Depuis que le nouveau coronavirus est apparu au début de 2020, des théories, des hypothèses, voire des rumeurs sur son origine ont émergé à travers le monde. Alors que la science progresse dans ses recherches pour retrouver l’origine de ce virus, il est bon de rappeler qu’un tel processus ne devrait jamais être politisé.

Le Wall Street Journal a récemment affirmé que plusieurs chercheurs de l’Institut de virologie de Wuhan étaient tombés malades à l’automne 2019, avec des symptômes similaires « au Covid-19 et à des maladies courantes de saison ». Le 8 juin, le journal a publié un article intitulé « Un rapport des Etats-Unis estime plausible que le Covid-19 ait fuité du laboratoire de Wuhan », qui indique : « La fuite du virus d’un laboratoire chinois à Wuhan est plausible et nécessite une enquête approfondie. »

Tout cela est faux. 

Une étude publiée le 5 juillet 2021 dans le journal The Lancet par un groupe de scientifiques renommés estime que le SARS-CoV-2 proviendrait le plus vraisemblablement de la nature et non d’un laboratoire, en se basant sur une analyse génétique initiale du virus et de preuves bien établies de précédentes maladies infectieuses émergentes, incluant le coronavirus. Plus de faits ont également émergé pour soutenir la théorie publiée dans The Lancet.

Le Dr Danielle Anderson, une ancienne professeure assistante de la Duke-NUS Medical School, a travaillé au sein de l’Institut de virologie de Wuhan. En réponse à l’article du Wall Street Journal, elle assure qu’aucune personne qu’elle connaissait à l’Institut de Wuhan n’est tombée malade à la fin 2019. Le Dr Danielle Anderson a été sidérée par la façon dont le journal dépeint le laboratoire et elle est convaincue qu’aucun virus n’a été créé de manière intentionnelle pour infecter la population. 

« Le coronavirus est un virus inconnu sans aucun signe de modification génomique et la théorie de la fuite d’un laboratoire ne possède aucune base scientifique », note Massimo Galli, le directeur de l’Unité des maladies infectieuses de l’Hôpital Luigi Sacco affilié à l’Université de Milan en Italie.

Peter Hotez, le doyen de la Faculté nationale de médecine tropicale au Baylor College of Medicine aux Etats-Unis, réfute la théorie selon laquelle le nouveau coronavirus a été créé en laboratoire : « Disons que l’origine artificielle [du virus] en laboratoire n’a pour moi aucun sens. Le point crucial consiste à comprendre comment les virus se transmettent des chauves-souris aux êtres humains, ou des chauves-souris à d’autres animaux puis aux êtres humains. »

Le 27 juin, le San Francisco Chronicle a publié un éditorial intitulé « La théorie de la fuite d’un laboratoire est toujours probablement fausse », qui souligne : « Des accusations infondées sur la culpabilité de la Chine pour le virus ont d’ores et déjà alimenté la xénophobie et la violence contre les Américains d’origine asiatique et les habitants insulaires du Pacifique dans la région de la Baie et à travers le pays. L’exagération récente plus large, mais aussi plus irresponsable, de la vraisemblance d’une fuite d’un laboratoire laisse présager des conséquences plus sombres pour trop de personnes. Les motivations et les machinations politiques, qui ont alimenté initialement d’obscures spéculations sur les origines du virus, continuent de jouer un rôle important. »

Une étude publiée le 19 avril 2021 par le journal Acta Mathematica Scientia et intitulée « Une analyse de la distance génomique entre le coronavirus des chauves-souris RaTG13 et le SARS-CoV-2 révèle les origines multiples du Covid-19 » suggère que le virus pourrait avoir trouvé son origine dans de nombreux pays presque simultanément, plutôt que de s’être propagé de la Chine au reste du monde.

Le 15 juillet, 44 pays ont adressé une lettre conjointe au directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus et 4 pays ont écrit des lettres séparées sur la question des recherches de l’origine du Covid-19. Tous soulignent que les recherches pour trouver l’origine du virus constituent une tâche scientifique et s’opposent à la politisation de cette question. Les pays devraient renforcer leur coopération dans cette enquête, plutôt que d’être victimes de la désinformation et de spéculations infondées.