Envoyer [A A]

La candidature de la Chine au PTPGP se heurte à des obstacles, mais son vaste marché reste « irrésistible »

French.china.org.cn | Mis à jour le 18. 09. 2021 | Mots clés : Chine ,PTPGP

Après que la Chine a officiellement demandé de rejoindre l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), composé de 11 pays, les membres de ce principal pacte commercial de la région Asie-Pacifique ont montré des attitudes différentes, le Japon affichant une position quelque peu ambiguë et prudente, tandis que des pays comme Singapour ont exprimé leur soutien.

 

« Les obstacles les plus difficiles pourraient venir de l'Australie et du Canada, qui sont de proches alliés des États-Unis et semblent être coincés dans une vague politique anti-chinoise », ont soutenu des experts chinois. « Cependant, bien qu'il puisse y avoir un long chemin difficile avant son adhésion formelle, la Chine deviendra inévitablement membre, étant donné le marché chinois irrésistible et les efforts de réforme et d'ouverture de la Chine », ont avancé ces experts.

 

La Chine a officiellement déposé jeudi une demande écrite d'adhésion au PTPGP auprès du ministre néo-zélandais du Commerce et de la croissance des exportations Damien O'Connor, dépositaire par intérim du PTPGP, a annoncé le ministère chinois du Commerce dans un communiqué publié tard dans la nuit sur son site Internet.

 

La décision a été prise après un an de contacts informels avec les membres du PTPGP et a été basée sur une recherche et une évaluation approfondies des termes de l'accord commercial, a déclaré vendredi lors d'un point de presse Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, ajoutant qu’à l'avenir, la Chine mènera les consultations nécessaires avec tous les pays membres.

 

Le PTPGP, signé en 2018, supprime les droits de douane sur environ 95% des marchandises échangées entre les onze pays membres, à savoir l’Australie, Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.

 

Alors que la Chine cherche à faire partie du pacte, des discussions ont eu lieu pour savoir si la Chine recevrait une approbation de tous les pays membres du pacte, en particulier de ceux qui entretiennent des relations difficiles avec la Chine, comme l'Australie et le Canada. Un pays doit obtenir le consentement de tous les membres existants du PTPGP pour rejoindre l’accord.

 

Jusqu'à présent, certains pays membres ont fait preuve d'attitudes positives. Par exemple, la ministre des Affaires étrangères de Singapour, Vivian Balakrishnan, a « salué » l'intérêt de la Chine pour le PTPGP lors de sa récente rencontre avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, selon un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères de Singapour.

 

Cependant, l'attitude du Japon envers la participation de la Chine, en comparaison, semble être plus ambiguë. Bloomberg a cité jeudi le ministre japonais des Affaires étrangères Motegi Toshimitsu, qui a fait savoir que le Japon devait examiner correctement si la Chine était prête à atteindre les exigences élevées du pacte, ajoutant que le Japon se concertera avec d'autres pays membres pour évaluer la candidature de la Chine.

 

Le Premier ministre japonais Yoshihide Suga aurait également déclaré dans une interview précédente qu'il serait difficile pour la Chine d'adhérer au PTPGP, car l’accord exige des pays membres qu'ils aient un niveau assez élevé d'ouverture du marché.

 

L'ambassadeur de Nouvelle-Zélande en Chine a indiqué plus tôt dans une interview à Caixin qu'il était ouvert à s'engager de manière informelle avec d'autres économies qui ont manifesté leur intérêt à rejoindre le PTPGP.

 

Des experts chinois ont soutenu que « certains membres du PTPGP, en particulier l'Australie, subissent des pressions de la part des États-Unis pour rendre la candidature de la Chine au PTPGP très difficile, car ils cherchent à exclure la Chine des principaux blocs commerciaux internationaux pour restreindre la capacité et l'influence économiques croissantes de la Chine ».

 

Les États-Unis étaient membre de la version originale du pacte connu sous le nom de PTP (Partenariat transpacifique), dont ils étaient en première ligne dans une tentative apparente d'isoler et de contenir la Chine, mais l'ancien président américain Donald Trump en a retiré les États-Unis.

 

Des médias étrangers ont rapporté que la décision de la Chine jeudi était une réponse à l'alliance de sécurité AUKUS annoncée un jour plus tôt entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie (AUKUS étant l’acronyme de « Australia, United Kingdom, United States »).

 

Interrogé lors d'un point de presse à Beijing sur la question de savoir si la décision de la Chine était liée à l'AUKUS, Zhao Lijian a affirmé que la décision de la Chine n'avait rien à voir avec cette alliance, avançant que « la Chine encourage la coopération dans le monde tandis que les États-Unis poussent à la guerre ».

 

Chen Hong, directeur du Centre d'études australiennes de l'Université normale de Chine de l’Est, à Shanghai, a déclaré que les pourparlers du PTPGP pourraient être une « excellente » chance pour l'Australie de sortir les relations sino-australiennes du creux de la vague, même s’il s’est dit peu optimiste concernant un soutien du gouvernement australien à l'entrée de la Chine dans le PTPGP, du moins pas pour le moment.

 

« Il faut de la sagesse politique pour que l'Australie soutienne l'entrée de la Chine. Pour l'instant, je pense que c'est très difficile étant donné que l'administration australienne actuelle est balayée par un sentiment anti-chinois irrationnel », a-t-il prétendu vendredi.

 

« La situation pourrait être la même pour le Canada, qui pourrait également subir des pressions de la part des États-Unis », a avancé M. Chen. Cependant, il a affirmé que la plupart des membres du PTPGP, y compris la Nouvelle-Zélande et le Japon, adopteraient une approche plus pragmatique de la question dans l'intérêt des avantages économiques.

 

Fort attrait du marché chinois

 

Cependant, malgré les défis potentiels, des experts ont souligné que les pays avaient soif du vaste marché chinois, qui est riche non seulement en termes de produits de base traditionnels, mais également d'industrie des services, ajoutant qu'ils chercheront donc à assurer une coopération commerciale avec la Chine via des accords régionaux tels que le PTPGP.

 

Par exemple, lorsque les voitures japonaises perdront la faveur de la Chine en raison du développement des véhicules électriques chinois, le Japon profitera de la coopération de la Chine dans des domaines comme le tourisme, les services et la finance, auxquels le PTPGP fournira une base de coopération solide et des conditions favorables, a avancé Tian Yun, ancien vice-directeur de l’Association des opérations économiques de Beijing.

 

« Avec l'essor économique de la Chine, il est inévitable qu'un nouveau cycle commercial mené par la Chine se forme, cette dernière fournissant des produits de niveau moyen et élevé en échange de matières premières et produits agricoles d'autres pays », a-t-il déclaré.

 

Mais M. Tian a également noté que l'adhésion de la Chine au PTPGP nécessiterait de longs pourparlers, au cours desquels la Chine devra comprendre les normes techniques du PTPGP sur des questions telles que la protection du travail et la refonte des entreprises publiques, puis procéder aux réformes en conséquence.

 

Par exemple, la Chine devra procéder à d'autres réformes des entreprises d'État, comme le ratio des actions, pour se conformer aux normes convenues par les membres du PTPGP. « Mais la première chose à faire est de clarifier les normes de jugement », a-t-il déclaré. « Les pourparlers pourraient durer jusqu'à 10 ans, mais la Chine finira par y arriver. »

 

La Chine a déjà approfondi ses efforts de réforme et d'ouverture, ce qui aidera le pays à respecter certaines normes et conditions du PTPGP, ont soutenu des experts chinois, notant que l'annonce officielle de jeudi signifiait que la Chine s'était déjà préparée aux négociations, alors qu’elle a étudié les termes de l’accord.


Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source:french.china.org.cn