Une balayeuse
Le travail le plus difficile à l'Expo est sans doute celui des balayeurs qu'on peut voir partout en uniforme bleu, tête baissée sur les routes. Huang Qiaoyun, 37 ans, travaille comme balayeuse. Elle vient de l'Anhui, s'est mariée avec un Shanghaïen et habite maintenant le quartier de Nanhui. Elle a commencé à travailler le 1er avril.
Avant de l'interviewer, je l'ai observée en catimini pendant quinze minutes. Durant ce temps-là, elle fixait tout le temps son regard sur les déchets qui jonchaient le sol, levant très rarement la tête. Elle balaiyait bien attentivement, même une toute petite graine ne lui échappait pas. Lorsque j'ai demandé à l'interviewer, sa réponse a été surprenante : « Pensez-vous que j'ai bien travaillé? »
Son travail est très fatigant. Elle travaille quatorze heures chaque jour, et si on ajoute les deux heures passées pour le transport, cela fait une journée de travail de seize heures. « Heureusement, il y a des navettes qui viennent nous chercher dans notre quartier et qui nous y ramènent, et puis nous ne travaillons que tous les deux jours. Le déjeuner est gratuit et des boissons sont offertes tous les jours. » Son salaire fixe est de 1 120 yuans par mois, mais si ses heures de travail dépassent 174 heures par mois, elle pourra recevoir une prime d'environ 1 500 yuans par mois. Depuis le 1er juin, ils peuvent recevoir aussi une prime de pénibilité à cause de la chaleur. Huang Qiaoyun a l'air d'être très contente de ce travail. « Au début, c'était vraiment trop fatigant, quand je rentrais chez moi après une journée de travail, j'avais des ampoules aux pieds. Mais maintenant, tout va mieux, je m'y suis habituée. »
Comparé à son emploi précédent dans une usine de confection, elle préfère son travail actuel. Quand elle a entendu dire que l'Expo allait recruter dans son village du personnel de balayage, elle n'a pas hésité un instant à démissionner. « Je voulais justement voir ce qu'est l'Exposition universelle. Je n'ai pas participé aux Jeux olympiques de Beijing, et n'est-ce pas vrai que l'Expo risque de n'avoir lieu que dans un siècle à Shanghai? En travaillant ici, je fais tous les jours une visite gratuite. Une fois que ce sera fini, je retournerai à mon ancienne usine. » Il est toutefois dommage que l'entreprise pour laquelle elle travaille ne leur permette pas d'entrer dans les pavillons pendant les heures de travail; en plus elle reprend leur carte de travail pendant les jours de repos, de sorte que s'ils ont l'intention de visiter le site , ils sont obligés d'acheter des billets d'entrée et de faire la queue comme tout le monde.
Il y a quelques jours, son fils étant en vacances, et Huang Qiaoyun l'a spécialement amené à l'Expo. Elle lui a donné le billet que le gouvernement de Shanghai avait distribué à chaque famille et en a acheté un pour elle-même.
Lorsque je lui ai proposé de prendre une photo d'elle, Huang Qiaoyun arrange rapidement son chapeau et ses vêtements. Bien qu'elle balaie tous les jours les rues en plein soleil et que son visage et ses mains soient ainsi devenus bronzés, elle n'en est pas moins une femme coquette.
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