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COVID-19 : l’OMS rejette la théorie de la fuite d’un laboratoire

French.china.org.cn | Mis à jour le 07. 07. 2021 | Mots clés : laboratoire,COVID-19,OMS

L’équipe d’experts organisée par l’OMS pour enquêter sur l’origine du nouveau coronavirus a rejeté les affirmations selon lesquelles le virus aurait fuité d’un laboratoire chinois, mettant en avant une enquête « cohérente et complète ».

« A ce jour, aucune preuve scientifique n’a été découverte soutenant la théorie selon laquelle le virus aurait été créé artificiellement dans un laboratoire. Cette théorie malavisée devrait être abandonnée », a déclaré Wu Zhiqiang, un chercheur de l’Institut de biologie pathogénique affilié à l’Académie des sciences médicales de Chine et l’Université médicale de l’Union de Beijing.

Wu Zhiqiang a été membre de l’équipe internationale, qui s’est rendue à Wuhan dans la province du Hubei du 14 janvier au 10 février pour étudier l’origine du virus SARS-CoV-2. L’équipe a été établie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et rassemblait 17 experts chinois et 17 experts étrangers. « Le respect des faits scientifiques était le fondement pour le lancement de cette mission. Au cours de celle-ci, les experts chinois et étrangers étaient unis et ont réalisé leurs recherches sous la condition préalable d’une ouverture et d’une transparence absolues », rappelle-t-il.

Dans un rapport publié le 30 mars, l’équipe de recherche a conclu que le virus s’était vraisemblablement propagé des chauves-souris aux humains, par le biais d’un animal intermédiaire. La probabilité que le virus ait fuité d’un laboratoire à Wuhan est « extrêmement improbable », note le rapport. C’est par le biais d’une méthodologie et d’une réflexion claires et impartiales que l’équipe est arrivée à ces conclusions, ont souligné les membres de l’équipe.

« L’équipe d’experts a commencé en analysant les données disponibles dans trois domaines : l’épidémiologie, l’épidémiologie moléculaire et les études animales et environnementales. En se basant sur les découvertes dans ces domaines et sur les suggestions qui en découlaient, l’équipe a ensuite proposé quatre origines possibles », indique Wu Zhiqiang.

La transmission directe du virus d’un animal à un humain et sa transmission par le biais de produits de la chaîne du froid ont également fait l’objet d’une enquête par l’équipe en tant qu’origines possibles du virus.

Liang Wannian, un professeur en santé publique de l’Université Tsinghua et chef de file du groupe d’experts au sein de l’équipe onusienne, note que les deux parties ont adhéré aux principes scientifiques et d’ouverture. Aucune des parties n’avait de points de vue prédéterminés, lorsque l’enquête a débuté.

Dans l’évaluation de la théorie selon laquelle le virus trouverait son origine dans un laboratoire, le rapport a confronté cette spéculation à des enquêtes basées sur des faits tangibles.

La présence de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2) humain et d’un site de clivage par la furine dans le gène du virus a été initialement interprétée comme une preuve de bio-ingénierie, car ces molécules permettent au virus d’entrer dans les cellules humaines. Cependant, le rapport note que l’ACE2 et la furine ont également été « toutes deux découvertes dans des virus animaux ».

Le rapport ajoute qu’avant décembre 2019, lorsque le premier cas domestique a été détecté à Wuhan, l’équipe n’a découvert aucun dossier sur des virus étroitement liés au SARS-CoV-2 dans aucun laboratoire, aucun génome suffisamment similaire à celui du virus, ni aucune preuve d’une transmission interhumaine. « C’est la raison pour laquelle, la possibilité d’une culture accidentelle du SARS-CoV-2 en laboratoire est extrêmement faible », indique-t-il.

De plus, les mesures de biosécurité dans les trois instituts impliqués dans la recherche sur les coronavirus à Wuhan étaient toutes adéquates. Aucun membre du personnel n’a été infecté par le virus d’après leurs dossiers médicaux et résultats de dépistage sérologique, note le rapport.

Peter Ben Embarek, le chef de file de l’équipe d’experts étrangers, a fait savoir qu’il était « très improbable que quoi que ce soit puisse s’échapper d’un tel endroit », se référant aux bonnes procédures de gestion de l’Institut de virologie de Wuhan, qui a été accusé à tort dans ces affirmations de fuite de laboratoire.

Dominic Dwyer, un virologue australien et membre de l’équipe de l’OMS, a souligné que les experts avaient pu discuter de nombreuses questions avec les employés du laboratoire à Wuhan, y compris de la biosécurité, des protocoles pour la gestion des matériaux, du suivi sanitaire, des zones de travail spécifique et des analyses sanguines des membres du personnel.

« Avec ces informations, nous avons été convaincus qu’il n’y avait aucune preuve flagrante d’un quelconque problème et qu’une analyse rétrospective appropriée avait été menée pour voir comment le laboratoire avait fonctionné à ce moment-là », a-t-il expliqué après la publication du rapport en mars.

Depuis la fin du mois de mai, certains médias occidentaux ont mis en exergue un rapport des renseignements américains, qui affirme que trois employés de l’Institut de virologie de Wuhan auraient ressenti des symptômes du COVID-19 dès l’automne 2019.

Cependant, Danielle Anderson, une virologue australienne qui a travaillé à l’Institut jusqu’en novembre 2019, assure que les protocoles de sécurité étaient complets et rigoureux. Aucune des personnes qu’elle a côtoyées à l’Institut n’est tombée malade à la fin 2019.

« Si des personnes étaient tombées malades, je pense que j’aurais été malade également, mais ça n’a pas été le cas. [...] J’ai été testée pour le coronavirus à Singapour avant de me faire vacciner et je ne l’avais jamais eu », explique-t-elle.

Les experts de la santé publique ont exprimé leurs inquiétudes sur le fait que ces spéculations infondées risquent d’approfondir la division au sein de la communauté scientifique et d’entraver les efforts pour mettre un terme à la pandémie.

« Tout le processus [de recherche de l’origine du virus] est empoisonné par la politique. […] Si vous vous voulez que les scientifiques fassent leur travail, collaborent [et] effectuent leurs recherches dans un environnement exempt de reproches pour trouver l’origine du virus, [...] nous demandons que cela soit fait dans un environnement dépolitisé, où la science et la santé sont les objectifs, pas les blâmes ni la politique », a tancé Michael Ryan, le directeur exécutif chargé du Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire de l’OMS.

Liang Wannian note que les débats intenses étaient fréquents entre les membres de l’équipe d’experts de l’OMS, qui partageaient tous le même objectif : recueillir des preuves et des faits.

« Nous sommes fiers car nos efforts conjoints ont permis de publier ce rapport, qui est un atout précieux pour le contrôle épidémique actuel et qui le sera pour les futures études. Nous sommes confiants car, en tant que scientifiques, nous sommes tous parvenus à des conclusions et des consensus, qui sont basés sur la science et sur des faits », souligne-t-il.

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Source:french.china.org.cn