Envoyer [A A]

La Chine convoque les ambassadeurs des Etats-Unis et du Canada dans l’affaire de l'arrestation de la directrice financière de Huawei

French.china.org.cn | Mis à jour le 10. 12. 2018 | Mots clés : Huawei


Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Le Yucheng, a convoqué d'urgence l'ambassadeur américain en Chine, Terry Branstad, dimanche pour adresser des représentations solennelles et de fortes protestations contre la demande infondée adressée au Canada pour la détention d’une dirigeante de la société Huawei.

La Chine exhorte les Etats-Unis à prendre des mesures immédiates pour corriger cette erreur, qui est « extrêmement odieuse », et à annuler le mandat d’arrêt, en précisant qu'elle prendra d'autres mesures, a indiqué Le Yucheng, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères publié dans la nuit de dimanche.

Le Yucheng a également convoqué samedi l'ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum, pour adresser des représentations solennelles, affirmant que le Canada ferait face à de graves conséquences et serait tenu responsable si le pays n’ordonnait pas une libération immédiate. Des experts chinois ont déclaré dimanche que les conséquences graves pourraient inclure des sanctions commerciales, la dégradation des relations bilatérales et la perte de confiance du peuple chinois vis-à-vis du Canada.

Ni Feng, directeur adjoint de l'Institut d'études américaines de l'Académie des sciences sociales de Chine, a fait savoir dimanche au Global Times que les Etats-Unis se servaient du Canada comme d’un pion et que des relations dommageables avec la Chine porteront également atteinte à ses propres intérêts.

Li Haidong, professeur à l'Université des affaires étrangères de Chine, basée à Beijing, a déclaré dimanche au Global Times que les échanges commerciaux entre les deux pays pourraient être affectés à la suite de cet incident.

Les échanges bilatéraux entre la Chine et le Canada ont atteint 46,6 milliards de dollars canadiens (35 milliards de dollars américains) au premier semestre 2018 et la Chine reste le deuxième partenaire commercial du Canada, selon les données publiées en août sur le site du ministère chinois du Commerce.

Les échanges humains pourraient également chuter, car moins d'hommes d'affaires ou de touristes iront au Canada si leur sécurité personnelle ne peut être assurée, a ajouté M. Li.

Les dirigeants canadiens n'ont pas anticipé l'avenir et la gravité de la réaction de la Chine, a par ailleurs souligné M. Li, notant que la Chine considérait le dossier comme une affaire politique plutôt que juridique, comme l'ont déclaré les dirigeants canadiens.

Mme Meng a été arrêtée à Vancouver le 1er décembre et risque l'extradition vers les Etats-Unis après qu'elle ait été accusée vendredi d'avoir enfreint les sanctions américaines contre l'Iran, a rapporté samedi la BBC. L'affaire a été ajournée à lundi, le tribunal ayant décidé d'autoriser sa mise en liberté sous caution, a rapporté la BBC.

« Nous continuerons à suivre l'audience sur le cautionnement lundi. Nous sommes convaincus que les systèmes juridiques canadien et américain aboutiront à une bonne conclusion », a déclaré un porte-parole de Huawei au Global Times ce week-end.

Mme Meng n'a enfreint aucune loi canadienne mais a été arrêtée par les autorités canadiennes à la demande des Etats-Unis, selon un commentaire de l'agence Xinhua publié dimanche. Les Etats-Unis ont toujours placé leur législation nationale avant les lois internationales et le Canada fait les frais de la tactique d'intimidation des Etats-Unis, selon Xinhua.

En cédant à la demande des Etats-Unis, le Canada montre qu'il s'agit davantage d'un Etat dépendant des Etats-Unis que d'un pays souverain, a déclaré M. Li.

C'est une grave violation des droits humains que de menotter une citoyenne chinoise et de la traiter comme une criminelle condamnée avant son procès et son jugement, a souligné un commentaire du Quotidien du Peuple dimanche. « Comment un pays civilisé peut-il faire une chose pareille ? », demande le commentaire. 

« La directrice financière de Huawei a des problèmes de santé comme l'hypertension artérielle et des troubles du sommeil, et elle est toujours en convalescence après une opération à la nuque en mai. Pourtant, elle n'a pas pu obtenir les accommodements humanitaires nécessaires du Canada », s’offusque le commentaire de Xinhua.

La détention de Mme Meng a eu lieu alors que la Chine et les Etats-Unis se sont mis d'accord sur une trêve commerciale de 90 jours pour atténuer le différend sur les droits de douane et réparer des liens endommagés.

« Le timing ne pourrait pas être pire, et d'après ce que l'on peut en dire, il reflète le chaos général de l'administration Trump », selon un commentaire du Washington Post publié samedi. « Le dossier contre Huawei et ses dirigeants peut être légitime en vertu de la loi américaine, mais c’est une erreur politique affreuse », précise l'article.

Réponse partagée

Selon des analystes, il est intéressant de noter que l’endiguement de la Chine et de la technologie du pays provient non seulement des Etats-Unis, mais également de ses alliés. L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont en effet rejoint les Etats-Unis pour interdire à Huawei de fournir la technologie nécessaire à l’installation de leur 5G, a rapporté CNBC mercredi.

Tous les pays ne suivent cependant pas les Etats-Unis. Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré vendredi que les investissements de Huawei étaient les bienvenus en France, a rapporté Xinhua.

Des médias occidentaux comme le magazine allemand Der Spiegel ont également mis en cause les accusations américaines contre des entreprises chinoises, affirmant que les Etats-Unis n’avaient jamais fourni de preuves concrètes et que la méfiance à l’égard des produits chinois était limitée en Allemagne, alors même que les Etats-Unis prétendent qu’ils ne sont pas fiables.

Outre la Chine, les pays émergents doivent également subir l’endiguement de la part des pays développés lorsqu'ils mettent en danger les intérêts de ces derniers. La réforme d'organisations internationales comme l'Organisation mondiale du commerce et la Banque mondiale devrait contribuer à enrayer cette tendance dangereuse, ont déclaré des analystes. La réforme de ces organisations devrait empêcher les pays de « politiser » le commerce normal ou d'utiliser des moyens qui ne viennent pas du marché pour contenir le développement d'une entreprise étrangère en raison de la dynamique ascendante ou de la grande qualité de ses produits, a déclaré M. Li.


Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source:french.china.org.cn