Mercredi, le Commandement du théâtre des opérations de l’est de l'Armée populaire de libération (APL) a continué de mener des exercices de combat autour de Taïwan, mobilisant certains des meilleurs équipements de l'APL tels que l'avion de chasse furtif J-20 et le missile balistique hypersonique à moyenne portée DF-17.

Le commandement a annoncé tard mardi soir qu'il avait lancé une série d'opérations conjointes dans les airs et les eaux entourant Taïwan « suite à la visite provocatrice à Taïwan de la présidente de la Chambre des États-Unis, Nancy Pelosi ».

Le commandement a déclaré dans un communiqué de presse sur son compte WeChat que des avions de combat, des avions d'alerte précoce et des bombardiers avaient décollé de plusieurs bases aériennes mercredi matin et avaient mené des exercices de commandement aérien, d'alerte précoce, de brouillage électronique et d'appui-feu au-dessus des eaux proches de Taïwan.

Parallèlement, des navires de guerre sont arrivés dans les eaux à l'est de Taïwan et ont achevé un blocus et un déploiement d'interdiction de zone. Ils devraient coopérer avec des avions pour effectuer des tâches de blocus maritimes, de défense aérienne et d'autres tâches d'entraînement, selon le communiqué de presse.

Mercredi après-midi, les forces du commandement s'étaient organisées pour approcher Taïwan depuis plusieurs directions pour des « opérations de dissuasion de haute intensité ».

Des vidéos publiées par le commandement montraient des avions de chasse J-20 décollant et une colonne de lanceurs de missiles DF-17 voyageant par la route. Le CNS Changchun, un destroyer lance-missiles de type 052C et le CNS Nanjing, un destroyer de type 052D, sont aussi apparus dans les vidéos.

Le général de division Gu Zhong, chef d'état-major adjoint du Commandement du théâtre des opérations de l’est de l'APL, a soutenu mercredi que « les actions militaires conjointes sont des mesures nécessaires pour répondre aux mesures dangereuses prises par les autorités américaines et taïwanaises ».

« Elles nous permettront de tester la capacité de combat conjointe de nos forces et les performances de leurs armes, et nous aideront également à nous préparer à d'éventuelles crises et situations d'urgence », a affirmé l'officier. « Nous voulons que ces visiteurs malveillants à Taïwan et les séparatistes souhaitant l'“indépendance de Taïwan” sachent que nos forces ont une pleine confiance et la capacité de riposter à toute provocation et de protéger la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine », a-t-il avancé

La Télévision centrale chinoise (CCTV) a cité mercredi un pilote d'avion de chasse du commandement arguant que lui et ses collègues « ont piloté leurs avions près de Taïwan et qu'ils sont toujours prêts à affronter l'ennemi ».

Le colonel supérieur Shi Yi, porte-parole du commandement, a déclaré dans un communiqué que les forces navales et aériennes du commandement « mèneront des exercices et des entraînements conjoints au nord, au sud-ouest et au sud-est de Taïwan. Parallèlement, des exercices de frappe à longue portée auront lieu dans le détroit de Taïwan et des missiles balistiques seront tirés dans les eaux à l'est de Taïwan », a ajouté le porte-parole.

Mercredi après-midi, des forces aériennes, navales, de missiles, de soutien stratégique et de soutien logistique ont participé aux exercices et ont effectué des exercices de frappes maritimes, d’attaques terrestres, de combats aériens et de blocus conjoints, a indiqué le commandement.

Meng Xiangqing, professeur à l'Université de défense nationale de l'APL, a avancé que les opérations militaires de l'APL autour de Taïwan étaient « révolutionnaires, puissantes, efficaces et ciblées, comme le montrent leur portée la plus large et leur proximité la plus proche jamais vues avec Taïwan ».

« Les six zones d'exercice, qui sont beaucoup plus proches de l'île par rapport aux précédents exercices de l'APL près de Taïwan, établiraient un cercle de blocus et de dissuasion », a-t-il affirmé, notant que des manœuvres de siège conjointes auraient lieu pendant les exercices.

« La zone au nord-ouest de Taïwan est située au centre de la partie la plus étroite du détroit de Taïwan, tandis que les zones à l'est et au sud-ouest de Taïwan font face à Hualien, Taitung et Kaohsiung, qui abritent les principales bases militaires de l'île. Cela pourrait ainsi être une dissuasion très efficace », a soutenu M. Meng.

« Les autres zones peuvent également évidemment bloquer des emplacements clés – les deux zones au nord-est sont proches du port clé de Keelung et celle au sud se trouve à l'entrée du canal de Bashi. »

De plus, de multiples services sont mobilisés dans les exercices militaires, dont la force d'appui stratégique et la force de roquettes, qui sont « proches du combat réel », a-t-il affirmé.

Un chercheur en politique internationale de l'APL, qui a demandé à rester anonyme, a avancé que « les exercices de missiles devant être menés au large de la côte est de l'île seraient un puissant moyen de dissuasion, car les missiles sont très susceptibles de traverser l'espace aérien taïwanais pour la première fois ».

Il a également suggéré que les observateurs devraient faire attention à savoir si l'APL déploiera ses groupes aéronavals et ses grandes flottes d'avions de combat. « Un groupe aéronaval pourrait jouer un rôle clé dans le blocage ou la coupure des lignes d'approvisionnement », selon ce chercheur.

Yuan Zheng, chercheur principal à l'Institut des études américaines de l'Académie chinoise des sciences sociales, a prévu que de tels exercices militaires autour de Taïwan deviendront réguliers et seront probablement très similaires à des combats réels.

« D'une part, cela visera à dissuader les forces souhaitant l’“indépendance de Taïwan”; d'autre part, cela visera à se préparer à toute éventuelle urgence à travers le détroit à l'avenir », a-t-il avancé.