Le président français Jacques Chirac
souhaite faire passer les messages d'estime, de confiance, d'amitié
et de partenariat au peuple chinois lors de sa prochaine visite
d'Etat en Chine, a-t-il dit dans une interview écrite accordée à
Xinhua à la veille de sa tournée en Asie.
"Mon premier message est un message
d'estime, de confiance et d'amitié. Ces sentiments lient nos deux
peuples depuis des siècles. Ils ont été rappelés avec force le 27
janvier 1964 quand la France du général de Gaulle fut la première
grande nation occidentale à reconnaître la République populaire de
Chine", a déclaré M. Chirac avant sa visite d'Etat du 8 au 12
octobre en Chine.
Ces sentiments "ont été au coeur du
succès exceptionnel de l'Année de la Chine en France et bientôt, je
l'espère, de l'Année de la France en Chine", a-t-il ajouté.
Le président français a réaffirmé sa
volonté de renforcer le partenariat et la coopération entre la
France et la Chine, soulignant que depuis sept ans, les deux pays
bâtissent un partenariat global stratégique exemplaire.
"Notre partenariat se fonde d'abord
sur une conviction. A l'aube du nouveau siècle, les grands pôles
qui structurent le monde doivent instaurer des rapports harmonieux,
pacifiques et équilibrés", a indiqué le président français.
"C'est cette voie, celle du
multilatéralisme, qui rapproche la Chine et la France sur beaucoup
de sujets traités dans les enceintes où s'organise et se construit
la vie internationale", a- t-il poursuivi.
Il a également évoqué le Conseil de
sécurité des Nations unies, dont la France et la Chine sont toutes
deux membres permanents et ont souvent pris de convergentes
positions ces dernières années.
"La Chine et la France souhaitent
également oeuvrer au service d'un développement économique mondial
plus équilibré, plus respectueux des hommes et de l'environnement",
a ajouté M. Chirac.
"Ensemble, nous sommes engagés dans
les actions internationales qui visent à éliminer la faim, la
pauvreté, les pandémies, ces tragédies qui devraient être d'un
autre âge", a-t-il relevé.
"Nous voulons également que la
régulation économique et financière mondiale soit mieux assurée,
notamment en donnant toute leur place aux puissances émergentes",
a-t-il poursuivi.
Souligant que la France ne considère
pas les biens culturels comme les autres, le président français a
estimé que la France est convaincue que "seuls le dialogue et la
concertation entre Etats, ainsi que la prise en compte de la
société civile, peuvent assurer la stabilité au sein du monde
globalisé d'aujourd'hui".
Quant à la relation entre l'ambition
européenne et la solidarité transatlantique, M. Chirac a dit qu'il
s'agit de " démarches complémentaires".
"Les étroites et cordiales relations
que nous entretenons avec les Etats-Unis n'excluent pas certaines
différences", a-t-il poursuivi. "Le rôle des Alliés et des amis, ce
n'est pas d'acquiescer à tout. Il faut au contraire dialoguer, et
même mettre en garde si une stratégie dangereuse est envisagée",
a-t-il fait remarquer
"C'est ce que j'ai dit à nos amis
Américains pendant la crise iraqienne," a-t-il révélé, ajoutant que
"l'essentiel est que quand il y a désaccord, nous puissions avoir
un débat serein. Le Conseil de sécurité des Nations unies est pour
nous à cet égard l'enceinte appropriée", a-t-il conclu.
La France et La Chine ont mis
l'accent sur " l'établissement d'un partenariat industriel dans les
secteurs structurants de l'essor économique chinois, en particulier
l'énergie, l'aéronautique ou les transports terrestres", selon le
président français.
"C'est une nouvelle étape importante
dans le développement d'un partenariat franco-chinois équilibré,
fondé sur la mise en place d'entreprises communes et de larges
transferts de technologie", a- t-il jugé.
"Les entreprises, comme le
gouvernement français, sont entièrement mobilisés pour faire de
cette nouvelle étape de notre relation un grand succès", a noté M.
Chirac.
Une cinquantaine de patrons, dont 17
responsables de petites et moyennes entreprises (PME), françaises
doivent accompagner M. Chirac lors de sa visite d'Etat en
Chine.
"Ma grande ambition serait que l'on
puisse doubler le nombre de PME en Chine" en les faisant passer de
3 700 actuellement à 7 000 en 2007", a-t-il précisé, ajoutant que
"les relations économiques des deux pays sont toujours dominées par
les grands contrats contrairement à l'Allemagne ou à l'Italie dont
les PME sont beaucoup mieux implantées en Chine.
Jacques Chirac a fait une escale de
quelques heures mercredi 6 octobre à Singapour, avant de poursuivre
son trajet vers Hanoï, capitale vietnamienne, où il effectuera
mercredi soir et jeudi une visite d'Etat et participera au sommet
Europe-Asie (ASEM).
Il gagnera vendredi soir Chengdu,
dans le sud-ouest de la Chine, où il entamera une visite d'Etat de
quatre jours en Chine. Il sera samedi et dimanche à Beijing, lundi
à Shanghai et achèvera son périple mardi à Hong Kong.
Depuis son accession en 1995 à la
présidence, M. Chirac s'est déjà rendu en Chine en 1997 puis,
brièvement, en 2000. Cette visite d'Etat répond à celle du
président chinois Hu Jintao en janvier en France.
A cette occasion, soit 40 ans après
la reconnaissance de la République populaire de Chine par la
France, les deux pays réactualisent leur "partenariat global
stratégique" qui marque l'attachement de Paris et Beijing à un
monde multipolaire et leur grande convergence de vues en politique
étrangère.
La visite d'Etat du président
français en Chine coïncide avec le lancement de l'Année de la
France en Chine, le deuxième volet des années croisées
France-Chine, qui va donner lieu à une multiplication de
vernissages et d'inaugurations à travers la Chine.
Plus d'une centaine de
manifestations vont permettre au public chinois de mieux connaître
la France et sa culture, en lui donnant une vision plus forte, plus
complète et plus actuelle, déclinant toutes les dimensions de
l'esprit créatif français.
Soulignant que les démarches des
années culturelles croisées entre la France et la Chine sont plutôt
politiques et culturelles, M. Chirac a ajouté que "les
manifestations prendront cependant tout leur sens".
L'Année de la France en Chine sera
l'occasion de lancer de grandes coopérations technologiques
sino-françaises, comme l'Institut technologique sino-français de
Tongji ou l'Institut Pasteur de Shanghai, a-t-il indiqué.
"Nous serons très heureux que
l'Année de la France en Chine permette à nos entreprises d'explorer
les vastes territoires sur lesquels ils pourront bâtir de nouveaux
partenariats", a fait remarquer le président français.
xinhuanet 2004/10/08
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