Une vaccination gratuite et volontaire contre le Covid-19 pour les travailleurs de la santé en première ligne

Le groupe China National Pharmaceutical (Sinopharm) propose désormais une injection volontaire gratuite de son vaccin inactivé contre le Covid-19 aux travailleurs médicaux en première ligne dans certains hôpitaux publics pour une utilisation d’urgence, alors même que la mise sur le marché de ce vaccin candidat n’a pas encore été officiellement approuvée. De nombreuses personnes ont fait la demande d’une vaccination volontaire, tandis que d’autres restent préoccupés par la sécurité et l’efficacité du vaccin candidat, qui continue de faire l’objet d’essais cliniques de dernière phase à l’étranger.

Une vaccination gratuite a été proposée aux travailleurs médicaux de certains hôpitaux publics de Shanghai, mais un grand nombre d’entre eux préfèrent attendre des résultats plus prometteurs dans la phase 3 des essais cliniques du vaccin candidat, explique un médecin de Shanghai souhaitant rester anonyme.

Même si la mise sur le marché de ce vaccin n’a pas encore été approuvée, son offre gratuite aux travailleurs de la santé est conforme à la réglementation, car l’utilisation de vaccins candidats non approuvés est autorisée en cas d’urgences majeures de santé publique sur une application et une durée limitées, notent les observateurs.

Sinopharm n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet.

Le 29 mai, le groupe a indiqué que les données cliniques sur plus de 2000 sujets ayant reçu une injection de l’un de ses deux vaccins inactivés montraient que la sécurité et la réponse immunitaire déclenchée par ces vaccins avaient été pleinement vérifiées et sans effets indésirables majeurs.

Le vaccin est désormais en phase 3 de ses essais cliniques aux Emirats arabes unis, où un premier groupe de quelque 15 000 volontaires enregistrés − incluant des citoyens émiriens et des expatriés − s’est fait vacciner le 16 juillet au centre médical Sheikh Khalifa Medical City (SKMC) d’Abou Dabi.

« Les médecins et les chercheurs de l’industrie du vaccin accueillent généralement plus facilement les injections volontaires que les cliniciens », souligne Tao Lina, une chercheuse en vaccins basée à Shanghai, qui va bientôt recevoir l’injection gratuite. 

« Les médecins spécialisés en immunologie sont plus confiants dans la sécurité du vaccin, car nous comprenons mieux la façon dont il suscite la réponse du système immunitaire. Au contraire, certains cliniciens sont plus inquiets des effets secondaires du vaccin, car ils ont beaucoup plus l’expérience des crises cliniques provoquées par les réactions indésirables de certains médicaments », note-t-elle.

« Cependant, les vaccins sont très différents des composés chimiques, dont le processus pharmacologique et métabolique contient de plus grands risques. Le mécanisme par lequel les vaccins déclenchent une réponse du système immunitaire est relativement mûr et le risque de réactions indésirables est généralement moindre que le risque d’effets néfastes sur la santé par une infection naturelle », souligne la chercheuse.

La vaccination par des injections de l’un ou l’autre des vaccins inactivés de Sinopharm avait également été proposée aux employés des entreprises d’Etat devant se rendre à l’étranger pour une utilisation en cas d’urgence, rapportait au mois de juin le Global Times.

Par ailleurs, plus de 1000 employés de Sinopharm − incluant le directeur du groupe − se sont fait volontairement vacciner, car les phase 1 et 2 des essais cliniques ont montré des résultats optimistes avec peu d’effets secondaires par rapport aux autres vaccins faisant actuellement l’objet d’essais.