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La métamorphose du village de Kangbu

French.china.org.cn | Mis à jour le 18. 11. 2019 | Mots clés : Kangbu,pauvreté

« Les recettes annuelles tirées de l’économie collective du village ne sont que de 1 500 yuans. Il faut plus d’argent pour que le programme en faveur du bien-être du peuple puisse être mis en application. Il s’agit d’un village assez sale et désordonné, peuplé d’habitants mécontents. Rappelons qu’il compte 14 foyers vivant sous le seuil de pauvreté…» Telle est la première impression que Gao Chao, directeur du département des arts et des sports du collège n° 3 de Zaozhuang, a eue concernant le village de Kangbu, situé dans le bourg de Malantun de l’arrondissement de Taierzhuang, à Zaozhuang (province du Shandong). Puis, en avril 2017, il a été envoyé en tant que premier secrétaire de la cellule du Parti pour ce village et dès lors, il a fait de l’élimination de la pauvreté une priorité.

Fermement déterminé, Gao Chao s’est fixé l’objectif de « développer davantage l’économie collective, en multipliant les sources de revenus pour permettre à tous les villageois de s’enrichir ».

Tout a commencé par l’inventaire des actifs et la vérification du capital. Suite à un examen poussé du cadastre, Gao Chao a constaté qu’une trentaine de foyers possédaient des terres arables en toute illégalité. Un manque à gagner pour le village. Si des loyers avaient été versés pour ces parcelles, ceux-là auraient pu renflouer les caisses collectives. Sur-le-champ, il a convoqué un conseil réunissant les membres du Parti et une assemblée de villageois. En avançant des principes juridiques et moraux, il a fini par récupérer 261 mu (1 mu=1/15 ha) de terres, avant de les redistribuer sous contrat. Par ces opérations, il a fait croître le revenu collectif de 130 000 yuans.

Rien n’échappe à l’œil vigilant de Gao Chao, pas même les petits lopins les plus reculés. Alors que nous nous promenons avec lui dans le village, force est de constater que tous les lieux qui étaient auparavant déserts sont désormais boisés. Sous la brise, les feuilles des arbres verdoyants frissonnent, apportant une touche bucolique au village.

« Il y a quelques années, ces endroits étaient couverts de fagots, meules de foin et équipements divers, ce qui a terni l’image du village », explique Gao Chao, qui ajoute que ces terrains sont irréguliers et trop petits pour cultiver des céréales. « Mais il est possible de les reverdir, afin d’embellir l’environnement et d’accroître les bénéfices pour les villageois », affirme Kong Fanfei, secrétaire de la cellule du Parti du village de Kangbu, que nous avons croisé au bord d’une petite parcelle triangulaire, au tournant d’une route.

Sous la direction de Gao Chao, Kangbu s’est lancé dans le développement d’une « économie des petits vergers ». Au total, plus de 5 000 poiriers et autres arbres ont été plantés en vue du reboisement, dont les fruits génèrent des revenus partagés entre la collectivité et les agriculteurs, selon un ratio de 2:8. Ces arbres, dont l’exploitation a été confiée à divers cultivateurs, rapportent chaque année 100 000 yuans à la collectivité, tout en enrichissant les villageois. Ces espaces jadis stériles se sont ainsi transformés en « corne d’abondance ».

Aux yeux de Kong Fanfei, Gao Chao manifeste un « génie des affaires » qui force l’admiration. Pointant du doigt une caisse d’épargne de la banque commerciale rurale de Zaozhuang, située à l’extrémité est d’un pâté de maisons, Kong Fanfei nous l’a décrite comme étant le fruit des efforts du secrétaire Gao Chao. « La coopération approfondie menée avec la succursale de China Tower à Zaozhuang et le parc écologique Xianghe apporte une augmentation annuelle de 41 000 yuans à Kangbu », affirme Kong Fanfei. En regardant au loin, nous pouvons apercevoir une tour géante du côté ouest de la route qui, tel un phare, indique aux villageois la direction à suivre pour aller de l’avant.

« Bip bip… » Un camion entre dans le village en klaxonnant. On nous précise que ce camion transporte des marchandises à destination de l’usine dédiée à la réduction de la pauvreté. Dans ce village désavantagé par sa main-d’œuvre peu qualifiée, ses possibilités d’emploi limitées et la difficulté pour les habitants de partir travailler dans les villes voisines, Gao Chao a néanmoins réussi, par l’intermédiaire de multiples collaborations, à collecter 480 000 yuans afin de construire cette usine à l’est du village dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. D’une superficie de 600 m², cette usine de structure en acier de haute qualité attire le projet consistant à fabriquer des vêtements de la marque Meide. Au final, 70 postes ont été créés, assurant aux habitants une hausse de revenus de 3 000 yuans par tête. Parallèlement, l’usine, mise en location, rapporte annuellement 30 000 yuans de plus à la collectivité.

« Ma petite-fille n’a qu’un an, et il est impossible pour ma belle-fille Zhang Wei qui doit s’en occuper de partir travailler à l’extérieur du village. Avec l’usine pour la réduction de la pauvreté, un système de salaire aux pièces a été mis en place. Ainsi, Zhang Wei peut travailler à proximité de son domicile. Les horaires de travail sont relativement flexibles, ce qui lui permet de contribuer aux revenus de son foyer, tout en s’occupant de son enfant », se réjouit le villageois Kong Qingming, le pouce dressé en témoignage de son approbation.

Nous pouvons donc constater que le revenu annuel collectif est passé de 1 500 à plus de 200 000 yuans aujourd’hui, sans même comptabiliser les recettes que génèrera « l’économie des petits vergers » l’année prochaine. Par ailleurs, 14 ménages pauvres (soit 30 habitants) qui vivaient sous le seuil de pauvreté sont sortis de la misère grâce à la nouvelle usine, source d’emplois et de profit.

Un village plus beau, des habitants plus heureux

Alors que nous explorons Kangbu à pied, nous remarquons que chaque foyer est à présent relié au réseau routier moderne. Le village est propre et ordonné, planté d’arbres touffus. Un air rustique, à la fois rafraîchissant et réparateur, souffle sur le village.

« Nous avons maintenant accès à l’eau courante et disposons de toilettes modernes. Des installations sportives ont été aménagées sur la place du village, ce qui nous permet d’aller faire de l’exercice le matin et en soirée. Nous menons une vie tout aussi agréable que si nous étions en ville », affirment plusieurs personnes âgées, l’air heureux. Elles se rappellent qu’autrefois, les trottoirs du village étaient en mauvais état et cahoteux. Les conduites du réseau d’eau étaient percées. La plupart des lampadaires, devenus vétustes, ne s’allumaient plus. Ils ne servaient qu’à décorer !

« Si j’ai été nommé premier secrétaire, c’est pour faire preuve de pragmatisme et accomplir de bonnes actions au profit des villageois. » Peu après son entrée en fonction, Gao Chao a rassemblé les habitants de Kangbu. Ceux-ci, pioche et pelle à la main, ont travaillé dur, 20 jours durant, sous une chaleur écrasante (plus de 30 °C au thermomètre) pour installer 2 km de tuyaux de distribution d’eau. Ce réseau permet à présent de puiser de l’eau de puits de haute qualité à 280 m de profondeur, puis de l’acheminer vers chaque foyer.

Quand il a découvert cette nouveauté, Zhong Fangwu, un villageois octogénaire, en avait les larmes aux yeux. « Nous puisions depuis longtemps de l’eau médiocre dans un puits peu profond. Avec cette eau, je n’arrivais jamais à bien faire cuire les haricots mungo lorsque je préparais de la soupe. Maintenant, ce n’est plus un problème ! »

Après avoir offert à chaque foyer un accès à l’eau courante, Gao Chao s’est affairé à recueillir plus d’un million de yuans pour financer la construction de routes asphaltées et bétonnées, sur une distance de 4 500 m et une superficie de 12 000 m², afin de desservir chaque habitation. Avec cet argent, il a également fait construire un réseau d’égouts de 3 000 m, pour que le village soit débarrassé des fosses odorantes utilisées auparavant. Parallèlement, il a fait valoir la politique de revitalisation des zones rurales pour obtenir une cagnotte de plus de cinq millions de yuans, qu’il a investie dans la modernisation des toilettes, la démolition des constructions illégales, le déblayage des divers matériaux entassés, la multiplication des espaces verts et l’embellissement des rues principales, ainsi que l’installation de plus de 200 lampadaires.

« Quand je sors dans la rue, je marche sur des routes bien planes, et non de la terre boueuse. C’est quand même plus pratique, même pour les personnes comme moi », nous confie Cheng Qitao, un habitant malvoyant âgé de 66 ans. Avant, en raison de sa mobilité réduite et des routes cahoteuses, il était contraint d’habiter dans la maison de retraite du bourg. Maintenant que les routes ont été réhabilitées, il ne craint plus de tomber et a donc décidé de retourner vivre dans sa maison.

Garder le souvenir des jours anciens

Kangbu est un village chargé d’histoire et de culture. Ayant été construit sous la dynastie des Han de l’Est (25-220), il est encore aujourd’hui entouré de tombes datant de cette période, de ruines de temples et de nombreux puits antiques. La vieille cité de Taïerzhuang et le parc écologique Xianghe aux paysages pittoresques sont tous les sites touristiques en voisinage. Ces héritages du passé constituent de nos jours des richesses exceptionnelles pour le village de Kangbu.

« Nous devons préserver le caractère local et notre style champêtre, protéger la nature et ne pas oublier l’histoire de notre pays natal. » Après diverses études, Gao Chao a avancé l’idée de présenter Kangbu comme un « village à la fois humain et idyllique », en accord avec ses caractéristiques respectives. Il est impératif de renforcer l’édification culturelle au niveau local, de sorte que les villageois vivent dans un cadre splendide, tout en gardant le souvenir des jours anciens.

Kangbu abrite désormais un musée, qui comprend des centaines d’outils agricoles anciens, des lanternes, des bouliers, des vieux tickets de rationnement pour la nourriture et le textile, des vieilles photos, etc. Ces scènes du passé sont progressivement revenues à l’esprit des aînés du village, qui ne pouvaient s’empêcher de ressentir de vives émotions. Les jeunes, qui n’avaient jamais vu ces objets de leur vie et qui connaissaient peu l’histoire de Kangbu, ont commencé également à comprendre comment s’est développé le village et à quel point la génération précédente était diligente dans le travail.

En outre, deux grandes places ont été établies, l’une dédiée à la culture et aux loisirs, et l’autre, dédiée aux exercices de remise en forme. Ces places, à l’aspect élégant et propre, sont devenues des grandes scènes où les villageois aiment aller pour faire montre de leurs talents et se divertir. Les habitants de Kangbu vivent à présent dans une ambiance harmonieuse et se montrent plus solidaires. Des bonnes mœurs ont été instaurées, pour le plus grand bonheur des villageois.

Ces deux dernières années, le village de Kangbu a dit adieu à la pauvreté et a rattrapé son retard. Il a même reçu de nombreux honneurs, ayant été reconnu comme : foyer de civilisation rurale dans la province du Shandong, village magnifique du Shandong, l’un des dix plus beaux villages de la ville de Zaozhuang et site pilote de l’édification du Parti à la base de Zaozhuang.

*Cheng Li est directrice du service d’actualités du département de la communication de l’arrondissement Taierzhuang (ville de Zaozhuang, province du Shandong).  

*Zhang Xiaoping est directeur du service politique de Zaozhuang Daily (province du Shandong).  

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Source:La Chine au Présent