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La Chine applique le tri des déchets

French.china.org.cn | Mis à jour le 09. 09. 2019 | Mots clés : tri des déchets


Une poubelle à deux bacs, l’un réservé aux « déchets divers » et l’autre aux « déchets recyclables », sur le Bund de Shanghai, le 1er juillet 2019


« Avant, devant chaque immeuble, il y avait une poubelle où l’on mettait toutes sortes d’ordures. Maintenant, l’université a installé des poubelles pour contenir différentes catégories de déchets. Dans la zone des dortoirs, on peut mettre des ordures sèches et des ordures humides dans des poubelles différentes ; pour des déchets nocifs ou des déchets recyclables, on doit marcher un peu plus loin. Généraliser le tri sélectif des déchets est nécessaire. Malgré les critiques de certains, je vais respecter moi aussi les règlements », explique Li Han, doctorant à l’université Fudan.

Selon Zhang Yiran, de la génération post-90 et employée dans une entreprise Internet, sa société a utilisé des poubelles à usages différents et proposé à ses employés d’étudier le guide du tri des déchets. « Lorsque je reviens dans mon quartier résidentiel, je dois déposer les ordures à l’heure et au lieu prévus. Un superviseur surveille à côté des poubelles. Au début, certains trouvaient ça très ennuyeux, mais maintenant, ils s’y habituent. »

L’application du tri des déchets va bon train à Shanghai. La ville pourrait devenir un modèle pour résoudre le problème du tri des déchets à travers le pays. On dit que Beijing va également légiférer sur le tri sélectif des déchets fin 2019. Les punitions seront plus sévères qu’à Shanghai. En Chine, de plus en plus de villes ont déjà publié ou sont en train d’élaborer des règlements sur la collecte des ordures pour diffuser le tri obligatoire des déchets à une plus large échelle et dans tous les domaines.

Le premier quartier résidentiel à appliquer le tri des déchets

Le tri des déchets date des années 1990 en Chine.

En décembre 1996, à l’initiative de Liao Xiaoyi, fondateur d’une ONG « Village planétaire », et Jiang Xiaoke, de la Fondation de la protection de l’environnement de Beijing, le comité des habitants du quartier résidentiel Dachengxiang de l’arrondissement Xicheng a publié une lettre adressée aux habitants du quartier, appelant au tri sélectif des déchets. Dès lors, le premier essai du tri des déchets a été mis en place à Beijing.

La rue Dachengxiang est très étroite. Le quartier éponyme ne comprend que deux immeubles. Quelques retraités sont assis sur des bancs dans la cour pour profiter de l’air frais. Un vieux monsieur, tout en agitant son éventail, nous a présenté, non sans fierté, l’histoire du tri des déchets dans ce quartier : « Voilà plus de 20 ans que nous insistons sur le tri des déchets ! » Les poubelles sont propres et sont divisées en trois catégories : déchets recyclables, déchets de cuisine et autres déchets. Les panneaux de publicité et les affiches montrent l’excellente tradition du quartier pour son tri des déchets. Mme Chen, directrice du comité des habitants du quartier résidentiel de Dachengxiang, nous a révélé : « pour le moment, 75 % à 80 % des habitants peuvent répondre à la demande du tri des déchets. »

En se rappelant du tri des déchets, elle se réjouit : « Ce quartier est destiné aux professeurs de l’arrondissement Xicheng. Leur niveau d’instruction était élevé. C’est pratique pour diffuser le tri des déchets. » Selon Mme Chen, le comité des habitants s’est d’abord appuyé sur des activistes d’ONG, des membres du Parti communiste chinois et des chefs des groupes d’habitants pour les sensibiliser à l’importance du tri des déchets. Ensuite, le comité des habitants a envoyé une lettre à chaque foyer, appelant au tri des déchets. Il a acheté six poubelles en plastique rouge et y a collé des étiquettes différentes. Ces poubelles ont été placées devant les deux immeubles. Les habitants ont activement répondu à l’appel et ont participé au tri des déchets. Ces déchets ont été collectés par des établissements spécialisés. En 23 ans, le tri des déchets n’a jamais été suspendu. « Le tri des déchets est déjà devenu notre habitude. Lorsque les voisins âgés déménagent ailleurs, ils ne s’habituent pas à la vie sans le tri des déchets. »

Aujourd’hui, le concept de la protection de l’environnement est ancré dans le quartier de Dachengxiang. La pratique de ces habitants est un bon exemple pour réduire les ordures et protéger l’environnement. Le succès attire de plus en plus de participants.

Une diffusion progressive

Avec l’accélération de l’urbanisation en Chine, le nombre des déchets urbains est étonnant.

Selon Jiang Jianguo, professeur à l’Institut de l’environnement de l’université Tsinghua et directeur de thèse, la façon traditionnelle de collecte des ordures et l’ancien système de traitement des déchets ne correspondent pas aux besoins actuels du traitement des déchets. Par exemple, il est très difficile de trouver un nouvel endroit pour enfouir des déchets, et l’incinération pourrait provoquer une nouvelle pollution. Pour ces raisons, le tri sélectif des déchets est nécessaire et urgent.

Dans ce contexte, en 2000, le ministère du Logement et de la Construction urbaine et rurale a publié l’Avis sur la publication des villes pilotes de la collecte des ordures, dans lequel huit villes chinoises, telles que Beijing, Shanghai, Guangzhou, Shenzhen, Hangzhou, Nanjing, Xiamen et Guilin, sont désignées comme les premières villes pilotes pour effectuer le tri des déchets. Cet avis a marqué le commencement de la collecte sélective des déchets.

Des années ont passé depuis, mais le tri des déchets ne semble pas faire des progrès. D’après Jiang Jianguo, des villes ont effectué des essais de tri des déchets mais le système de collecte sélective des déchets n’a pas été mis en place et les établissements d’accompagnement manquent. Ces essais n’ont pas atteint l’objectif prévu. En plus, la sensibilisation, l’orientation et les incitations liées au tri des déchets n’ont pas de force contraignante et les citoyens n’ont pas montré leur bonne volonté pour coopérer.

La publication des règlements contraignants et la généralisation du tri des déchets au niveau du pays sont nécessaires. En juin 2016, la Commission nationale du développement et de la réforme et le ministère du Logement et de la Construction urbaine et rurale ont publié le Projet du système du tri sélectif des déchets, demandant d’établir un système obligatoire du tri des déchets en ville et dans les milieux ruraux. Selon le projet, d’ici fin 2020, dans les villes pilotes où est appliqué le tri des déchets, 90 % des déchets seront triés de façon sélective et plus de 35 % des déchets seront réutilisés.

La Chine a une histoire de 20 ans dans ses tentatives pour faire le tri des déchets. Après des années de pratique, le tri des déchets s’engage sur la bonne voie.

Le traitement des ordures est un projet gigantesque et intégré

D’après Lou Ziyang, professeur adjoint à l’Institut de la science environnementale et de l’ingénierie de l’université Jiaotong de Shanghai, le traitement des déchets est une tâche complexe qui comprend la collecte sélective, le transport en catégorie, le traitement en catégorie et le recyclage. Il faut coordonner toutes les parties pour mener à bien ce travail.

« Si la collecte des déchets est bien menée, le recyclage et le traitement seront efficaces », commente Lou Ziyang. Par exemple, lorsqu’on sépare les déchets de cuisine des autres déchets, ceux-ci seront transformés en engrais ou fourrages de qualité.

Si les mesures d’accompagnement sont prises dans les étapes suivantes, le tri des déchets aura une importance significative. Selon Jiang Jianguo, la première étape du tri sélectif des déchets dépend de la coopération des habitants, alors que le recyclage et le traitement revient au gouvernement qui doit améliorer le système de collecte et de transport des déchets et établir des systèmes de recyclage et de traitement. Par exemple, il faut établir des usines pour traiter les ordures et construire des incinérateurs pour traiter d’autres déchets ou des ordures sèches.

Les déchets dans les quartiers résidentiels sont les plus difficiles à traiter. En plus des quartiers résidentiels, il y a encore les hôpitaux, écoles, quartiers de bureaux, parcs, marchés, gare ferroviaire. Les déchets sont différents selon ces zones. Jiang Jianguo ajoute : « Parmi les déchets urbains, il y a des déchets de grande taille, par exemple, des meubles, des matériaux du bâtiment usagés et des électroménagers usagés, qui demandent un système de recyclage et un système de traitement spécialisés. » C’est pourquoi il faut accélérer la mise en place du système de traitement des déchets qui comprend le dépôt en catégorie, la collecte en catégorie, le transport en catégorie et le traitement en catégorie pour généraliser le tri sélectif des déchets et élever l’efficacité de leur traitement.

Explorer les méthodes adaptées à la Chine

Lorsqu’on évoque le tri des déchets, on pense aux pays tels que le Japon, l’Allemagne et la Nouvelle Zélande. Le Japon pratique le tri des déchets le plus strict du monde avec des catégories très détaillées et des installations complètes. En Allemagne, le modèle de la collecte sélective des déchets créée par le groupe ALBA a été étendu à tout le pays. À Auckland, la plus grande ville de Nouvelle Zélande, le tri erroné des déchets peut entraîner un avertissement ou le refus de prendre les déchets.

La Chine peut s’inspirer des expériences réussies des pays développés en matière de collecte des déchets. Mais, elle ne peut pas tout imiter. Selon Jiang Jianguo, les déchets chinois sont différents de ceux dans les pays développés. D’abord, la cuisine chinoise est très différente de celles des pays occidentaux, donc le volume et les composants des ordures sont différents. Ensuite, Comme la Chine est caractérisée par une population nombreuse et une densité humaine très élevée, les ordures des villes sont énormes. Enfin, avec le développement de la vente en ligne, on peut se faire livrer rapidement les marchandises mais cela produit une grande quantité de déchets d’emballage. Ces caractéristiques font que le tri des déchets en Chine ne peut imiter celui adopté dans les pays développés. Il faut donc élaborer les méthodes de tri des déchets selon la situation chinoise.

En Chine, le tri des déchets dépendait avant de la sensibilisation et de la diffusion du concept et des connaissances. Cela n’est plus suffisant. Selon Lou Ziyang, la sensibilisation ne joue qu’un rôle d’influence, seule la loi a un pouvoir contraignant. Le tri des déchets en Chine doit combiner la sensibilisation et la législation et être appliqué progressivement. De plus, Jiang Jianguo souligne l’importance du système de contrôle du tri des déchets. Les contrôleurs du système surveillent si les déchets sont correctement classés, mais ils aident aussi les habitants à renforcer leur conscience sur le tri sélectif des déchets à travers leurs conseils et recommandations. Le système des contrôleurs jouera un rôle de plus en plus important dans la généralisation du tri des déchets en Chine.

Le tri des déchets est de la responsabilité de tous les habitants et reste une étape importante dans la construction de la civilisation écologique. Du premier quartier ayant appliqué le tri des déchets au tri des déchets contraignant, en passant par la mise en place des villes pilotes pour la collecte sélective, la Chine explore une méthode du tri des déchets adaptée à sa situation.

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Source:La Chine au Présent