La musique chinoise par-delà les frontières

Par : Lisa |  Mots clés : bianzhong ,cloches en bronze,musique chinoise
French.china.org.cn | Mis à jour le 27-01-2015

Miss Tourisme international 2006, alors qu'elle visite le musée du Henan, s'essaie au bianzhong (instrument antique chinois composé d'un ensemble de cloches en bronze).

 

Depuis quelques années déjà, la musique chinoise, qu'elle soit classique, traditionnelle ou contemporaine, se fait entendre outre-mer. Petit tour d'horizon sur l'état de la musique traditionnelle chinoise à l'étranger.

SÉBASTIEN ROUSSILLAT, membre de la rédaction

Les mélomanes européens ont entendu parler de Fu Cong, de Lang Lang, de Li Yundi ou de Wang Yujia, de Yo-yo Ma, ou de Chen Qikang, pianistes, violoncellistes ou compositeurs chinois. Virtuoses d'une musique classique étrangère à la Chine, ils sont le symbole que la Chine a d'ores et déjà accueilli la musique occidentale et a appris à la jouer, à l'écouter et à l'apprécier. En est-il de même pour la musique traditionnelle chinoise ? A-t-elle réussi à monter sur les scènes internationales, à se faire écouter du public occidental, à s'exporter hors des frontières de la Chine ?

Patrimoine de l'humanité

La musique traditionnelle chinoise, vieille de plus de 4 000 ans, tient sa source, comme dans la culture égyptienne antique, d'un système de rites et de musiques servant à préserver l'harmonie du pays. Celle-ci tient une place primordiale dans la culture chinoise.

La Chine possède entre autres l'instrument à cordes pincées le plus ancien qui existe au monde encore joué de nos jours : la cithare à sept cordes ou guqin. Cet instrument, typique de la Chine et de la culture des lettrés, joué par Confucius, cité dans le Classique des Odes et source de nombreuses légendes telles que celle de Boya et Zhong Ziqi, est l'instrument chinois par excellence. Il est d'ailleurs placé en tête de la liste de ce que devait apprendre le lettré : la musique, les échecs chinois, la calligraphie et la peinture.

Pas étonnant donc qu'il ait été inscrit dans la liste de protection du patrimoine de l'humanité en tant que plus ancien instrument à cordes pincées. Cette année, pour la journée du Patrimoine européen de l'UNESCO, un concert de guqin et de piano a été d'ailleurs organisé par l'Institut Confucius de Poitiers sous le thème : Dialogue de civilisations. Deux instruments phares des civilisations occidentales et orientales se sont donc rencontrés le temps d'un concert. Mais d'autres concerts de musique traditionnelle chinoise ont eut lieu ailleurs, comme le concert de l'Orchestre de musique impériale du Temple du Ciel dans les Châteaux de la Loire ou encore le récital de erhu par Guo Gan à l'église de la Madeleine à Paris le 18 septembre dernier.

En Suède, la sinologue Cecilia Lindqvist est l'une des premières étrangères à s'être intéressée à la musique traditionnelle chinoise et notamment au guqin (cithare chinoise) dans les années 60. Elle a même effectué les enregistrements des grands maîtres citharistes de l'époque lorsqu'elle était en Chine. Elle-même cithariste renommée aujourd'hui, elle organise régulièrement des concerts-conférences en Suède ou ailleurs, où elle joue ou invite des citharistes du Conservatoire central de musique à présenter cette culture à l'étranger. Elle a même dédié un livre à cet instrument en 2006 qui lui a permis d'obtenir le prix Nobel de littérature et dont le retentissement s'est fait entendre jusqu'en Chine, où les gens redécouvrent cette culture antédiluvienne.

Un florilège de concerts

Cette année, en France, à l'occasion du cinquantenaire des relations diplomatiques, un certain nombre de concerts de musique chinoise ont eut lieu un peu partout dans l'Hexagone. Dans les autres pays européens, mais aussi en Amérique et en Afrique, la musique chinoise s'exporte déjà depuis quelques années. Avec l'ouverture de la Chine, les échanges culturels qui augmentent, l'apparition des Instituts Confucius dans les pays étrangers et l'attrait pour les études chinoises, les évènements en rapport avec la musique chinoise ont fleuri comme les pâquerettes au printemps.

Il vous suffit de taper « concert de musique chinoise » sur votre moteur de recherche pour vous rendre compte que la musique chinoise « nous envahit ». Mais c'est une invasion harmonieuse, car elle accompagne une demande de la part du public étranger, fait se rencontrer les cultures et favorise les échanges.

Que ce soit à la Cité de la Musique, au Centre culturel chinois, dans les grandes salles de concert à Paris ou ailleurs, la musique chinoise résonne sous les moulures et les chandeliers classiques des opéras européens. Mais elle résonne aussi en Afrique et en Amérique, où sont également organisés des concerts de musique traditionnelle chinoise par le biais des Instituts Confucius ou par des concerts donnés par les orchestres chinois de musique traditionnelle dans le cadre des échanges culturels sino-africains.

Nombre de troupes chinoises de musique traditionnelle, qu'elles soient nationales ou provinciales, ont en effet l'occasion de se produire en concert à l'étranger. Elles sont soit invitées par les orchestres étrangers dans le cadre d'échanges, soit invitées dans le cadre d'évènements culturels ou commerciaux par les théâtres de l'étranger.

Pourtant, avant le milieu des années 90, pouvoir assister à un concert de musique traditionnelle chinoise en Europe ou ailleurs n'était pas chose aisée. C'est un peu grâce à un certain M. Wu que les orchestres chinois ont pu se produire hors de Chine, avec pour QG la Salle dorée du Théâtre de Vienne dont il louait la salle pour les orchestres chinois. Il a permis à des orchestres chinois de renom tels l'Orchestre national de Chine, l'Orchestre de la radio de Chine ou encore l'Orchestre de musique traditionnelle de Shanghai de se produire sur les plus grandes scènes européennes à Berlin, Lucerne, Paris ou Copenhague pour les concerts du Nouvel An chinois souvent retransmis à la télévision chinoise.

Des instruments prisés par le public étranger

Curiosité, étrangeté, c'est certainement ce qui attire le public étranger à ces concerts. Car la musique chinoise n'est pas encore très connue à l'étranger et je vous défie de citer un autre morceau que Fleurs de jasmin pour montrer que vous êtes un mélomane de la musique chinoise... Pourtant, les instruments chinois sont de moins en moins étrangers au public européen ou autre et le guqin, le erhu, le guzheng, le pipa, le sheng commencent à se faire connaître par delà les frontières chinoises. Bien sûr, on n'en est pas rendu au point d'ouvrir un département de guqin au Conservatoire, mais au moins, les gens savent identifier petit à petit ces instruments qui sont d'ailleurs représentés à la Cité de la Musique à Paris.

Lorsque l'on découvre quelque chose de nouveau, on a tendance à le comparer avec ce que l'on connaît déjà et c'est ce qui se passe lorsque les guzheng, yangqin ou autre pipa chinois font leur apparition sur les scènes étrangères : on les compare avec le piano, similaire à la cithare chinoise (guzheng) ; avec l'orgue, similaire au sheng (orgue à bouche chinois) et le pipa à la guitare. Ce sont en général ces instruments qui sont le plus plébiscités lors des concerts de musique traditionnelle à l'étranger car proches des instruments connus du public.

On peut donc se réjouir que les instruments chinois et la musique traditionnelle chinoise soient de plus en plus familiers au public étranger, car ce serait un manque culturel important et une perte incroyable pour nos oreilles. La musique chinoise n'est pas uniquement affaire de sons, c'est aussi une affaire de culture et la culture auditive a besoin d'être parfois surprise pour créer de nouvelles harmonies. Se pourrait-il que la Chine, déjà championne toutes catégories de l'exportation d'objets manufacturés, devienne demain un leader dans l'exportation de ses accords séculaires? L'intérêt que portent les étrangers à ses instruments traditionnels, en tout cas, ne dément pas cette hypothèse.

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Source: La Chine au Présent
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