Selon une étude récente, la décoction Qingfei Paidu, largement utilisée en médecine traditionnelle chinoise (MTC) pour traiter les infections au Covid-19, pourrait aider à réduire de moitié le taux de mortalité des patients hospitalisés.

Cette étude a suivi plus de 8900 cas de Covid-19 traités dans 15 hôpitaux de la province de Hubei − la région la plus durement frappée par l’épidémie − entre janvier et mai 2020, avec près de 30 % des patients ayant pris cette décoction dans le cadre de leur traitement.

Les résultats suggèrent que le taux de mortalité pour les personnes suivant un traitement de MTC est de 1,2 %, tandis que celui pour les autres patients atteint 4,8 %.

Cette étude, dirigée par des chercheurs de l’hôpital Fuwai de l’Académie des sciences médicales de Chine et l’Université médicale de l’union de Beijing, conclut que l’utilisation du Qingfei Paidu est associée à une réduction de 50 % du taux de mortalité auprès des patients atteints du Covid-19 et hospitalisés, sans amplification des risques de lésions rénales ou hépatiques graves.

Cette étude a été rendue publique pour la première fois sur le site MedRxiv.org à la fin du mois de décembre dernier. Le 31 mars, elle a été publiée dans le journal Phytomedicine, une revue évaluée par des pairs.

D’après Li Jing, la directrice de l’équipe de recherche qui a mené cette étude, le Qingfei Paidu est la seule prescription recommandée pour le traitement de tous les patients, des cas bénins aux cas critiques, par les directives nationales de diagnostic et de traitement pour les maladies liées au Covid-19.

« L’utilisation particulièrement importante de la MTC auprès des patients hospitalisés lors de l’épidémie a créé une base solide pour notre recherche. En effet, il est crucial lors de l’évaluation de l’efficacité clinique d’un médicament donné de commencer par recueillir et analyser [les données] d’un nombre suffisamment important de cas », explique-t-elle.

Le Qingfei Paidu est une décoction, qui inclut plusieurs dizaines d’herbes et de racines utilisées en MTC, incluant l’ephedra, la réglisse ou encore l’amande amère. La version initiale de cette prescription trouverait son origine au cours de la dynastie des Han orientaux (25-220).

Zhang Boli, le président de l’Université de médecine traditionnelle chinoise de Tianjin, avait déclaré lors d’une précédente interview, que des études préliminaires montraient que ce traitement fonctionnait principalement sur les poumons, tout en offrant une certaine protection aux autres organes contre le virus. Il permet également d’enrayer la reproduction du virus, avait-il affirmé.

D’après l’Administration nationale de médecine traditionnelle chinoise, de précédentes études ont déjà attesté l’efficacité de ce remède à base de plantes dans la prévention de l’aggravation de cas bénins et modérés. Toutefois, son rôle dans la diminution du taux de mortalité n’avait pas encore été mis en évidence.

« Cette étude est de loin la plus grande recherche clinique sur le Qingfei Paidu et ses découvertes ont fourni une preuve éloquente de son efficacité pour sauver la vie de patients atteints du Covid-19 », indique l’administration.

A l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement spécifique approuvé pour les patients atteints par le coronavirus. Au cours de la lutte contre l’épidémie, 92 % des patients confirmés ont suivi un traitement de MTC, avec un taux d’efficacité atteignant les 90 % dans le Hubei, selon un livre blanc publié au mois de juin dernier.

Li Jing souligne que cette nouvelle étude est rétrospective et basée sur des cas réels.

« Si une étude clinique randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo peut être réalisée à l’avenir, l’efficacité clinique de ce traitement de MTC pourrait faire l’objet d’une vérification approfondie et son application au niveau mondial pourrait être développée », ajoute-t-elle.