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Il faut analyser objectivement les résultats du recensement chinois

French.china.org.cn | Mis à jour le 14. 05. 2021 | Mots clés : Chine

Les résultats très attendus du 7e recensement national de la population chinoise ont enfin été publiés le 11 mai par le Bureau national des statistiques (BNS): la partie continentale de Chine compte 1,41178 milliard d’habitants, soit une augmentation de 0,53 % par an en moyenne au cours de la dernière décennie.    

Les chiffres ont été rendus publics plus tard que prévu afin d’ajouter des renseignements détaillés sur les différentes régions et sur la structure de la population. Un retard ne dépasse pas les limites du raisonnable, mais qui avait suscité de nombreuses spéculations sur l’hypothèse d’une crise démographique encore plus profonde qu’anticipée. Le Figaro, par exemple, a mis en ligne il y a une semaine un article intitulé La puissance chinoise fragilisée par le déclin démographique, présentant sous un jour sombre le développement futur de la Chine.    

Pourtant, ce chiffre semble assez assurant, même si le pays s’expose à des défis plus lourds en raison du vieillissement plus accentué que prévu et de la chute de la natalité. D’après le BNS, la population chinoise âgée de 60 ans ou plus représente 18,7 % du total, soit une hausse de 5,44 points de pourcentage par rapport au chiffre enregistré en 2010 lors du précédent recensement. 

Le directeur du BNS, Ning Jizhe, a noté lors d’une conférence de presse que ces chiffres reflétaient les contradictions structurelles de l’évolution démographique chinoise. Et d’appeler à évaluer d’une manière objective les interactions entre les changements démographiques et le développement socio-économique.   

Primo, la réalité chinoise reste toujours celle d’une base démographique large et d’une population nombreuse, et de ce fait, les atouts de cet immense marché intérieur persisteront encore longtemps. Mais face à une croissance démographique ralentie, des mesures doivent être prises pour assurer un développement équilibré de la population à long terme. 

Secundo, la richesse des ressources en main-d’œuvre continue d’assurer à la Chine un dividende démographique. Mais le fait que la population en âge de travailler se réduit lentement nécessite des ajustements en matière de structure économique et de développement technologique.    

Tertio, la population est plus éduquée et instruite, ce qui constitue une force supplémentaire. Pour répondre aux pressions liées à l’emploi des étudiants, la Chine doit accélérer le rythme de la montée en gamme industrielle.    

Quarto, si le vieillissement est un fait accompli et persistant, les assouplissements du planning familial ont eu des effets positifs en termes de nombre d’enfants par couple.   

Finalement, la concentration démographique s’accélère, et de nouvelles exigences se font jour pour améliorer la qualité de l’urbanisation et promouvoir un développement coordonné interrégional. 

Mais une question nous hante encore: la chute de la natalité et le vieillissement  auront-ils des conséquences directes sur le développement socio-économique ? Yang Ge, chercheur adjoint à l’Académie des Sciences sociales de Chine, répond par l’affirmative, en revenant sur deux siècles d’industrialisation et en citant la théorie de la transition démographique d’Adolphe Landry. Ce démographe français pensait que la chute de la natalité provenait de l’élévation du niveau de vie et du désir d’ascension sociale, les gens souhaitant avoir une vie aisée en limitant la procréation. Selon les Perspectives démographiques mondiales 2019 publiées par l’ONU, le taux de fécondité 2015-2020 dans les pays à faibles revenus est de 4,52, contre 2,35 dans les pays à revenus intermédiaires, et 1,67 dans les pays à revenus élevés.    

Tous les pays qui favorisent l’industrialisation et la modernisation sont confrontés aujourd’hui à une baisse de la natalité, et la Chine n’est pas une exception. Selon M. Yang, sous la pression du vieillissement, le dividende démographique se manifestera qualitativement et non pas quantitativement comme par le passé. « Il nous faut donc nous appuyer toujours sur la stratégie d’innovation et accélérer la restructuration industrielle », a-t-il conclu. « Le problème démographique de la Chine n’arrêtera pas sa montée en puissance et le véritable défi réside dans la structure plutôt que la taille de sa population », résume Gideon Rachman, chroniqueur du Financial Times.  

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Source:Beijing Information