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La Chine simplifie l’obtention du hukou

French.china.org.cn | Mis à jour le 09. 04. 2019 | Mots clés : Chine,hukou

La Chine est en train d’assouplir les restrictions pour l’obtention du hukou, le système d’enregistrement des foyers, dans les villes de deuxième et troisième rangs. Son objectif est d’aider 100 millions de travailleurs migrants à obtenir ce document.


Le gouvernement est en train de supprimer les restrictions dans les grandes villes comptant un à trois millions d’habitants, et d’alléger les restrictions dans les villes de trois à cinq millions d’habitants, selon une circulaire publiée lundi par la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR).


Cette mesure fait partie d’une campagne plus large visant à promouvoir une urbanisation d’un nouveau type en Chine, qui a notamment pour but d’aider quelque 100 millions de personnes vivant actuellement dans les villes sans avoir de hukou.




Selon les données publiques de 2016, la Chine compte 88 villes de plus d’un million d’habitants et 75 villes, dont la population est comprise entre un et cinq millions d’habitants.


Le hukou est un document crucial, qui permet aux résidents d’acheter un bien immobilier, d’enregistrer leur véhicule, d’avoir accès aux soins médicaux et de bénéficier de l’éducation publique. Avec l’expansion des villes, les gouvernements veulent réformer ce système et abaisser leurs seuils d’obtention.


Des mesures de soutien





D’après les analystes chinois, cette nouvelle mesure aura un impact sur les villes de deuxième rang et bénéficiera aux travailleurs migrants ruraux dans les villes.


« L’assouplissement de l’obtention du hukou

facilitera l’afflux des résidents ruraux qualifiés dans les villes », explique Ni Pengfei, un chercheur en développement urbain de l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC).




« Cette année est décisive dans la réalisation de l’objectif de l’édification d’une société intégrale de moyenne aisance », note la circulaire, qui appelle à l’amélioration du taux d’urbanisation d’un point de pourcentage. La Chine s’est fixé comme objectif l’année 2020 pour achever l’édification d’une société de moyenne aisance, éradiquant la pauvreté et multipliant par deux le PIB et le revenu par habitant par rapport aux niveaux de 2010.


En 2018, le taux d’urbanisation de la Chine atteignait les 59,58 %, selon le Bureau national des statistiques (BNS). La même année, près de 14 millions de résidents ruraux s’étant installés en ville ont obtenu leur hukou, d’après le rapport de travail gouvernemental présenté en mars par le Premier ministre Li Keqiang.


La population rurale travaillant dans les villes, les travailleurs migrants d’autres villes et les personnes ayant reçu une éducation universitaire ou une formation professionnelle seront catégorisés en groupes clés et encouragés à obtenir un hukou dans la ville où ils résident actuellement.


« Le transfert des populations agricoles vers les villes devrait permettre d’améliorer le niveau des terres arables par personne dans les zones rurales, apportant ainsi une réponse à la surcapacité de la main d’œuvre dans un contexte d’activités agricoles toujours plus intelligentes et mécanisées », note Huang Yanxin, un ancien officiel du Département de la réforme politique du ministère de l’Agriculture et des affaires rurales aujourd’hui à la retraite.


« Les populations rurales nouvellement urbanisées ayant de meilleurs revenus permettront d’accroître la demande et de stimuler l’économie », ajoute M. Huang. Selon lui, cette tendance stimulera également le développement dans les zones rurales.




Yan Yuejin, un expert de l’Institut de recherche E-house China, affirme que cette nouvelle mesure devrait permettre de stimuler le marché du logement, écorné par une série de mesures restrictives au cours de ces deux dernières années.




Dans la période de janvier à février, les ventes immobilières par zone dans le pays ont diminué de 3,6 % en glissement annuel, selon les données de la BNS.




« La demande dans les villes de deuxième et troisième rangs devrait s’accentuer sensiblement du fait de cette nouvelle mesure et les contrats immobiliers devraient augmenter considérablement au deuxième trimestre dans les capitales provinciales », prédit Yan Yuejin.




Selon lui, cette mesure d’assouplissement dans les villes de deuxième et troisième rangs annonce une transition de la restriction à l’encouragement pour la main d’œuvre qualifiée, avec des avantages ou des mesures de soutien à venir. « L’urbanisation contribue à près de 3 % à la croissance du PIB chaque année », souligne-t-il.




Cette nouvelle mesure permettra également d’intensifier la concurrence pour l’attraction des talents entre les villes chinoises, une tendance croissante depuis 2017.




Les mégapoles sont appelées à ajuster leur système de quota pour augmenter l’échelle des attributions de

hukou, ainsi qu’à simplifier le système de points pour les enregistrements de foyer.


M. Wang, un employé de bureau travaillant à Beijing et souhaitant rester anonyme, accueille favorablement cette nouvelle mesure, qui « instille plus de transparence au système actuel de points ». Toutefois, « la mise en œuvre au niveau local sera déterminante pour son impact final », nuance-t-il. M. Wang explique qu’il a envisagé de déménager à Chengdu, la capitale du Sichuan dans le sud-ouest de la Chine, où il pourrait obtenir un

hukou dès son arrivée.




Un rapport de l’entreprise Founder Securities indique que l’urbanisation permettra de créer une demande de logement équivalente à 610 millions de mètres carrés par an en Chine avant 2030.


De nombreux défis




La circulaire appelle par ailleurs le gouvernement à fournir de meilleurs services publics. Huang Yanxin note qu’il est crucial pour les villes d’adapter les afflux de nouveaux habitants au niveau adéquat de services publics, en étant notamment capable de scolariser les enfants et de proposer un logement abordable, plutôt que de procéder à un simple relogement des nouveaux résidents urbains.




D’après Ni Pengfei, l’enregistrement des travailleurs migrants ruraux déjà présents nécessitera une meilleure gouvernance de la part des administrateurs municipaux, notamment sur les services publics fondamentaux, tout en évitant les dépenses excessives.


La dette des gouvernements locaux en Chine était de 18390 milliards de yuans (2430 milliards d’euros) en 2018, selon les données du ministère des Finances.


« Une fois que les restrictions sur le hukou


sont assouplies, les villes doivent gérer attentivement la disponibilité des terrains et améliorer la gestion de leur marché immobilier pour empêcher toute transaction spéculative », souligne M. Ni.




La mise en place de pôles urbains, la résolution du fossé urbain-rural, ainsi que l’amélioration des systèmes d’investissement et de financement pour les villes, font également partie des tâches énumérées devant être abordées en 2019. 


Le développement des villes frontalières


Le document appelle aussi à accélérer la planification de la construction de groupes-villes frontaliers au nord de la chaîne montagneuse Tianshan dans la région autonome ouïgoure de Xinjiang (nord-ouest), ainsi que dans la partie centrale de la province de Yunnan (sud-ouest).


Un plan d’urbanisation du Xinjiang pour 2014 à 2030, qui a été revu et adopté en octobre 2017 par des experts chinois en développement, indique que le groupe-ville au nord du Tianshan, incluant la capitale régionale d’Ürümqi et la préfecture de Hami, formera le groupe-ville le plus occidental du pays, selon le site internet du ministère du Commerce.

Le groupe-ville du centre du Yunnan, incluant la capitale provinciale Kunming et la ville de Qujing, couvrira une surface de plus de 110000 km2. Cette région abrite par ailleurs la partie chinoise d’une voie ferrée longue de 414 km reliant la Chine au Laos. Il s’agit du premier projet ferroviaire étranger, dont les investissements, la construction et les opérations sont menés conjointement avec la partie chinoise. Cette ligne sera directement connectée au réseau ferroviaire chinois et devrait ouvrir à la circulation en décembre 2021.



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Source:french.china.org.cn