Le thangka et Dorje Dondrup

Par : Yann |  Mots clés : thangka, Dorje Dondrup, Tibet,
French.china.org.cn | Mis à jour le 30-05-2014

Un artiste de l'Institut de thangka Lhamo Lhatso. (photo par LI GUOWEN)

Dans une cour calme du district de Dagzê, dans la banlieue est de Lhassa, quelques dizaines de peintres sont appliqués à peindre des thangka en utilisant des techniques traditionnelles vieilles de centaines d'années. Nous sommes à l'Institut de thangka Lhamo Lhatso, un centre de création de thangka affilié à l'école Duo, courant innovant du thangka d'aujourd'hui.

Le thangka est une peinture au rouleau effectuée sur de la soie, et destinée au culte religieux. Datant de l'époque de Tubo (un royaume du Tibet remontant au VIIe siècle) sous la dynastie des Tang, et créé par les Tibétains, le thangka possède des caractéristiques ethniques et propres au « royaume des neiges ». Le thangka est à la fois une œuvre religieuse reflétant la riche culture bouddhiste tibétaine et un style artistique de peinture très original, propre à la culture de l'ethnie tibétaine. Au cours de sa longue évolution, sont apparus nombre de styles et d'écoles bien distincts. En tant qu'école innovante de l'art du thangka, l'école Duo répond à une tendance actuelle. Ses techniques et ses styles variés lui ont valu le nom « Duo », qui signifie diversité.

Créer l'école Duo du thangka

Le directeur de l'Institut Lhamo Lahtso, Nyanshul Dorje Dondrup, est également le fondateur de l'école Duo du thangka. Il est aussi considéré comme éminent calligraphe de l'écriture tibétaine, artiste du thangka, et chef de file de l'industrie culturelle du thangka au Tibet.

Issu de la famille Nyanshul de Kham, Dorje Dondrup est étroitement lié au thangka depuis son enfance. De nombreux membres de sa famille sont devenus des moines célèbres. Lorsqu'il était enfant, il a commencé à apprendre à peindre le thangka auprès de Nyanshul Lhawang Khenpo, un grand maître de l'école Miantang.

La tradition familiale de longue date de pratiques artistiques, ses études religieuses, et ses recherches et poursuites inlassables ont créé le désir chez Nyanshul Dorje Dondrup d'innover dans l'art du thangka. En 1996, il a créé l'Institut de thangka Dorkang, au Sichuan. En 1998, il a transféré l'institut à Lhassa et l'a rebaptisé Institut de thangka Lhamo Lhatso. En s'inspirant des autres écoles du thangka, Nyanshul Dorje Dondrup a créé son propre style dans la réalisation des thangka. Ainsi est née l'école Duo.

En septembre 2010, la chaîne n°4 de CCTV (la télévision centrale chinoise) a diffusé une série de reportages sur le thangka, cette émission a permis au public de connaître l'école Duo de l'Institut Lhamo Lhatso au Tibet.

Cette école recherche les innovations dans l'art du thangka en gardant les techniques traditionnelles. Elle suit l'esthétique moderne et inclut du contenu laïque dans la création du thangka, transforme une représentation des images en une création artistique. Ses essais ont été reconnus, tant par les professionnels que par le public. Ses œuvres se sont bien vendues sur le marché. Au printemps 2012, Tara Cinq, un thangka réalisé par l'Institut Lhamo Lhatso, a été vendu 1,68 million de yuans, un record de vente pour une œuvre de l'école Duo, ce qui a attiré l'attention du public sur cette école.

Perpétuer et innover

Le thangka, art millénaire véhiculant un sens symbolique, attire l'attention et joue un rôle important dans la protection et le développement de la culture tibétaine. En 2006, le thangka a été parmi les premiers éléments à avoir été inscrits sur la liste du patrimoine immatériel national. Ces dernières années, les thangka sont devenus des objets très prisés sur les marchés d'art. Comment trouver une forme d'expression moderne de cet art ancestral et comment le mettre au goût du jour tout en le perpétuant, constituent des problématiques pour les artistes du thangka et cela devient un sujet de recherche.

Dorje Dondrup y a lui aussi réfléchi : Comment faire pour que le thangka devienne une caractéristique de l'art tibétain accepté par le grand public ? Comment perpétuer le thangka tout en le faisant évoluer ?

Selon lui, dans l'histoire, le thangka était une des formes des peintures religieuses et il n'a cessé d'évoluer et de s'adapter. « Aujourd'hui, le contenu des thangka de l'école Duo ne se limite pas à l'histoire religieuse. Les traits vivants et la richesse des couleurs correspondent à l'esthétique des gens d'aujourd'hui. » Dans les chefs d'œuvres de l'école Duo, on peut trouver non seulement une corrélation entre ceux-ci et les autres écoles du thangka, mais aussi des influences exercées par les peintures han et l'art moderne occidental. « De la divinité à l'humanité, de la religion à l'art, des temples au marché, ce sont les innovations les plus importantes apportées par les thangka de l'école Duo. »

Que le thangka devienne international

Dorje Dondrup a raconté au journaliste que sur le marché international, 60 % des nouveaux thangka venaient du Népal où presque 30 000 personnes sont spécialisées dans la réalisation de thangka, et que dans des pays comme l'Inde, la Mongolie et la Russie, il existe également une tradition de la réalisation de thangka. En Chine, dans la préfecture de Huangnan, au Qinghai, Regong regroupe environ 5 000 peintres de thangka, tandis qu'au Tibet, les peintres de thangka ne comptent qu'environ 1 500 représentants.

Pourquoi les thangka tibétains n'ont-ils pas une grande influence sur le marché international alors que leur histoire est longue et que leurs techniques et colorants sont extraordinaires ? D'après Dorje Dondrup, le problème est que la réalisation et la promotion des thangka tibétains sont des activités individuelles, très dispersées et qui ne constituent pas une force influente ni une marque très connue. Selon lui, il faut mettre davantage en valeur les thangka pour qu'ils puissent entrer sur le marché international et être acceptés par un public plus large. Si l'on veut que le thangka joue un rôle plus actif dans les échanges culturels entre la Chine et l'étranger, il faudrait l'industrialiser.

Il y a déjà une dizaine d'années, Nyanshul Dorje Dondrup a créé la Lhassa Kamdi Economic & Commerce Co., Ltd. Au début, il n'avait que 300 000 yuans de fonds pour la création de l'entreprise. Maintenant, sa société est devenue une entreprise dont les actifs s'élèvent à quelques dizaines de millions de yuans et qui emploie des centaines de personnes. Les activités de l'entreprise couvrent plusieurs secteurs comme la réalisation de thang-ka, la production d'encens tibétain et les spectacles folkloriques. En 2008, son entreprise a été désignée par le ministère de la Culture comme une « base modèle nationale de l'industrie culturelle ». En 2009, elle a été choisie par le département de la Culture de la région autonome du Tibet comme « base modèle de l'industrie culturelle à l'échelon de la région autonome ». En 2010, Nyanshul Dorje Dondrup a investi pour construire le parc de l'art tibétain Tunmiling dans le parc industriel du district de Dagzê, relevant de Lhassa, qui s'étend sur plus de 66 hectares.

Le programme d'orientation sur l'art du thangka au Tibet créé par Dorje Dondrup est très ambitieux : un institut et un musée du thangka, un centre artistique, une association des artistes et un site web dédiés au thangka, un centre de certification et de commerce du thangka, ainsi qu'un village d'artistes et une foire internationale du thangka de Chine... Tout cela pourrait dessiner une belle perspective pour le thangka.

« Aujourd'hui on parle beaucoup du rêve chinois. Mon rêve chinois est un rêve pour le thangka. Que le thangka devienne international, qu'il attire plus d'attention et qu'il soit largement reconnu, c'est mon rêve personnel », résume Dorje Dondrup.

 

LI GUOWEN

 

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