Wang Yi et le Premier ministre singapourien ont eu un entretien « productif et franc »

Le ministre chinois des Affaires étrangères et membre du Conseil d’État Wang Yi a eu « une discussion productive et franche sur les développements internationaux et régionaux » avec le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong mardi, a écrit ce dernier sur Facebook.

Selon les analystes, la tournée de Wang Yi dans les pays voisins, qui se terminera en Corée du Sud, a eu des résultats surpassant les attentes. Ces visites ont non seulement mitigé l’influence négative des visites précédemment effectuées par de hauts représentants américains, elles montrent également que les propositions et les pratiques de la Chine en matière de multilatéralisme sont mieux accueillies dans la région que la petite clique des États-Unis cherchant à contenir d’autres pays.

Durant sa deuxième journée à Singapour, Wang Yi a rencontré Lee Hsien Loong à l’Istana mardi matin. À l’issue de leur rencontre, le Premier ministre Lee a indiqué sur son compte officiel sur Facebook qu’ils avaient eu « une discussion productive et franche sur les développements internationaux et régionaux... Malgré les circonstances mondiales difficiles dans le contexte de la pandémie, nous continuons de travailler en étroite collaboration, en partageant des ressources et de l’expertise pour mieux lutter contre l’épidémie. »

« Singapour se félicite des contributions renouvelées de la Chine dans notre partie du monde, et continuera d’œuvrer avec la Chine à la construction d’un monde plus harmonieux et pacifique », a écrit M. Lee, en ajoutant les emojis des drapeaux des deux pays dans son message.

« Le Premier ministre singapourien a salué le succès de la Chine dans la lutte contre la pandémie, de l’assistance qu’elle a apportée aux pays de l’ASEAN dans cette lutte et de la coopération entre la Chine et Singapour », a indiqué au Global Times Chen Xiangmiao, chercheur adjoint à l’Institut national d’études sur la mer de Chine méridionale.

Des questions subsistent sur la susceptibilité des pays de l’ASEAN à prendre le parti des États-Unis dans la compétition entre grandes puissances.

En août, la vice-présidente américaine Kamala Harris s’est rendue à Singapour et au Vietnam. Le mois précédent, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin était aussi allé à Singapour, au Vietnam et aux Philippines. Leurs voyages ont été interprétés par les observateurs comme des tentatives faites par l’administration Biden pour courtiser des cliques opposées à la Chine en Asie.

Les remarques de M. Lee montrent que Singapour restera neutre dans le contexte des relations tendues entre la Chine et les États-Unis et maintiendra ses politiques pratiques et équilibrées à l’égard des deux pays, a estimé M. Chen.

Les États-Unis s’efforcent de rallier Singapour à leur cause, que ce soit pour influencer les autres pays de l’ASEAN ou pour contenir la Chine. Cependant, les dirigeants de Singapour gardent une vision claire des choses et savent que leur pays a davantage de points communs avec la Chine en matière de maintien de la paix et de la stabilité régionales, a déclaré Zhuang Guotu, président de l’Association chinoise des nations d’Asie du Sud-Est et professeur émérite de l’Université de Xiamen.

Dans un article publié dans Foreign Affairs en avril 2020, M. Lee notait une intensification de la rivalité entre les États-Unis et la Chine, ce qui soulevait des inquiétudes sur l’éventualité que les pays asiatiques soient contraints de choisir un camp en cas de détérioration continue des relations sino-américaines. Il rappelait que ces pays ne veulent pas être ainsi contraints.

En s’entretenant franchement avec Wang Yi, Lee Hsien Loong a voulu rassurer la Chine sur le fait que sa position reste inchangée. Singapour, qui est l’un des principaux États membres de l’ASEAN, espère également que la Chine pourra assister les pays de l’ASEAN dans leur lutte contre la pandémie et leur reprise économique après le COVID-19, a déclaré M. Zhuang.

Mardi également, Wang Yi et la ministre singapourienne des Affaires étrangères Vivian Balakrishnan ont tenu une conférence de presse conjointe au cours de laquelle ils ont déclaré que les deux pays approfondiraient leur coordination dans cinq domaines : la lutte contre la pandémie de COVID-19, la coopération dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », le développement durable et le changement climatique, la coopération régionale avec les pays de l’ASEAN et le multilatéralisme.

Wang Yi a indiqué qu’il s'agissait de sa cinquième rencontre en face à face avec Vivian Balakrishnan depuis le début de la pandémie de COVID-19, un signe clair de l’étroite communication stratégique et de l’amitié entre la Chine et Singapour.

Il a noté qu’au cours de son séjour, il a discuté de nombreux sujets avec le Premier ministre Lee et le vice-premier ministre Heng Swee Keat, qu’il s’est entretenu avec la ministre des Affaires étrangères Vivian Balakrishnan, et qu’ils ont convenu que pour lutter contre le COVID-19, la Chine et Singapour ont approfondi leur coopération centrée sur la lutte contre le virus et sur le développement, et que les liens ont fait preuve d’une forte ténacité et d’une grande énergie.

La coopération entre la Chine et Singapour dépasse le cadre bilatéral et constitue un exemple pour la région et le monde. La Chine et Singapour travailleront avec les pays de l’ASEAN pour améliorer les liens entre la Chine et l’ASEAN, promouvoir le partenariat économique global régional et la négociation sur le code de conduite en mer de Chine méridionale.

La Chine est prête à travailler avec Singapour pour préserver fermement le système international centré sur l’ONU, pratiquer le multilatéralisme et contribuer à une nouvelle ère de développement, a déclaré Wang Yi.

Singapour est la troisième étape de la tournée de M. Wang dans les pays voisins de la Chine, après le Vietnam et le Cambodge. Sa dernière étape sera la Corée du Sud. Selon les analystes, ce voyage arrive à point nommé pour rassurer ces pays, qui ont subi une forte pression de la part des États-Unis pour choisir un camp, et leur affirmer que la position de la Chine, qui consiste à promouvoir le multilatéralisme et non l’unilatéralisme ou l’hégémonie, reste inchangée.

Contrairement à Kamala Harris qui a vanté pendant sa visite les intérêts stratégiques américains, la visite de Wang Yi vise à renforcer la coopération et à approfondir la confiance mutuelle. « La coopération fondée sur des intérêts communs peut s’estomper, les amitiés reposant sur la confiance sont plus durables grâce à des échanges interpersonnels étroits », a déclaré M. Zhuang.

Il a noté que Wang Yi se concentre sur différents aspects avec chacun des quatre pays voisins : au Vietnam, il a échangé des points de vue avec les dirigeants du pays sur les questions relatives à la mer de Chine méridionale et est parvenu à un consensus selon lequel les différends ne devraient pas affecter la coopération. Au Cambodge, il a renouvelé les liens d’amitié de longue date et a approfondi les liens sino-cambodgiens. En Corée du Sud, il est susceptible de renforcer la communication avec ce pays qui est l’un des alliés des États-Unis dans leur stratégie relative à l’Asie-Pacifique.

À en juger par les réactions de ces pays, Chen Xiangmiao estime que la tournée a eu des résultats encore meilleurs qu’escomptés, car elle mitige l’influence négative apportée par les États-Unis dans la région, apaise les pays voisins poussés à choisir un camp par l’hégémonie américaine. « Les faits montrent que la proposition de multilatéralisme de la Chine est plus populaire et mieux accueillie que l’effort américain visant à former une petite clique contre d’autres pays », a-t-il observé.