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« La Chine et le Japon doivent promouvoir ensemble la protection environnementale »

French.china.org.cn | Mis à jour le 14. 06. 2018 | Mots clés : Chine,Japon

China.org.cn, Shao Moyuan

12 juin 2018

 

Le 5 juin marquait la 47e Journée mondiale de l'environnement inaugurée par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Il y a quelques jours, China.org.cn a interviewé Kaji Takashi, chef du bureau environnemental en Chine de l’Agence japonaise pour la coopération internationale (JICA). Il a abordé les expériences du Japon en matière de protection de l'environnement et la coopération du pays avec la Chine dans ce domaine ces dernières années. M. Kaji a rappelé que les deux pays sont séparés par une mer étroite, et qu’ils ont donc le devoir de travailler ensemble à la protection de l'environnement.

 

Du traitement à la prévention

Avec le développement de l'économie chinoise, qui a entraîné des changements dans les modes de consommation et de vie, la quantité de déchets urbains a augmenté continuellement. Selon les estimations des experts du Forum sur les déchets urbains 2017, la production annuelle de déchets ménagers en Chine dépasse maintenant 400 millions de tonnes. Un rapport publié par l'Institut national de recherche et de développement stratégique de l'Université Renmin de Chine évaluait à 1,12 kg le volume quotidien de déchets ménagers en Chine par habitant en 2015.

 

Kaji Takashi indique que le volume de déchets par habitant au Japon a atteint un sommet à 1,185 kg par jour en 2000, avant de commencer à diminuer d'année en année. Selon les données du ministère japonais de l'Environnement, la quantité de déchets ménagers produite par le pays en 2017 était de 43,98 millions de tonnes, soit 0,8 % de moins que l'année précédente et une moyenne par habitant de 939 grammes par jour. La quantité totale de déchets est mieux contrôlée et la politique du tri a joué un rôle.

 

Au Japon, la politique de tri a plus de cinquante ans. En 1963, le pays a mis en vigueur une politique d'incinération de tous les déchets et les villes ont commencé à encourager le tri entre déchets combustibles et non combustibles. Au début des années 1990, des problèmes fréquents tels que le déversement illégal de déchets ont suscité de vives discussions dans les médias. Il y a vingt ou trente ans, la participation de la population aux efforts de protection environnementale est devenue courante. En 1995, le Japon a promulgué la Loi sur le recyclage et l'utilisation des emballages, afin de promouvoir le recyclage par catégorie. Après cela, les autorités locales ont formulé des règlements adaptés aux caractéristiques de chaque région.

 

Kaji Takashi estime qu'outre la réglementation, la conscience environnementale des citoyens a joué un rôle important. « Les Japonais se soucient beaucoup des gens autour d'eux; si quelqu'un ne trie pas les ordures comme il faut, il peut être critiqué par ses voisins, ce qui est vécu comme une humiliation. »

 

En outre, les gouvernements locaux publient fréquemment leurs statistiques sur la gestion des déchets, notamment sur la quantité de déchets recyclés, ce qui permet de voir quelles mesures sont efficaces et dans quels domaines. Cette approche fait que tout le monde ressent un sentiment d'accomplissement en participant à la protection de l'environnement, et donc au tri actif des déchets.

 

Il explique que le concept de gestion des déchets au Japon est passé du 3R (réduire, réutiliser, recycler) au 2R, c'est-à-dire un accent mis sur la réduction à la source et la réutilisation, par exemple avec une simplification des emballages, en donnant une deuxième vie aux produits, etc. Cela vise à réduire fondamentalement la production de déchets. M. Kaji suggère que la Chine encourage également l’ensemble de la société à réduire la production de déchets à la source.

 

Après la guerre, la reprise économique a été rapide au Japon, et les problèmes de pollution sont également arrivés vite. La maladie de Minamata, la maladie Itai-itai et d'autres sont devenues les symboles de la pollution du Japon. Aujourd'hui, après des décennies d'efforts, il est rare que le Japon connaisse des pics de pollution.

 

Kaji Takashi observe qu'au Japon aujourd'hui, la prévention des problèmes environnementaux est encore plus importante. « Les entreprises japonaises installent à l'avance des équipements pour détecter et garder la pollution sous contrôle, le gouvernement étudie l'expérience des autres pays pour promulguer des règlements qui permettent d’établir une prévention précoce. »

 

En Chine, les services sociaux s’attaquent aussi au fardeau environnemental

Malgré la forte pollution atmosphérique observée ces dernières années en Chine, ainsi que la pollution des ressources en eau et le problème important des déchets, M. Kaji remarque que les consciences s’éveillent de plus en plus.

 

Lorsqu’il est arrivé cette année pour la première fois dans la partie continentale de la Chine, il a constaté que beaucoup de villes avaient pris des initiatives environnementales concrètes et que les gens avaient de bonnes habitudes. « Par exemple, de nombreuses villes chinoises ont des vélos en partage, ce qui est non seulement pratique pour les citoyens, mais aussi un moyen de se déplacer à très faibles émissions de carbone. Je vais aussi au travail à vélo tous les jours. En outre, la plupart des Chinois utilisent maintenant des moyens de paiement électroniques, ce qui permet d’éviter dans une certaine mesure les billets de banque, les reçus et autres papiers. J’ai aussi remarqué que dans les supermarchés et autres lieux, les vendeurs prennent l'initiative de demander si le client veut un sac en plastique, et le cas échéant, les sacs sont vendus. Au Japon, si le client ne dit pas qu’il ne souhaite pas avoir de sac, le vendeur emballe ses provisions pour lui dans des sacs en plastique », explique-t-il.

 

Dans l’avion qui l’emmenait en Chine, il a découvert que de nombreux Chinois utilisent leur propre bouteille en verre. « Je ne sais pas si cela est fait pour des raisons environnementales, mais l'effet est de réduire l’utilisation de bouteilles en plastique ou de verres en papier. Je pense que le gouvernement devrait encourager tout le monde à agir de la sorte, cela donnera de très bons résultats. La protection de l'environnement exige une participation de tous! » affirme-t-il.

 

La protection de l'environnement, un thème d’intérêt commun à la Chine et au Japon

Depuis le lancement de l’ère de réforme d’ouverture de la Chine en 1978, la JICA coopère avec des institutions chinoises. Depuis quarante ans, la protection de l'environnement est au cœur du travail de l’agence en Chine.

 

En 1980, les deux gouvernements ont signé un Accord de coopération en matière de protection de l'environnement dans l'espoir d'obtenir des résultats concrets. En 1996, le gouvernement japonais a accordé un don de 10,5 milliards de yens et le gouvernement chinois a mobilisé des fonds de 66,3 millions de yuans pour l’établissement du Centre d'amitié sino-japonaise pour la protection de l'environnement. La JICA a utilisé cette plateforme pour mener une série de projets de coopération autour des mesures politiques, des institutions, de la construction organisationnelle et de la formation du personnel en Chine.

 

« Dans le passé, le Japon a rencontré de nombreux problèmes environnementaux tels que la pollution atmosphérique, la pollution de l'eau, la pollution par les métaux lourds et ainsi de suite. Grâce à la gouvernance, voici où nous en sommes aujourd'hui. La Chine est voisine du Japon, beaucoup de ses problèmes environnementaux actuels ont été vécus par le Japon et il est prêt à partager ses expériences avec la Chine », explique M. Kaji.

 

L’agriculture est actuellement l'une des principales sources de pollution en Chine, c’est pourquoi la promotion des technologies agricoles respectueuses de l'environnement est devenue un point important de la coopération sino-japonaise. En 2015, la JICA, en collaboration avec l'Académie chinoise des sciences agricoles, a lancé trois projets de recherche et de développement technologique et agricole durable dans sept municipalités et provinces comme Beijing, le Ningxia et le Heilongjiang pour réduire les engrais chimiques, privilégier les films plastiques biodégradables dans la protection des jeunes pousses et d'autres missions.

 

Au début de l’année 2018, le Centre d'amitié sino-japonaise pour la protection de l'environnement a présenté les résultats des projets menés avec la JICA en 2017, et le groupe d'experts japonais de la JICA a réaffirmé son engagement dans la coopération environnementale sino-japonaise, dans l’espoir que les trois prochaines années donnent de beaux résultats aux projets en cours, et que la coopération environnementale et les échanges entre la Chine et le Japon se renforcent d’année en année.


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Source:french.china.org.cn