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La décision sur Meng Wanzhou montre que le Canada a perdu son indépendance judiciaire, selon des experts chinois

French.china.org.cn | Mis à jour le 28. 05. 2020 | Mots clés : Meng Wanzhou,Canada,indépendance judiciaire
La directrice financière de la compagnie chinoise Huawei, Meng Wanzhou, à la Cour suprême de Colombie-Britannique à Vancouver, au Canada, le 20 janvier 2020. (Photo de Harrison Ha / Xinhua)


Jeudi, un tribunal canadien est allé à l’encontre des attentes générales de la Chine et a décidé de maintenir en détention surveillée à domicile la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou. Cette décision montre que le Canada a complètement renoncé à son indépendance judiciaire et diplomatique face à l'intimidation américaine, et cela annonce des relations sino-canadiennes « pire que jamais », ont avancé des experts chinois.

Le juge de la Cour suprême de Colombie-Britannique a jugé que les procédures d'extradition contre la responsable de Huawei devaient se poursuivre. Le juge a déclaré que le délit dont Mme Meng est accusée par les procureurs américains serait considéré comme un crime s’il s’était produit au Canada, a rapporté CBC News.

Des experts chinois ont indiqué que cette décision selon eux « injustifiée », qui signifie la poursuite de la détention à domicile de Mme Meng, n'aura aucun impact réel sur Huawei, car la société ne succombera pas aux États-Unis à cause d'une seule personne. Mais cela fera du Canada « un clown pathétique et un bouc émissaire dans la lutte entre la Chine et les États-Unis », ont-ils avancé.

La décision fera avancer l'affaire dans sa phase suivante, a expliqué au Global Times Zhi Zhenfeng, expert juridique à l'Académie chinoise des sciences sociales de Beijing.

« Le tribunal canadien doit encore entendre des appels sur divers sujets, tels que la question de savoir si les autorités canadiennes ont arrêté Mme Meng pour des raisons substantielles et sur la base du processus judiciaire », a indiqué M. Zhi.

La responsable chinoise a été arrêtée par les autorités canadiennes le 1er décembre 2018 à la demande des États-Unis pour des charges l’accusant d’avoir violé les sanctions unilatérales américaines contre le commerce avec l’Iran, ce qui a suscité l'indignation au sein du public et des responsables chinois et a plongé les liens sino-canadiens dans la tourmente.

La décision rendue jeudi a également attiré l'attention à travers tout le pays - non seulement du gouvernement central mais aussi du public - et a suscité un énorme sentiment en Chine, ont affirmé divers médias chinois.

Signe de l'attention accordée à cette affaire, le nom de Meng Wanzhou a figuré dans les tendances du réseau social chinois Sina Weibo pendant deux jours consécutifs. Les internautes chinois ont fait part de leurs attentes pour le retour de Mme Meng, tout en se demandant si le Canada pouvait « résister à l'impact du côté américain ».

« J'espère que la partie canadienne fera un “choix judicieux”, sinon elle continuera de faire les frais de la dégradation des relations entre la Chine et le Canada, et les sentiments des Chinois seront blessés à un point irréparable », a prétendu un internaute nommé Xiaohongsheng21.

« Le Canada se rendra compte que les pertes l'emporteront sur les gains », a posté un autre internaute nommé Jipinyouxi.

Un jour avant la publication de la décision, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Zhao Lijian a réitéré la position de la Chine sur cette affaire, avançant qu'il s'agissait d'un « événement politique grave » violant gravement les droits et intérêts légitimes des citoyens chinois, et ajoutant que Mme Meng devrait être libérée immédiatement.

La décision rendra les relations bilatérales « pires que jamais », a déclaré au Global Times He Weiwen, ancien haut responsable du commerce et membre du conseil exécutif de la Société chinoise des études de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

La détérioration des relations bilatérales se manifestera dans un premier temps par une dégradation des échanges commerciaux, a-t-il noté. « Vous pouvez toujours mener des projets ou passer des commandes à d'autres pays ».

Mei Xinyu, un expert proche du ministère chinois du Commerce, a indiqué que Mme Meng resterait probablement au Canada pendant des années. « Étant détenue par les États-Unis comme otage clé pour contenir la modernisation industrielle de la Chine et maintenir leur hégémonie parasitaire, les États-Unis ne laisseront pas Mme Meng libre », a-t-il prétendu.

« Le Canada subit des pressions américaines depuis le début, sinon il aurait pu bénéficier de la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies du monde », a-t-il poursuivi.

Même si les relations entre la Chine et les États-Unis s'améliorent, le Canada pourrait encore souffrir d'un fort sentiment de la part du public chinois s'il rend une « décision injustifiée » envers Mme Meng, ont avancé les experts.

« Néanmoins, la décision sur Mme Meng n'aura aucun impact sur Huawei », a déclaré au Global Times Xiang Ligang, analyste de l'industrie et spécialiste de Huawei.

Huawei ne s'inclinera pas devant les États-Unis concernant la « détention injustifiée » d'un individu, et le géant chinois de la technologie, qui a survécu à la répression incessante des États-Unis, avancera face aux vents contraires, tel un avion criblé de balles mais toujours en mission, a déclaré M. Xiang.


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Source:french.china.org.cn