujourd'hui, elle a décidé de faire un doctorat en analyse comparative de l'industrie cinématographique chinoise et celle latino-américaine pour permettre des coopérations pour aider à la formation de marchés complémentaires en matière de thèmes audiovisuels.

« Cela contribuera à faire entrer l'industrie cinématographique dans l'ère de la coopération », déclare Ana Carolina. Bien que FusionLab lui a laissé un souvenir aigre-doux, la satisfaction d'être une pionnière dans la réalisation de documentaires sino-équatoriens la rend très heureuse.

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Source: La Chine au Présent
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