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Le plus haut représentant de la Chine aux États-Unis fait ses adieux

French.china.org.cn | Mis à jour le 23. 06. 2021 | Mots clés : Chine,États-Unis

M. Cui Tiankai, le plus ancien ambassadeur de Chine aux États-Unis, quittera bientôt son poste pour retourner à Beijing, mettant ainsi fin à son travail de longue date dans le traitement des relations bilatérales les plus importantes au monde, qui demeurent encore aujourd’hui à leur point le plus bas depuis des décennies.

« Depuis que j'ai commencé à servir en tant qu'ambassadeur de Chine aux États-Unis en avril 2013, j’ai travaillé aux États-Unis pendant plus de huit ans », a déclaré M. Cui, âgé de 68 ans, dans une lettre d'adieu publiée lundi soir.

« Je partirai bientôt pour la Chine. Ce mandat, qui fut le plus long de ma carrière diplomatique à l'étranger, m'a permis de vivre de nombreux événements historiques, de rencontrer de nombreux amis et m'a laissé des souvenirs pour la vie », a-t-il indiqué dans sa lettre adressée à la communauté chinoise aux États-Unis.

M. Cui a souligné que les relations sino-américaines se trouvaient à un « carrefour critique », ajoutant qu'alors que la politique américaine envers la Chine subit une nouvelle phase de restructuration, elle est confrontée à un choix entre le dialogue et la coopération, ou la confrontation et le conflit.

Pour de nombreux Chinois, M. Cui est un exemple de la façon dont l'éducation peut changer la vie d'une personne en Chine.

« Je n'étais qu'un jeune diplômé du secondaire travaillant dans une zone rurale reculée de la province du Heilongjiang, dans le nord-est de la Chine », avait raconté M. Cui lors d'une réception le 17 avril 2013, quelques jours après son arrivée à Washington.

« Quand j'ai lu les informations sur la visite de (l'ancien secrétaire d'État américain Henry) Kissinger en Chine, j'ai eu l'idée fantasque qu'un jour je viendrais ici pour voir ce grand pays de mes propres yeux », avait-t-il déclaré.

En conséquence, M. Cui a étudié à l'université, est devenu enseignant puis a commencé à suivre une formation d'interprète pour les Nations Unies en 1979, lorsque la Chine et les États-Unis ont noué des relations diplomatiques.

Il a étudié à l'Université Johns Hopkins au milieu des années 1980 avant de retourner à Beijing, travaillant pour devenir vice-ministre des Affaires étrangères et ambassadeur au Japon avant d'être nommé en tant que plus haut représentant de la Chine aux États-Unis.

Pour ceux qui sont à Washington et au-delà, M. Cui est un diplomate chevronné doté d'un sens aigu de la navigation dans les eaux diplomatiques en cette période de tensions accrues entre les deux pays.

Andrew Mertha, directeur des études chinoises à la School of Advanced International Studies de l'Université Johns Hopkins, a déclaré que les pays intelligents envoyaient « le meilleur » pour les représenter à l'étranger.

Dans une précédente interview avec China Daily, M. Mertha avait indiqué que M. Cui « comprend les différentes réalités politiques dans les deux pays et est capable de les naviguer extrêmement bien ».

« Il représente absolument les intérêts de la Chine, mais il comprend également profondément les points de vue des États-Unis », avait noté M. Mertha.

Ce professeur a évoqué le fait qu'il faisait partie d'une délégation qui a rencontré M. Cui il y a des années, se rappelant que l'ambassadeur avait été « extrêmement critique » à l'égard de la politique américaine concernant la mer de Chine méridionale.

« Nous avons été convenablement réprimandés », a affirmé M. Mertha. « Et c'est l'une des voix les plus intelligentes, articulées et persuasives qui plaident pour l'engagement, un point de vue avec lequel je suis tout à fait d'accord. »

Huang Yanzhong, chercheur principal au Conseil sur les relations étrangères (Council on Foreign Relations), un groupe de réflexion américain indépendant, a tweeté au sujet du départ prévu de M. Cui : « On se souviendra de lui comme d'un gentleman et d'un diplomate chevronné pendant les périodes difficiles des relations américano-chinoises. »

La moitié du mandat de M. Cui s'est déroulée sous l'administration de l'ancien président Donald Trump, qui considérait que la Chine était une menace stratégique principale, ce qui, selon Beijing, est une « illusion de certains politiciens américains ». Ce point de vue a conduit Washington à mettre de plus en plus ses relations avec Beijing sur une trajectoire de collision.

« Un mythe prétend que la politique américaine envers la Chine au cours des 40 dernières années a échoué, car la Chine n'a pas copié le modèle américain dans ses systèmes politiques et économiques », a avancé M. Cui lors d'un symposium en janvier 2019 pour marquer le 40e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-américaines.

« De toute évidence, les personnes partageant ce point de vue n'ont aucune idée de la raison pour laquelle nous avons établi des relations diplomatiques en premier lieu. Au moins, la Chine n'a jamais eu la moindre idée de transformer les États-Unis, et pas une seule administration américaine n’a jusqu'à présent officiellement fait du changement du système social, de la voie de développement ou de l'idéologie de la Chine une politique officielle », a-t-il déclaré.

Le 10e ambassadeur de Chine aux États-Unis a tenu des entretiens fréquents et francs sur les principales chaînes de télévision américaines. À de nombreuses occasions, il a débattu avec des présentateurs d’émissions d’information sur des questions allant du Xinjiang et de Taïwan à la pandémie de COVID-19.

M. Cui a été cohérent dans ses interviews et ses articles en exposant son point de vue selon lequel la Chine et les États-Unis bénéficient tous deux de la coopération et y perdent tous deux en cas de confrontation, ajoutant que la coopération était le seul bon choix pour les deux parties.

L'ambassadeur a également encouragé les échanges de personnes entre la Chine et les États-Unis, avertissant que le déficit de compréhension était plus important et plus difficile à équilibrer que le déficit commercial entre les deux pays. Il a aussi noté que cela pourrait avoir un impact négatif plus durable « si nous ne faisons pas de notre mieux pour le réduire ».

Dans sa lettre d'adieu, M. Cui a déclaré qu'il espérait que les Chinois de l’étranger « continueront à être des promoteurs fermes et des contributeurs actifs au développement sain et stable des relations sino-américaines ».

« La relation sino-américaine n'a jamais été une relation simple, et n'a jamais été une relation qui peut être gérée facilement », avait indiqué M. Cui dans une allocution lors d'une soirée de bienvenue le 20 avril 2013, quelques jours seulement après avoir présenté ses lettres de créance au président Barack Obama. Joe Biden était alors vice-président.

Alors que M. Cui est sur le point de quitter les États-Unis, M. Biden est maintenant président depuis environ cinq mois.

Dans un message de félicitations adressé à M. Biden lors du premier jour de son mandat présidentiel, M. Cui a déclaré : « La Chine se réjouit de travailler avec la nouvelle administration pour promouvoir un développement sain et régulier des relations sino-américaines et relever conjointement les défis mondiaux en matière de santé publique, de changement climatique et de croissance. »

Il n'y a pas encore eu d'annonce sur qui sera le prochain ambassadeur de Chine aux États-Unis.

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Source:french.china.org.cn