Selon un nouveau rapport, la Chine devrait dépasser l’Europe en tant que premier contributeur mondial à la recherche sur l’intelligence artificielle (IA) d’ici quatre ans.

L'étude des tendances mondiales en matière d'IA a également révélé que la Chine attirait plus de talents académiques qu'elle n'en perd, tandis que l'Europe, le plus grand marché de recherche sur l'IA au monde en nombre de publications, souffre d'un « exode des cerveaux ».

La société d'édition et d'analyse néerlandaise Elsevier a mené cette étude en se concentrant sur les trois plus grands pays et régions du monde contribuant à l'IA, à savoir la Chine, les Etats-Unis et l'Union européenne.

« L'Europe est toujours le principal contributeur à la recherche sur l'IA, mais continue de perdre des parts de publication », ont révélé les auteurs de l'étude. « Les Etats-Unis regagnent le terrain perdu au cours des cinq dernières années, et la Chine dépassera quant à elle bientôt l'Europe en termes de publications sur l’IA après avoir déjà dépassé les Etats-Unis en 2004 ».

Elsevier a analysé le nombre de publications de recherches provenant des pays et régions cités ci-dessus par périodes de cinq ans au cours des deux dernières décennies. Il en ressort que la part de l'Europe dans la recherche mondiale sur l'IA a constamment diminué.

L’Europe a contribué à 35% des publications entre 1998 et 2002, et cette part a ensuite diminué progressivement au cours des cinq années suivantes pour atteindre 30% entre 2013 et 2017.

Parallèlement, la part de la Chine a considérablement augmenté, passant de 9% des publications mondiales entre 1998 et 2002 à 24% entre 2013 et 2017.

Les Etats-Unis ont perdu du terrain à chaque période de cinq ans entre 1998 et 2012. Cependant, leur taux de publication a légèrement augmenté entre 2013 et 2017 pour atteindre 17% de la part mondiale.

« La recherche sur l'intelligence artificielle en Chine s'est développée très rapidement ces dernières années, augmentant ainsi l’importance mondiale du pays dans ce domaine », a déclaré Sun Zhenan, professeur à l'Institut d'automatisation de l'Académie chinoise des sciences.

« La Chine a des avantages uniques en matière de recherche et développement en technologie appliquée, par exemple dans le domaine de la reconnaissance faciale. L'enseignement de l'IA a reçu de plus en plus d'attention ces dernières années, non seulement dans les universités, mais aussi dans les collèges professionnels et même dans les écoles secondaires et primaires. Cette base croissante de talents en intelligence artificielle aura pour résultat un développement futur encore plus important du domaine de l'IA en Chine », a-t-il ajouté.

Les auteurs du rapport ont noté que la Chine « aspirait à devenir le leader mondial de l'IA » et était soutenue par « des politiques ambitieuses et une croissance rapide ». Un « gain de cerveau » net de chercheurs en IA suggère également un environnement de recherche de plus en plus attrayant.

Au cours des 20 années analysées, la Chine a enregistré un excédent de 0,1% de chercheurs en IA, avec un exode migratoire de 3,5% des chercheurs et une augmentation des arrivées de 3,6%. Les Etats-Unis ont enregistré un excédent de 0,3% sur la période. Parallèlement, en Europe, 7,8% des chercheurs ont quitté la région contre 6,8% qui y sont arrivés, ce qui a entraîné une perte nette de talents en IA de 1%.

L'étude a également révélé que les talents en intelligence artificielle migraient de plus en plus du secteur universitaire vers l'industrie, et que la montée en puissance de grandes entreprises de technologie aux Etats-Unis et en Chine pourrait contribuer à la « fuite des cerveaux » européens.