A Bo’ao, Xi Jinping devrait élaborer sur la croissance

Mike Wells, le directeur général de Prudential Plc, la plus grande compagnie d’assurances de Grande-Bretagne, a fait savoir qu’il avait de grandes attentes vis-à-vis de la Conférence annuelle du Forum de Bo’ao pour l’Asie (FBA), même si les restrictions imposées sur les voyages du fait de la pandémie de Covid-19 signifient qu’il ne pourra participer à l’évènement que par liaison vidéo.

Mike Wells a indiqué que les conférences de cette année, qui se terminera ce mercredi, lui ont apporté des points de vue particulièrement intéressants sur la Chine. « Il s’agit d’une opportunité importante pour avoir un dialogue honnête avec les législateurs et les leaders d’opinion de la région. Cette année, j’ai hâte de contribuer à un sujet dont je suis passionné, à savoir la dynamique pour ouvrir le secteur financier en Chine », a-t-il souligné.

Il a ajouté qu’il avait eu la chance d’être présent à un moment phare du FBA en 2018, lorsque le président chinois Xi Jinping avait prononcé un discours liminaire et annoncé une série de décisions qui ont posé les jalons pour l’ouverture de divers secteurs en Chine, incluant le secteur bancaire, les valeurs mobilières, les assurances et le secteur automobile.

Cette année, pour sa cinquième participation au forum, Xi Jinping prononcera mardi un discours liminaire en visioconférence. Examinant la situation internationale actuelle et les risques et défis mondiaux, le président élaborera sur le concept chinois et la solution chinoise pour promouvoir la croissance et la prospérité asiatiques et mondiales, a annoncé lundi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin.

Mardi, la cérémonie d’ouverture rassemblera également les dirigeants de 14 pays, principalement de la région Asie-Pacifique, le président de la 75e Assemblée générale des Nations unies Volkan Bozkir, ainsi que la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva, qui participeront tous à la cérémonie par liaison vidéo.

Alors que le FBA fête cette année son 20e anniversaire, les analystes et les dirigeants d’entreprises ont souligné le rôle clé du forum, qui permet à la Chine de défendre le multilatéralisme et le libre-échange, mais aussi d’annoncer plus de mesures d’ouverture.

Shen Jianguang, économiste en chef chez JD Digits (la branche numérique et financière du géant chinois du e-commerce JD), estime que la Chine est passée au cours des 20 dernières années de « novice » en matière de mondialisation à championne du multilatéralisme et du libre-échange. 

La Chine venait tout juste de rejoindre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) lorsque le forum a été lancé en 2001 et l’année dernière, le pays est devenu le plus grand bénéficiaire des investissements directs étrangers.

« Le rythme de l’ouverture de la Chine ne s’est jamais arrêté et la Chine a continué à être une destination privilégiée pour les investissements étrangers au fil des années », fait-il remarquer.

En 2018, Xi Jinping a prononcé son discours, alors que la mondialisation subissait de nombreux revers, dans un contexte de mesures unilatérales prises par l’administration Trump aux Etats-Unis. 

« C’est dans ce contexte que le président Xi a défendu vigoureusement l’ouverture de la Chine à Bo’ao et ce discours a permis de relever de façon considérable la confiance des investisseurs internationaux », explique Shen Jianguang, qui participe cette semaine au FBA.

L’économiste cite entre autres les exemples de succès de la « gigafactory » de Tesla à Shanghai, qui a bénéficié des mesures permettant aux constructeurs automobiles de fonder des filiales en propriété exclusive en Chine, ou encore le plus grand projet d’investissement jamais entrepris par le géant allemand de la chimie BASF, qui fut le premier à capitaux exclusivement étrangers dans le secteur de la chimie lourde en Chine.

Après avoir signé le Partenariat régional économique global (RCEP pour Regional Comprehensive Economic Partnership) avec 14 autres nations participantes et conclu des négociations de principe sur un accord global sur les investissements avec l’Union européenne, la Chine envisage également de rejoindre l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP).

Ouvrir la voie

Cette année, le forum devrait aider les économies asiatiques et les divers pays du monde à établir un consensus sur le développement, ainsi qu’à redonner confiance dans la croissance, affirme Li Baodong, le secrétaire général du forum.

Un point central du forum de cette année est de promouvoir la coopération des nouvelles Routes de la soie, alors que l’initiative a soutenu la relance économique en Asie et dans les régions adjacentes, démontré la détermination des pays asiatiques à promouvoir la coopération internationale et fourni une « perspective asiatique » pour l’amélioration de la gouvernance mondiale, précise-t-il.

Zhu Feng, le directeur général du Centre de Chine pour les études collaboratives de la mer de Chine méridionale affilié à l’Université de Nanjing, note que le forum est également devenu une opportunité majeure permettant à la Chine d’échanger ses idées avec la communauté internationale.

« Alors que la pandémie doit encore être ramenée sous contrôle et que le monde lutte pour se rétablir de ses effets, l’appel du dirigeant chinois à élargir l’ouverture et à renforcer la gouvernance mondiale sera bien accueilli », assure-t-il.

Zhu Feng ajoute que le rôle de l’Asie s’est amplifié dans le paysage économique mondial et la nécessité d’un meilleur alignement des politiques internationales pour renforcer la gouvernance mondiale est aujourd’hui plus forte que jamais.

« Je pense que les dirigeants chinois vont essayer d’insuffler plus de confiance dans la coopération économique, la stabilité et la sécurité régionales », note-t-il.

Une plateforme clé

Chi Fulin, le président de l’Institut de Chine pour la réforme et le développement basé à Haikou, estime que le forum est devenu une plateforme clé pour le dialogue entre les législateurs et les dirigeants d’entreprise.

Il note que de plus en plus de dirigeants d’entreprise étrangers prêtent attention aux derniers développements sur le marché chinois et le forum a permis aux entrepreneurs étrangers de découvrir les tendances générales de la réforme et de l’ouverture de la Chine.

Ce forum permettra également d’entamer les discussions sur la façon dont la Chine peut promouvoir la mondialisation économique et assurer la stabilité de l’industrie et des chaînes d’approvisionnement dans le contexte des efforts actuels de la nation pour former un nouveau paradigme de développement avec le marché intérieur comme « pilier » et les marchés internationaux et intérieur se renforçant mutuellement.

D’après Sylvain Laurent, le vice-président exécutif « Infrastructure » de l’entreprise française d’édition de logiciels Dassaults Systèmes, le forum de Bo’ao fournit une plateforme de dialogue de très haut niveau permettant aux pays, aux officiels gouvernementaux et aux entreprises d’établir un consensus et de promouvoir conjointement le processus de l’intégration économique régionale.

« Ce forum est devenu un pont important reliant la Chine et le monde, ainsi qu’une plateforme d’échange internationale avec une influence mondiale. […] L’attractivité du marché chinois réside non seulement dans l’environnement plus standardisé des affaires et des investissements, mais également dans l’ouverture et l’attitude coopérative du gouvernement chinois. Nous pensons que le marché chinois aura à l’avenir plus de dynamisme et plus de potentiel », explique-t-il.

D’après Shen Jianguang, la région Asie-Pacifique est devenue la plus grande puissance de la croissance mondiale et la Chine en particulier se place en tête de la relance économique mondiale post-pandémique.

Alors que la Chine affiche une vitalité croissante dans sa croissance économique et démontre la résilience de ses chaînes industrielle et d’approvisionnement, le pays va renouveler son appel à édifier une communauté de destin pour l’humanité.

Mike Wells indique que son entreprise a vivement ressenti le soutien de la part des régulateurs chinois, lors de la poursuite de son exploration du marché chinois avec le groupe CITIC, son partenaire chinois.

« Nous sommes très positifs vis-à-vis de la Chine. L’ouverture de son secteur financier crée de nouvelles opportunités pour la collaboration entre les législateurs et les entreprises internationales, afin de trouver des solutions à des problématiques diverses, allant de la réduction de la pauvreté à l’accès aux soins de santé. […] La volonté d’ouvrir la Chine concorde avec notre objectif commercial d’approfondir notre présence sur le marché et de poursuivre l’investissement pour combler les lacunes en matière de santé, de protection financière et l’épargne », explique-t-il.