Les mystères de
Sanxingdui
La province du Sichuan à l'Ouest de
la Chine, en amont du fleuve Bleu, possède un patrimoine
archéologique diversifié grâce aux fouilles spectaculaires qui ont
été faites récemment. Protégé par des chaînes de montagnes situées
en Chine centrale et au Centre Sud du pays, le Sichuan possède des
particularités culturelles.
Le village de Sanxingdui est situé
sur la rive sud de la rivière Mamu, à l'ouest de la ville de
Guanghan dans la province du Sichuan. Une légende raconte qu'un
jour l'empereur du Jade jeta trois poignées de terre qui tombèrent
à cet endroit, donnant ainsi naissance à trois collines. Ces trois
collines évoquaient autant d'étoiles dorées, d'où le nom de
Sanxingdui (monticules des Trois Astres) donné au village.
Sanxindui et le plateau en forme d'arc dit « Berge en croissant »
sur l'autre rive de la rivière sont considérés comme des terrains
dotés de conditions géomantiques favorables par les habitants de la
région qui y voient une « lune entourée de trois étoiles ».
Les nombreuses découvertes
archéologiques faites depuis 70 ans révèlent que Sanxingdui est le
site des anciennes cultures développées de la plaine de Chuanxi
(ouest du Sichuan) il y a 3 000 à 5 000 ans. Les ruines de l'ancien
royaume de Shu qui couvrait une grande étendue occupent une place
importante. Les archéologues confirment que le royaume de Shu fut
fondé il y a 3 000 à 4 000 ans. Il possédait un territoire
relativement vaste et une population importante ; son système
politique indépendant et stable était plus avancé que la société
tribale. Du fait de sa richesse archéologique, certains historiens
surnomment le site de Sanxindui « la neuvième merveille du monde
».
Le musée de Sanxingdui conserve un
millier de précieux vestiges historiques parmi lesquelles les six
trésors nationaux dont la gigantesque statue verticale en bronze,
le masque en bronze aux yeux saillants évoquant Can Cong (ancêtre
des Shu), la canne en or symbolisant le pouvoir du roi de l'Etat de
Shu, le grand arbre divin en bronze, la tablette de jade ornée de
motifs décrivant les rituels des religions primitives et une autre
tablette de jade reflétant le niveau de polissage et de perforage
de l'époque. Le musée possède des statues en bronze de taille et
d'allure variées, des masques, des oiseaux et d'autres animaux, en
bronze eux aussi. On peut aussi y admirer des poteries, des jades
et des objets en or présentant des caractéristiques typiquement
régionales, ainsi que des récipients ou d'autres objets mêlés
d'éléments des cultures des dynasties des Xia (XIe-XVIe siècle av.
J.-C.) et des Shang (XIe-XIe siècle av. J.-C.) dans les Plaines
centrales, tels qu'un service à vin à trois pieds (poterie), une
coupe, une hallebarde de jade, une tablette de jade percée d'un
trou en son milieu, ou encore un récipient à vin en bronze, etc.
Ces découvertes prouvent qu'il y avait déjà des échanges
économiques et culturels entre les Shu et les clans du Nord de la
Chine au temps des Xia et des Shang.
Le site de Sanxingdui est fascinant,
mais il est encore loin d'avoir livré tous ses secrets : on ignore
par exemple l'origine de la culture de Sanxingdui et à quelle
ethnie appartenaient les Shu. Quelle était la nature du pouvoir de
l'Etat de Shu et quelle forme prenaient les croyances religieuses
de ses habitants ? Quelle est l'origine des techniques développées
de fonte du bronze et de la culture du bronze ? Comment naquit
l'Etat de Shu ? Combien de temps dura-t-il et pourquoi disparut-il
subitement? De quelle époque datent les deux fosses où les
archéologues ont découvert un millier d'antiquités et quelle est
leur nature ? A quoi ressemblait la langue pictographique
développée dans la dernière période de la culture Shu ?
Les fouilles archéologiques à
Sanxingdui n'en sont encore qu'à leurs débuts. En fonction des
prochaines découvertes et de l'approfondissement des études, toutes
ces questions devraient bientôt recevoir une réponse.
2003/09/26
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