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Mariatu Kargbo: J’ai un cœur chinois

French.china.org.cn | Mis à jour le 24. 05. 2022 | Mots clés : Beijing,Sierra Leone

Sous la chaleur écrasante de l’après-midi, Mariatu Kargbo se tient devant le centre de test de la communauté résidentielle de Dongfengnan dans l’arrondissement de Chaoyang à Beijing, vêtue de la combinaison de protection sanitaire, et montre aux habitants qui viennent se faire tester où scanner leur code QR et où se placer dans la file d’attente. Elle est occupée à tout instant, sans un moment de repos.

« Vous avez fait votre test? Vous êtes en beauté aujourd’hui! » s’exclame-t-elle en accueillant en chinois parfait chaque arrivant.

En 2007, la jeune femme originaire de Sierra Leone est arrivée en Chine, où elle est désormais bien connue du public pour avoir participé à l’émission de talents Xingguang Dadao (L’Avenue des stars). Dans le pays où certains l’appellent « la perle noire », elle est aussi connue pour ses deux récompenses au concours Miss Monde.

Aujourd’hui, Mariatu considère la Chine comme sa deuxième patrie. Pleine d’énergie pour les bonnes causes, elle s’est portée volontaire à de nombreuses reprises pour apporter son aide dans des zones frappées par des séismes et pour apporter des dons à des enfants défavorisés. Après l’apparition de la pandémie, elle a contacté les gestionnaires de son quartier pour exprimer son envie de contribuer et est actuellement en première ligne des efforts de prévention épidémique.

Mariatu se décrit comme une personne ordinaire qui croit à l’importance de la sincérité. « Quand on agit avec le cœur, les autres font de même en retour », explique-t-elle.

« Je ne veux pas m’arrêter »

Lorsqu’elle est confrontée à un accès de colère de la part d’un voisin, elle sait comment réagir.

Certains s’impatientent dans la file et se plaignent auprès des bénévoles. Mariatu est douée pour calmer la situation, parfois en adressant un gentil compliment. Si quelqu’un tente de dépasser d’autres personnes, elle résout les conflits avec son style unique et des phrases comme: « Allons, on est moins beau quand on s’énerve que quand on rit! »

Depuis le 2 mai, Mariatu est bénévole au point de test de la communauté de Dongfengnan. Elle vit dans une résidence voisine, mais comme Dongfengnan est une résidence plus ancienne où vivent beaucoup d’habitants âgés, certains ont besoin d’être soutenus par le bras, se déplacent en fauteuil roulant, ont des difficultés à monter et descendre les étages et les bénévoles locaux ont aussi un certain âge. C’est pour cette raison que Mariatu a décidé de se porter volontaire pour rejoindre l’équipe de cette communauté.

Chaque jour, l’équipe d’une douzaine de bénévoles assiste 1600 résidents. Les fortes chaleurs ne découragent pas Zheng Xuehong, membre du PCC de l’équipe qui prépare une soupe rafraîchissante de haricots mungo. Mariatu porte la marmite de plus de dix kilos en équilibre sur sa tête et distribue à chaque bénévole une portion de soupe glacée.

« Allons chercher un caddie pour porter la soupe! » propose le secrétaire Xing Jun, mais Mariatu décline l’offre à plusieurs reprises. « Ce n’est pas la peine, chez moi on porte des choses bien plus lourdes sur la tête », lui répond-elle. Xing Jun s’inquiète de voir Mariatu couverte de sueur sous sa combinaison. En rentrant le soir, Mariatu prend conscience qu’elle a des fourmis dans les pieds et que sa peau est gonflée après être restée debout pendant longtemps. La peau de ses joues montre aussi les signes de ses efforts par cette chaleur.

La première fois qu’elle a porté la combinaison de protection, le corps entier couvert par l’habit en plastique, elle a eu terriblement chaud. « Les autres bénévoles portent aussi la combinaison, ils sont plus âgés que moi et travaillent plus longtemps, comment pourrais-je me plaindre? Il faut se répéter de persévérer, et on finit par s’habituer », affirme-t-elle.

Xing Jun lui a dit que les bénévoles pouvaient avoir un ou deux jours de repos, mais elle vient chaque jour, ponctuelle, participer à la bonne organisation des tests.

Lorsqu’elle voit des enfants qui ont envie de s’amuser, elle leur fait signe de la main et leur demande: « Tu es venu faire le test? » Si quelqu’un oublie sa carte d’identité, elle lui rappelle gentiment de l’amener le lendemain pour éviter que de longues files se forment.

Elle aide les personnes âgées qui ont du mal à se déplacer à remonter dans les étages, et informe Xing Jun dès qu’elle voit que les stocks nécessaires aux tests commencent à trop baisser. Avant la fin de sa mission quotidienne, elle trie et va jeter les déchets avec les autres bénévoles. « Mariatu ne fait pas semblant de participer au travail des bénévoles, elle fait son travail assidûment tous les jours, jusqu’à la dernière tâche à accomplir », commente Xing Jun.

« Un travail joyeux »

Ce n’est pas la première fois que Mariatu se porte bénévole en Chine. Dès 2008, elle avait voulu participer aux efforts menés après le séisme de Wenchuan, dans la province du Sichuan. Elle venait de participer à une émission quand elle a appris qu’un séisme s’était produit. À la fin de sa performance, elle est partie seule avec sa valise en direction du Sichuan pour offrir son aide et a été l’une des premières étrangères à arriver sur place.

Lors de son premier voyage en Chine, elle ne parlait pas un mot de chinois et était tombée malade. Une parfaite inconnue l’avait alors conduite à l’hôpital et l’avait aidée à payer ses soins. Mariatu, qui a perdu ses parents à un très jeune âge, a été très touchée par cet esprit chaleureux et ne l’a jamais oublié; c’est ainsi qu’elle a décidé de s’installer en Chine.

Plus de dix ans ont passé et elle a désormais de nombreux amis chinois. Elle étudie la langue sans relâche, est devenue mannequin, chanteuse et actrice, et participe souvent à des œuvres caritatives.

Elle décrit sa mission de bénévole comme « un travail joyeux » et dit que « lorsque nous collaborons tous ensemble pour prévenir les épidémies, je me sens heureuse ».

Ses expériences passées lui sont utiles dans ce travail. Lorsqu’un résident s’est blessé à la tête, Mariatu a accouru vers lui et l’a conduit dans une pièce voisine. Elle a délicatement essuyé son sang et aidé le médecin à appliquer un pansement sur la blessure. Xing Jun, qui apprécie sa douceur, ne se doute pas qu’elle a peur à la vue du sang. Elle se souvient des conseils donnés par les médecins à Wenchuan après le séisme: surtout ne pas se mettre à pleurer en voyant un blessé. Elle se répète donc: « Ce n’est rien, cela va vite passer, il faut sourire. »

Elle n’a pas parlé de ces expériences sur les réseaux sociaux et les mentionne rarement à sa famille et ses amis. « Au début de cette épidémie, beaucoup de gens m’ont demandé comment j’allais. Je leur ai envoyé quelques photos et dit que je travaillais. On me demande si j’ai peur, ou on me dit que c’est trop dangereux et que je dois me protéger. Aucun de mes parents ou amis n’a approuvé ma décision de me porter volontaire. Je leur dis de ne pas s’en mêler, tout va bien, l’épidémie sera bientôt terminée. Les personnes âgées ont besoin de mon aide, alors pourquoi resterais-je chez moi? Les gens disent qu’on part tous un jour, mais que la bonne volonté demeure. »

Une voisine âgée en mauvaise santé a grand mal à respirer sous son masque. Chaque jour, Mariatu prend soin d’elle. Au cours des deux dernières semaines, son état de santé s’est visiblement amélioré, mais tous les jours Mariatu saisit l’occasion de discuter à cœur ouvert avec elle. Elle sait comment communiquer avec les gens: « Donnez-moi une heure avec une nouvelle personne, et je sais qu’elle m’appréciera, parce que je suis sincère. J’ai beau être étrangère, j’ai un cœur chinois. Une fois que les gens me connaissent, ils me voient différemment. »

Mariatu devra rentrer en Sierra Leone à la fin du mois de mai pour régler des affaires familiales. Elle ne sait pas encore combien de temps durera son séjour. En prenant Xing Jun dans ses bras, elle dit les larmes aux yeux: « Cela fait cinq ans que je n’ai pas quitté la Chine, et même avant, je ne suis jamais partie plus de 20 jours. » Xing Jun la console en lui disant de ne pas s’inquiéter: « On se donnera des nouvelles en ligne et tu vas revenir. Tu es ici chez toi pour toujours. »

Le jour du départ n’est pas encore arrivé et Mariatu rejoint comme toujours à l’heure l’équipe de bénévoles.

« Je suis une personne ordinaire », explique-t-elle. « Lorsque je suis arrivée en Chine, je n’avais pas d’argent, je n’avais pas de famille. Aujourd’hui, j’ai ici des frères et sœurs, des oncles et tantes dans la communauté. Tant de gens m’ont aidée, je veux les aider en retour. Je suis chez moi en Chine et je crois en un bel avenir. »


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Source:french.china.org.cn