Des journalistes chinois et français ont évoqué l'ancien président français Jacques Chirac après son décès à Paris à l'âge de 86 ans.
Une journaliste chinoise du nom de Wang, qui a interviewé M. Chirac il y a 15 ans durant son séjour dans le pays pour inaugurer l'Année de la France en Chine, a raconté quelques anecdotes datant du déplacement de M. Chirac à Shanghai.
En octobre 2004, dans l'amphithéâtre de l'Université Tongji, M. Chirac a prononcé un discours enthousiaste devant 700 étudiants, partageant ses idées sur l'importance des échanges entre les civilisations de l'Orient et de l'Occident, se rappelle Mme Wang.
A la fin de son allocution, une étudiante de Tongji lui a offert un tableau à l'encre présentant une bouteille émaillée. M. Chirac a deviné qu'elle était remplie d'un alcool qui était source d'inspiration pour les poètes chinois du passé, poursuit-elle.
Jacques Chirac avait une riche connaissance de l'histoire et de la culture chinoises. Il était capable de dater des bronzes et de citer tous les empereurs de la dynastie Sui, note la journaliste. Lors de ses visites à Xi'an, il était même capable de raconter l'histoire des guerriers en terre cuite sans l'aide d'un guide chinois, selon Mme Wang.
D'après elle, le président Chirac a passé le dernier jour de sa visite à jouer à des jeux électroniques dans une entreprise à capitaux exclusivement français basée à Shanghai et à prendre le métro conçu et fabriqué par le français Alstom. M. Chirac, debout dans la rame, observait le beau paysage de la ville pendant que le train ondulait entre les gratte-ciel. Il échangeait des mots avec ses accompagnateurs et les journalistes chinois en exprimant son admiration pour cette métropole qui traversait de rapides changements.
A la fin de son discours à la cérémonie d'inauguration de l'institut Pasteur de Shanghai, M. Chirac s'est approché de Chen Zhu, alors vice-président de l'Académie des sciences de Chine, pour lui serrer la main et l'embrasser, exprimant l'espoir de voir progresser l'amitié sino-française aussi longtemps que couleraient le Yangtsé et la Seine, raconte la journaliste.
Les relations entre la Chine et la France, qui ont fêté cette année leur 55e anniversaire, sont le fruit des efforts des présidents de l'époque, Mao Zedong et Charles de Gaulle, et constituent un exemple pour les relations entre l'Orient et l'Occident. Ces efforts ont été poursuivis par les générations successives de dirigeants chinois et français, dont Jacques Chirac, écrit Mme Wang dans un article célébrant l'anniversaire des relations diplomatiques Chine-France.
Jacques Chirac est le président français le plus connu des Chinois. C'est sous ses deux mandats que le développement des relations franco-chinoises a connu son âge d'or. Grâce à lui, les deux peuples ont chacun pu découvrir et visiter le pays de l'autre au lieu de se regarder de loin et de se contenter de leur imagination. Une myriade d'échanges culturels et économiques ont permis de combler la distance géographique entre la Grande Muraille et la Normandie, note-t-elle dans son article.
Les Années croisées Chine-France, un événement culturel sans précédent dans l'histoire des relations sino-européennes, ont porté leurs fruits. Davantage de Chinois visitent aujourd'hui la France et parfont
ainsi leurs connaissances de l'histoire et de la géographie apprises à l'école ; des gens de cultures différentes se rencontrent et se lient d'amitié ; et les inimitiés historiques disparaissent durant les visites et les échanges, explique une journaliste ayant couvert les événements de l'Année de la France en Chine, dont la cérémonie de clôture avait pour thème "Des Champs-Elysées à la Grande Muraille". Cela symbolise aussi la rencontre et le croisement des civilisations respectives des deux pays, conclut-elle.
M. Chirac, grand amoureux de la campagne et de la nature, a occupé les fonctions de ministre de l'Agriculture. Au cours de sa présidence, il s'est rendu chaque année au Salon de l'agriculture de Paris. Il y palpait l'arrière-train des chevaux pour évaluer leur forme, y trayait les vaches et y goûtait des fromages de Normandie, des bières et des vins de Saint-Emilion. Ses visites au salon étaient un sujet largement commenté par les médias français, selon Jean-Luc, un journaliste français qui a travaillé en Chine.
M. Chirac aimait les Français et prenait le temps de les saluer, de leur parler, de leur sourire et de les embrasser. Il incarnait une certaine idée de la France et du monde, a déclaré l'actuel président de la République, Emmanuel Macron, le qualifiant de grand Français, lors d'une allocution télévisée en son hommage le jour de son décès, le 26 septembre.
Une ancienne journaliste de l'agence de presse Xinhua (Chine nouvelle) n'oubliera jamais comment le président Chirac, du haut de ses 1m89, a terminé son allocution sur la scène de l'amphithéâtre à l'Université Tongji, déclarant ainsi :
"J'aime la Chine et j'éprouve un grand respect pour ce pays magnifique et son peuple."
M. Macron a désigné le président Chirac comme un homme qui portait en lui l'amour de la France et des Français.
Après le jour de deuil national observé le 30 septembre en France, le président Chirac a été inhumé au cimetière Montparnasse, ou reposent des célébrités comme Sartre, Duras et Maupassant.
Cela me donne une autre raison de retourner voir ce cimetière, indique une étudiante à l'Institut de diplomatie qui s'est rendue à l'Ambassade de France en Chine pour lui rendre hommage.
