Les nombreuses rencontres de Xi Jinping avec des dirigeants mondiaux montrent le charme de la diplomatie de grande puissance

Le président chinois Xi Jinping a rencontré plusieurs dirigeants étrangers – dont certains de pays occidentaux et de grandes économies en développement – au premier jour du Sommet des dirigeants du G20 à Bali, en Indonésie, soulignant pleinement le rôle stratégique et directeur de la diplomatie de chef d'État ainsi que les implications de la diplomatie chinoise à la suite du 20e Congrès national du Parti communiste chinois (PCC), alors que le monde attend les solutions proposées par la Chine et sa sagesse dans la gestion des problèmes préoccupants face à un contexte d'incertitudes géopolitiques croissantes.

Mardi, M. Xi a rencontré le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le Premier ministre australien Anthony Albanese, le président sénégalais Macky Sall, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, le président espagnol Pedro Sanchez et le président argentin Alberto Fernandez en marge du G20, « ce qui reflète la diplomatie multiforme de la Chine et son influence croissante dans la gestion des affaires internationales », ont avancé des experts chinois.

C'était la première fois que le plus haut dirigeant chinois tenait des réunions en personne aussi intensives avec des dirigeants étrangers à l'étranger depuis l'épidémie de COVID-19, « ce qui montre que la Chine est largement accueillie et attendue sur la scène mondiale, sa diplomatie de grande puissance étant placée sous les projecteurs lors de cet événement multilatéral crucial », ont ajouté ces experts.

Lors de sa rencontre avec le président français Macron, M. Xi a souligné que « les deux parties devraient planifier au plus haut niveau les relations bilatérales dans une perspective d'avenir, respecter les intérêts fondamentaux et les préoccupations majeures de l'autre, approfondir la coopération pratique et travailler pour des progrès continus dans les domaines traditionnels de coopération, tout en exploitant activement l'énergie verte, l'innovation scientifique et technologique et d'autres domaines de potentiel de coopération ».

M. Xi a déclaré que la Chine espérait que la France encouragerait l'Union européenne (UE) « à rester attachée à une politique chinoise indépendante et positive. La Chine est prête à travailler avec la France pour aider l'Indonésie à organiser avec succès le sommet du G20 à Bali, à intensifier la communication et la coordination sur des questions telles que la réponse climatique et la conservation de la biodiversité, et à défendre conjointement un véritable multilatéralisme ».

Le président chinois a également exprimé l'espoir de faire avancer les relations sino-européennes lors de sa rencontre avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte. M. Xi a déclaré que la Chine espérait que les Pays-Bas joueraient un rôle constructif dans la sauvegarde du multilatéralisme, faisant progresser l'ouverture et la coopération européennes et jouant un rôle actif dans des relations stables et solides entre la Chine et l'Europe.

Lors de sa rencontre avec le Premier ministre espagnol Sanchez, M. Xi a affirmé que la Chine espérait renforcer la coordination avec l'Espagne dans le cadre du G20 et d'autres plateformes multilatérales et pouvoir relever conjointement les défis, notamment le changement climatique et les crises énergétique et alimentaire. Il a également indiqué espérer que l'Espagne jouera un rôle actif dans le renforcement des relations Chine-UE.

« Ces réunions envoient un message clair montrant qu’il est espéré que les relations sino-européennes seront stabilisées en surmontant les défis de plus en plus nombreux et que les deux parties doivent adhérer à l'indépendance stratégique et se respecter », a avancé mardi Cui Hongjian, directeur du département des études européennes à l’Institut chinois des études internationales.

« L'insistance de la Chine sur le principe de non-ingérence et le refus d'être motivé par différentes idéologies font écho à la stratégie d'autonomie stratégique de l'Europe poussée par la France, et les membres de l'UE devraient jouer un rôle plus constructif dans les relations Chine-UE », a soutenu M. Cui.

Diplomatie de grande puissance

Lors de la rencontre avec le Premier ministre australien Albanese, dont les relations de son pays avec la Chine se sont fortement détériorées ces dernières années, M. Xi a souligné l'importance d'une communication franche pour réduire les divergences, affirmant que les deux pays n'avaient pas de conflit d'intérêts majeur mais des économies très complémentaires et des aspirations communes à sauvegarder les buts et principes de la Charte des Nations Unies.

Lors de son entretien avec le président sud-coréen Yoon, M. Xi a déclaré que la Chine et la Corée du Sud devraient accélérer les négociations bilatérales sur les accords de libre-échange, approfondir leur coopération dans les domaines de la fabrication de haute technologie, du big data et de l'économie verte, et sauvegarder conjointement le système international de libre-échange et les chaînes d'approvisionnement mondiales. Il a ajouté que « la Chine s'oppose à la politisation des activités économiques ou à la généralisation de la question sécuritaire ».

Des experts chinois ont avancé que « les États-Unis ont intensifié leurs efforts pour inciter leurs alliés dans la région Asie-Pacifique, en utilisant des mécanismes tels que le Quad (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité) et la Stratégie indo-pacifique, à contenir la Chine ». Toujours selon eux, « les États-Unis auraient récemment formé une alliance en matière de puces afin de créer une barrière de semi-conducteurs contre la partie continentale de la Chine, plaçant des pays comme la Corée du Sud dans un dilemme ».

« Cependant, une diplomatie de chef d'État aussi chargée montre que certaines des idées et des principes proposés par la Chine pour les relations internationales sont mieux accueillis et acceptés par les pays du monde entier, notamment l'Initiative pour le développement mondial (IDM) et l'Initiative de sécurité mondiale, ainsi que l'idée proposée par la Chine de construire une communauté de destin pour l'humanité, contrairement à l'hégémonie dirigée par les États-Unis et à la confrontation de blocs », ont soutenu ces experts.

« Derrière cette mise en avant mondiale se cache la tendance des principes diplomatiques proposés par la Chine à gagner les cœurs et les esprits dans un monde extrêmement incertain et instable », ont affirmé des experts étrangers et chinois.

« La Chine, en tant que puissance mondiale, construit aujourd'hui un système de relations internationales basé sur la perspective du multilatéralisme. La valeur incarnée par le multilatéralisme qu'offre la Chine est le développement commun », a déclaré mardi Veronika S. Saraswati, responsable de l'unité d'étude sur la Chine au Centre d'études stratégiques et internationales d'Indonésie.

Contrairement à la perspective de l'unilatéralisme qui élimine les autres pays, la Chine met l'accent sur le respect des autres pays ainsi que sur un partenariat équitable, car aucun pays ne peut rester seul. Certainement, ce principe est « une bougie dans le noir » au milieu de l'incertitude mondiale et d'une récession économique internationale, a avancé Mme Saraswati. « Il y a un grand espoir placé dans la lumière que la Chine apporte au monde. »

Elle a en outre noté que « la Chine considère d'autres pays comme partenaires pour se développer ensemble, la construction de partenariats économiques respectueux et non-dominants étant une force majeure dans les principes de la politique étrangère de la Chine ».

« L'interaction en personne entre les dirigeants chinois et américain en marge du G20, la première du genre depuis l'épidémie de COVID-19, a motivé certains alliés de Washington à reconsidérer leurs relations avec la Chine », a soutenu mardi Wang Yiwei, directeur de l'Institut des affaires internationales à l'Université Renmin de Chine.

« Le président chinois a exposé la position de la Chine sur la crise ukrainienne. Lors de sa rencontre avec M. Macron, M. Xi a souligné que la position de la Chine sur la question était claire et cohérente : la Chine est favorable à un cessez-le-feu, à la cessation du conflit et à des pourparlers de paix. La communauté internationale devrait créer les conditions pour que cela se produise. La Chine continuera également à travailler à sa manière pour jouer un rôle constructif ».

Au cours des réunions avec le président sud-africain Ramaphosa et le président argentin Fernandez, M. Xi a mis l'accent sur l'approfondissement de la coopération dans le cadre de mécanismes multilatéraux tels que les BRICS et sur la promotion de l'initiative de « La Ceinture et la Route » proposée par la Chine en élargissant la coopération dans des secteurs tels que l'agriculture, l'énergie et les infrastructures, ainsi que sur le changement climatique.

« Cela reflète ce qu'est notre diplomatie à multiples facettes : nous ne tracerons pas de ligne basée sur différentes idéologies et nous prendrons des mesures pour tenir nos promesses à la communauté internationale », a affirmé M. Cui. Selon lui, « peu importe qu'il s'agisse de la reprise post-épidémique ou de la crise ukrainienne, de plus en plus de pays se rendent compte que la Chine joue un rôle actif et constructif ».