Chen Yifei, célèbre peintre,
créateur de mode et metteur en scène d'origine chinoise, est décédé
dimanche matin, 10 avril, à Shanghai à l'âge de 59
ans.
Il est considéré partout en Chine
non seulement comme un artiste actif mais aussi comme un témoin
privilégié des relations amicales entre la Chine et les
Etats-Unis.
Chen a été transporté à l'Hôpital
Huashan de Shanghai le 6 avril pour des douleurs d'estomac et il
est décédé quatre jours plus tard des suites d'une hémorragie de
l'appareil digestif. D'après les médecins, le surmenage est à
l'origine de sa maladie. Avant d'être hospitalisé, Chen tournait un
nouveau film, "Le coiffeur" à Fuyang, ville voisine de la province
du Zhejiang.
Le film était presque terminé et
l'équipe chargée du tournage a promis de travailler dur pour
terminer cette dernière production de l'artiste.
Né en 1946 à Zhenhai, au Zhejiang,
Chen Yifei est certainement l'artiste chinois contemporain le plus
célèbre. Artiste complet, son activité de prédilection reste
cependant la peinture. Il a été formé à l'Ecole des Beaux-Arts de
Shanghai en 1965, puis s'est perfectionné à New York aux Etats-Unis
en 1980, laissant son poste de doyen du Département de peinture à
l'huile de l'Académie de Peinture de Shanghai. Il obtient sa
maîtrise en art en 1984 et devient célèbre.
Pendant ses années passées aux
Etats-Unis, Chen peint les portraits de musiciens américains et
chinois et des paysages de la campagne du sud du Fleuve Yangtsé. En
octobre 1983, il expose pour la première fois ses oeuvres à la New
York's Hammer Gallery. Il fait sensation et pour les critiques
d'art américains, il envoie un message clair au milieu artistique
new yorkais : le réalisme classique fait son retour face au
modernisme criard.
En novembre de la même année, Armand
Hammer, propriétaire de la Hammer Gallery et ensuite président de
la Occidental Petroleum Corp. a acheté une des oeuvres de Chen,
intitulée "Ponts jumeaux" (Shuangqiao en chinois)-- Mémoires de mon
Pays", et l'a présentée au dirigeant chinois de l'époque, Deng
Xiaoping, lors de leur rencontre à Beijing. Depuis lors, Chen est
devenu le témoin privilégié de l'amitié sino-américaine par sa
production artistique. Cette anecdote s'est répandue tant dans le
milieu artistique que dans le milieu diplomatique.
D'après les critiques d'art,
l'oeuvre de Chen Yifei n'appartient ni au style "chinois" ni au
style "occidental". Son art est plutôt "multi-culturel" dans le
sens où il associe parfaitement le meilleur de chaque culture, en
particulier la peinture à l'huile occidentale et la tradition
chinoise.
Il a peint aussi bien des portraits
réalistes que des paysages impressionistes. Ses portraits
représentent des musiciens occidentaux, chinois, jouant des
instruments traditionnels comme le pipa, des ménestrels médiévaux,
des villageois tibétains ou des danseuses de ballets. Ses paysages
vont de Venise aux rivières dans sa région natale, la province du
Zhejiang. Quelque soit le thème ou le style, l'esthétisme de
chacune des oeuvres de Chen Yifei est une ode à la beauté.
"J'ai le regard d'un peintre mais je
garde la curiosité d'un enfant pour toutes les beautés de la vie",
disait Chen Yifei.
En 1991, une oeuvre de Chen -- la
Mélodie langoureuse de Xunyang ou l'Adieu à Xunyang, a été vendue
aux enchères à Hong Kong au prix de 1,37 million de dollars
hongkongais (162 000 dollars). C'était alors un record pour une
peinture d'un artiste chinois contemporain. Ces enchères lui ont
donné un véritable statut. Depuis, nombre de ses oeuvres ont été
adjugées à des prix records chez Christie's, Sotheby's et d'autres
salles des ventes de New York et Hong Kong.
Il se lance dans le cinéma en 1993.
En 1995, son film "A date at dusk" est sélectionné au Festival de
Cannes. En 1999, Chen réalise deux documentaires artistiques
"S'échapper à Shanghai" et "l'Arche de Shanghai", qui racontent
l'expérience des Juifs d'Europe venus à Shanghai pendant la seconde
Guerre mondiale.
L'entrée de Chen Yifei dans
l'industrie de la mode a suscité des controverses dans le milieu
artistique chinois. Les Chinois ont tendance à estimer qu'un
peintre doit garder ses distances vis-à-vis de la politique et du
commerce. Chen s'explique au micro de RCI: "Je souhaite pouvoir
décider moi-même de mon mode de vie. J'aime la peinture, les
vêtement et les films. De mon point vue, tous ont à voir avec la
beauté."
En 1999, Chen commence à faire
affaire dans la mode en créant la marque "Layefe". Un an plus tard,
il a ouvre deux enseignes à Shanghai. En même temps, il est l'agent
de plusieurs créateurs à succès pour le premier magazine de la mode
chinoise "Vision", sponsorisé par le Magazine de la jeunesse
chinoise dépendant du Comité central de la League communiste des
jeunes de Chine.
Chen a consacré beaucoup de l'argent
apporté par la vente de ses peintures au Projet Espoir, une oeuvre
caritative s'occupant des personnes défavorisées et il a créé une
fondation artistique, selon un journal basé à Beijing.
xinhuanet 2005/04/15
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