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La Chine avance à grands pas vers sa mission sur Mars

French.china.org.cn | Mis à jour le 03. 12. 2019 | Mots clés : Mars

La Chine a progressé de façon constante vers son objectif de remplir sa première mission vers Mars dans les deux années à venir et les scientifiques chinois projettent déjà d’envoyer des astronautes vers la planète rouge.

La semaine dernière, les autorités spatiales chinoises ont effectué une expérience fondamentale pour la prochaine mission vers Mars dans la région de Huailai (province de Hebei), devant des dizaines de diplomates et de journalistes étrangers.

Selon Zhang Kejian, le directeur de l’Administration spatiale nationale de Chine (CNSA) qui a supervisé ce test, celui-ci était une première de son genre dans le pays et visait à vérifier la conception et la capacité de l’atterrisseur de la sonde robotique chinoise pour Mars.

C’était aussi la première fois que la Chine « ouvrait » sa mission vers Mars aux visiteurs étrangers, précise le directeur de la CNSA, ajoutant qu’il s’agit d’une étape concrète dans les échanges et la coopération de la Chine avec la communauté spatiale internationale.

Au cours de cette expérience, une version d’essai de l’atterrisseur de la sonde pour Mars, qui était attachée à une tour en métal de 140 m, a réalisé un vol stationnaire, une descente et des évitements d’obstacles dans un environnement simulé de gravité martienne sur le plus grand site d’essai pour l’atterrissage des objets spatiaux, dirigé par l’Institut de mécanique et d’électricité spatiales de Beijing (BISME).

Cet essai s’est déroulé devant la présence d’ambassadeurs et de diplomates de 19 nations, incluant la France, l’Italie et le Brésil, de représentants de délégations de l’Union européenne (UE), de l’Union africaine (UA) et de l’Organisation de coopération spatiale Asie-Pacifique (APSCO) en Chine, ainsi que d’un certain nombre de journalistes chinois et étrangers.

« A travers cet évènement, vous serez capables de mieux comprendre notre mission pour Mars et d’autres programmes d’exploration spatiale. Nous pouvons également discuter de la faisabilité d’une coopération approfondie. [...] Nous sommes prêts à accueillir les autorités spatiales, les organisations de recherche et les enthousiastes du monde entier souhaitant prendre part à nos projets spatiaux », a déclaré Zhang Kejian avant le début des essais.

Zhang Rongqiao, le concepteur en chef de cette première mission chinoise pour Mars, a expliqué sur le site que le processus d’atterrissage long de 7 minutes serait l’une des parties les plus difficiles et les plus « challengeantes » de la mission chinoise pour Mars. C’est la raison pour laquelle les ingénieurs ont bâti cette infrastructure, afin de simuler les conditions gravitationnelles et la surface de la planète rouge.

Ye Peijian, un scientifique spécialisé dans l’exploration spatiale à l’Académie chinoise de technologie spatiale (CAST), a fait savoir le mois dernier que le programme d’exploration martienne de la Chine progressait normalement et serait la première expédition planétaire du pays. Il a révélé que la mission serait lancée l’année prochaine et ferait atterrir une sonde inhabitée sur la surface martienne avant juillet 2021.

La distance la plus grande entre la Terre et Mars est d’environ 400 millions de kilomètres. La sonde devra donc voyager près de sept mois avant d’atteindre l’atmosphère martienne.

Comparée à ses prédécesseurs étrangers, la mission chinoise devrait réaliser de meilleures performances en matière de niveaux technologiques et de capacités d’ingénierie. Selon Ye Peijian, elle aura trois objectifs scientifiques à remplir : orbiter autour de la planète rouge pour une observation intégrale, atterrir sur le sol martien et envoyer un rover pour parcourir le site d’atterrissage. « Si nous y parvenons, cela deviendra la première mission martienne au monde à accomplir ces trois objectifs avec une seule sonde », souligne-t-il.

D’après la CNSA, la première sonde martienne du pays réalisera des investigations scientifiques sur le sol, la structure géologique, l’environnement, l’atmosphère et la présence d’eau sur Mars.

Sun Zezhou, le concepteur en chef de la sonde au sein de la CAST, indique que la sonde sera constituée de trois parties : l’orbiteur, l’atterrisseur et le rover. Le rover aura 6 roues et 4 panneaux solaires, et il sera muni de 13 instruments scientifiques. Il pèsera plus de 200 kg et opérera environ 3 mois sur la planète.

Dans la deuxième étape du programme chinois d’exploration martienne, une plus grande sonde sera envoyée sur Mars vers 2030 pour prélever des échantillons avant de revenir sur Terre. Sur le long terme, la Chine a en outre pour objectif d’envoyer des humains sur Mars, ont récemment annoncé les autorités chinoises en charge des missions spatiales habitées.

Pang Zhihao, un chercheur en technologie spatiale à Beijing, insiste sur le fait qu’il est très important que l’humanité atteigne Mars, notant que certains scientifiques chinois ont proposé d’effectuer une mission habitée vers Mars avant 2050.

« L’envoi d’astronautes [sur Mars] permettrait de nous donner de meilleures opportunités pour chercher des traces de vie sur cette planète. C’est important car dans notre système solaire, Mars est la planète qui ressemble le plus à la Terre. La recherche d’une possible existence de vie sur Mars nous permettra de mieux comprendre l’origine et l’évolution de la vie sur notre planète », affirme-t-il.

« Par ailleurs, il y a des théories selon lesquelles l’environnement martien était très similaire à celui de la Terre il y a quelques milliards d’années. Les missions habitées permettront de réaliser des enquêtes approfondies spécifiques, qui aideront à prévoir la façon dont la Terre pourrait évoluer », note le chercheur.

Toutefois, les scientifiques et les ingénieurs doivent encore surmonter un grand nombre de difficultés avant de réaliser des voyages habités vers Mars. « Tout d’abord, Mars est très éloignée de la Terre. La distance la plus proche est de 55 millions de kilomètres, ce qui signifie qu’un voyage aller-retour prendrait plus de 500 jours. Ensuite, pour avoir une fusée habitée entrant sur la trajectoire de transfert Terre-Mars, il faudra que celle-ci soit capable de voler à la vitesse de libération de 11,2 km/s », signale Pang Zhihao.

D’après lui, d’autres facteurs doivent également être pris en considération, comme les perturbations dans les communications entre la Terre et une fusée se dirigeant vers Mars, les sources d’énergie pour alimenter les opérations sur le sol martien et les risques sur la santé des astronautes engendrés par des séjours longs sur la planète rouge.

« La diminution de la densité minérale osseuse, les radiations spatiales et la santé mentale constitueront des menaces pour les astronautes et leur mission. Les scientifiques devront développer un système de support de vie biorégénératif fiable. [...] Bien entendu, s’ils parviennent à développer un système de propulsion qui change la donne, comme une fusée à propulsion nucléaire, la durée nécessaire pour une expédition sur Mars sera considérablement raccourcie et la complexité d’une telle mission sera fortement réduite », explique-t-il.

Au mois d’avril, une base de simulation de l’environnement martien sponsorisée par les autorités spatiales chinoises et le gouvernement local, située dans les collines désertes et balayées par le vent de la province de Gansu (nord-ouest), a ouvert ses portes au public − notamment aux plus jeunes − pour les aider à faire l’expérience de ce à quoi ressemblerait vraisemblablement la vie sur la planète rouge.


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Source:french.china.org.cn