par Vivienne ZHANG

À l'occasion du festival Croisements, le chorégraphe Bertrand d'At a été invité par le Ballet national de Chine pour présenter un spectacle à Beijing. Ayant plusieurs coopérations avec le Ballet de Shanghai, le chorégraphe a rapidement accepté quand la troupe lui a proposé le projet.

Baptisée « La Séparation », la pièce créée par Bertrand d'At pour le Ballet national de Chine raconte une rencontre imaginaire des deux grands poètes chinois Wang Wei (701-761) et Li Bai (701 – 762).

Pour cette création, il a choisi « Le chant de la terre », composé par Gustav Mahler. « J'utilise 5 des 6 poèmes chinois que Mahler a utilisé dans « Le chant de la terre ». Vous savez que les poèmes chinois sont beaucoup moins sentimentaux, moins romantiques que ce qu'on connait. J'avais envie de retourner à l'original », a-t-il révélé en évoquant son inspiration de création lors d'une interview exclusive accordée à China.org.cn.

Afin de perfectionner la création, il s'efforce d'écouter beaucoup de poèmes lus en chinois et cherche à apprendre la musique chinoise qui est selon lui « très difficile pour un Européen ». « Parce que vous (les Chinois) n'avez pas la même façon que nous de catégoriser les musiques », a-t-il expliqué. « Je ne suis pas un spécialiste, mais je veux être quelqu'un qui fait la démarche de comprendre avec son cœur. »

Il a noté que cette pièce est le fruit d'une recherche personnelle. Il a beaucoup étudié la philosophie et les rapports sociaux. « Ce que j'ai fait n'est pas simplement un ballet », a-t-il conclu.

« Je suis attiré par toutes les cultures qui ne sont pas la mienne »

Questionné sur son appréciation de la culture chinoise, il a répondu qu'il est en fait attiré par toutes les cultures qui ne sont la sienne. « Je ne trouve pas très intéressant que les Français arrivent avec leur culture pour faire de la culture française en Chine. J'en ai assez. Ce qui m'intéresse est de découvrir la culture chinoise. » Selon lui, les cultures des pays hors de France et d'Europe sont aussi passionnantes. Il souhaite les comprendre de l'intérieur.

Quant à sa coopération avec le Ballet national de Chine, il trouve que les rencontres régulières entre les chorégraphes français et la troupe sont très importantes. Les jeunes danseurs, ayant tous un bon niveau, ont une capacité rapide d'apprentissage. « Cela avance très vite », a-t-il noté.

À ses yeux, les danseurs chinois sont vraiment encourageants. Il a fait l'éloge des quatre danseurs de sa compagnie. « Ils ont une envie d'apprendre des choses très originales, et ils ont une conscience du travail et de l'effort très particulière. Ils ont fait l'effort de quitter leur pays et ils savent pourquoi ils sont là », a-t-il déclaré.

Bertrand d'At vu par un danseur chinois du Ballet national

Selon Zhang Zhenxin, un jeune danseur du Ballet national de Chine, la coopération avec le chorégraphe est une chance de se perfectionner. « Il exige la sensibilité, le sentiment de l'intérieur qui dirige les gestes, mais pas les émotions. » Ce qui m'impressionne le plus est que Bertrand d'At modifie la création d'après le style des danseurs. « Il ne nous impose jamais son style », a-t-il noté.