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Le nouveau livre de Xi Jinping : l'essentiel pour comprendre la Chine

French.china.org.cn | Mis à jour le 16. 04. 2018 | Mots clés : Xi Jinping
Le 27 novembre 2017, des éditions réputées de 16 pays signent un mémorandum sur la publication de La gouvernance de la Chine.

Pour quiconque envisage d’étudier sérieusement les politiques actuelles et futures de la Chine, l’idéal est de commencer par lire le second volume de l’œuvre de Xi Jinping, La gouvernance de la Chine.

Et ce pour une raison évidente : pourquoi parcourir les interprétations des uns et des autres sur ce qu’il se passe dans ce pays lorsqu’il est possible de consulter directement les analyses formulées par la personnalité au centre des décisions ?

Ainsi, les Éditions en langues étrangères (Foreign Languages Press), en publiant sans tarder ce volume qui compile les discours tenus par Xi Jinping entre le mois d’août 2014 et le mois de septembre 2017, contribuent de manière non négligeable à la compréhension de la Chine à l’échelle internationale.

Ceux qui ne connaissent pas les caractères chinois n’ont plus d’excuse : au lieu de passer leur temps à lire exclusivement des études sur la Chine rédigées par des étrangers, ils devraient étudier l’analyse dressée par le pays lui-même. Les Chinois seraient étonnés de voir le nombre de soi-disant « sinologues » occidentaux qui n’ont jamais lu le moindre ouvrage de Deng Xiaoping ou Mao Zedong, se contentant de feuilleter des biographies ou des commentaires d’Occidentaux à leur propos !

Désormais, les discours de Xi Jinping sont compilés en anglais dans deux recueils de plus de 1 000 pages au total, qui ont été largement promus et distribués à l’étranger. De ce fait, les personnes intéressées ont largement la possibilité de lire les analyses exposées par le président chinois. Et quiconque s’abstient de le faire ne pourra pas, de toute évidence, être considéré comme un fin connaisseur de la Chine.

Comme ce dernier volume compte à lui seul 600 pages, il serait impossible d’en établir un examen complet dans l’espace qui m’est réservé pour cet article. Les 17 sections qu’il comporte couvrent une variété de thèmes, allant de l’État de droit à la culture, sans oublier l’environnement. Plutôt que de passer en revue les nombreux sujets abordés de manière assez superficielle, il est préférable de se concentrer sur un sujet en particulier, qui servira d’exemple type, puis d’analyser ses liens avec les autres chapitres du livre ainsi qu’avec le précédent volume de La gouvernance de la Chine. Puisque les lecteurs étrangers vivant hors de Chine ressentiront l’influence chinoise principalement au travers des relations internationales et de la politique étrangère préconisée par la Chine, ce sont ces deux sujets allant de pair que j’ai choisi de traiter.

La communauté de destin pour l’humanité

Le concept de « communauté de destin pour l’humanité » lancé par Xi Jinping et exposé dans ce volume a toujours constitué l’analyse des affaires internationales la plus cohérente intellectuellement parlant, comme je vais le démontrer ci-après. La nouveauté, particulièrement depuis le discours prononcé par Xi Jinping au Forum économique mondial tenu à Davos en janvier 2017 (inclus dans ce volume), c’est que le grand impact de son analyse est désormais reconnu internationalement, même par ceux en vif désaccord avec la Chine.

Steve Bannon, ex-stratège en chef du président Trump et farouche opposant de la Chine, a déclaré d’un ton sévère : « Selon moi, il serait bon que les gens comparent le discours de Xi Jinping à Davos et le discours d’investiture du président Trump. »

Gideon Rachman, chroniqueur en chef au Financial Times spécialisé dans les affaires étrangères, a fait remarquer récemment : « Si M. Trump a décidé d’assister au Forum économique mondial cette année, c’est notamment pour concurrencer le président chinois Xi Jinping, vu comme la star de Davos l’année dernière. M. Xi avait saisi cette opportunité pour positionner la Chine comme championne du libre-échange, proclamant devant un public conquis que “rechercher le protectionnisme revient à s’enfermer dans une chambre noire”. »

Parallèlement, H. R. McMaster, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, et Gary Cohn, directeur du National Economic Council, ont coécrit un article dans le Wall Street Journal, tentant de facto de formuler une alternative à l’analyse de Xi Jinping, alternative dont nous parlerons dans la dernière partie.

Mondialisation

Le président Xi cautionne sans équivoque les notions fondamentales de la mondialisation : la mondialisation « est une exigence objective du développement des forces productives de la société et une conséquence logique du progrès technoscientifique ». En conséquence, elle « a contribué à la prospérité du commerce, à la facilitation de l’investissement, à la grande mobilité des personnes et au progrès rapide des technologies ».

« Depuis le début du XXIe siècle, 1,1 milliard de personnes sont sorties de la pauvreté, 1,9 milliard de personnes ont obtenu l’accès à l’eau potable assainie, et 3,5 milliards de personnes, à Internet, et l’objectif d’éliminer l’extrême pauvreté est fixé pour 2030. Voilà qui prouve pleinement que la mondialisation économique est sur la bonne voie. »

« Ceci dit, il existe encore des problèmes : développement déséquilibré, difficultés de gouvernance, fossé numérique et déficit d’équité. Mais ce sont des problèmes survenus au cours de la marche en avant. Nous devons les regarder en face et travailler à les résoudre. Ne nous arrêtons pas en chemin au moindre obstacle. »

Les racines économiques de la mondialisation

Ce ferme soutien à la mondialisation dans la politique étrangère chinoise tire directement ses racines de l’analyse économique fondamentale. Comme l’affirme l’incipit de l’œuvre fondatrice de l’économie moderne, La Richesse des nations d’Adam Smith : « Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail […] sont dues à la division du travail. »

Cette division du travail apporte un avantage décisif : de l’interaction des producteurs, dans le cadre de leurs activités productives, résultent un rendement et une productivité bien plus importants que la somme de leurs efforts individuels. Comme l’a si bien dit le président Xi, en économie, « Un plus un font plus que deux ».

Cette réalité économique brise le concept selon lequel les relations internationales équivalent à un « jeu à somme nulle », situation dans laquelle le gain de l’un constitue obligatoirement une perte pour l’autre. Ici, les deux parties, voire les multiples parties, en s’engageant dans la division du travail, ont toutes des chances de gagner.

Naturellement, ce constat ne signifie pas que les pays coexistent désormais sans le moindre conflit entre eux. Toutefois, il est le signe que les nations doivent, toujours plus urgemment, poursuivre un intérêt commun, en cela que la prospérité de chaque État repose sur la division internationale du travail, ou, en d’autres termes, la prospérité de chaque pays dépend des activités des autres pays. Ainsi se dessine la réalité d’une communauté internationale, que l’on retrouve sous l’idée d’une « communauté de destin pour l’humanité ».

Le concept des résultats « gagnant-gagnant » qui sous-tend la politique étrangère chinoise, tel que décrit dans ce volume, reflète donc ce fait économique fondamental. Il ne s’agit pas là de belles paroles !

Cette réalité économique consolide plus fermement la base collective pour traiter les problèmes communs auxquels fait face l’humanité que la vérité selon laquelle l’humanité entière doit nécessairement partager la même planète, comme l’a rappelé Xi Jinping dans son récent discours au Dialogue de haut niveau entre le PCC et des partis politiques du monde.

Certainement, de nombreux défis allant du terrorisme au changement climatique se doivent d’être relevés sur le plan international. À propos du changement climatique d’ailleurs, le président Xi a proposé de « suivre la voie du développement vert et bas-carbone pour construire un monde propre et beau ». Comme « l’homme et la nature sont étroitement interdépendants », « faire du mal à la nature finira par faire du mal à l’homme. »

Ainsi, les différentes parties du monde sont interconnectées. Elles engrangent des bénéfices ensemble ou subissent des pertes ensemble, donnant lieu à un destin commun de l’humanité, au sens économique le plus strict.

Diversité

Cette constatation soulève immédiatement une autre question. La division du travail est source de gains, non pas parce que ceux qui y prennent part sont identiques, mais parce qu’ils sont différents. La division du travail dans le monde moderne aura nécessairement lieu dans une dimension internationale : l’époque où les plus grandes économies nationales pouvaient vivre en autarcie est depuis longtemps révolue. Comme l’a exposé le président Xi : « Dans le monde d’aujourd’hui, les différents pays, interdépendants les uns des autres, partagent heurs et malheurs. »

Il s’agit là d’un autre principe venant étayer le concept de la « communauté de destin pour l’humanité ». La diversité n’est pas un inconvénient qu’il faut craindre, mais une contribution au développement et au progrès humains. Comme le souligne Xi Jinping, en citant le classique littéraire chinois L’Histoire des Trois Royaumes : « Le secret pour faire un bon plat, c’est de savoir concilier les saveurs. »

Les diverses civilisations doivent donc se serrer les coudes pour réaliser un progrès commun. Les échanges qu’elles mènent doivent servir de source d’inspiration propice à l’évolution de la société humaine ainsi que de lien garant de la paix dans le monde.

Ne cherchant pas à imposer aux autres une uniformité ou un modèle unique considéré comme « supérieur », la politique étrangère de la Chine, bien au contraire, accepte volontiers la diversité de chacun des pays.

Le président Xi a tiré directement des conclusions de ces concepts de base : « Nous devons […] établir un nouveau modèle de relations internationales axé sur la coopération et le gagnant-gagnant, et forger une communauté de destin pour l’humanité. Pour ce faire, nous avons à travailler dans les domaines suivants :

« Nous devons développer un partenariat sur la base du traitement d’égal à égal, de la concertation et de la compréhension mutuelle. La Charte des Nations unies a codifié le principe de l’égalité souveraine. L’avenir du monde est à maîtriser ensemble par tous les pays de la planète. Tous les pays du monde sont égaux. Un pays grand, fort ou riche, ne doit pas malmener un pays petit, faible ou pauvre. Le principe de la souveraineté non seulement se traduit par l’inviolabilité de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque pays, ainsi que la non-ingérence dans les affaires d’autrui, mais consiste également à préserver le droit de chaque pays de choisir librement son système social et sa voie de développement… »

En bref, les concepts fondamentaux et corrélés dans l’analyse de Xi Jinping font référence aux bénéfices mutuels d'une division internationale du travail, sur laquelle repose la prospérité moderne, et qui permettront l’avènement d'une communauté de destin pour l’humanité, la reconnaissance de la diversité et l’égalité entre les pays.

L'alternative

Pour comprendre le sens profond de l’analyse de Xi Jinping, il convient de la comparer à la principale alternative promue à l’étranger. Comme mentionné plus haut, dans une tentative non dissimulée de répondre au discours de Xi Jinping à Davos, M. McMaster et M. Cohn ont rédigé conjointement un article dans le Wall Street Journal, qui n’aurait jamais pu paraître sans l’appui de la plus haute autorité du territoire.

Dans cet article, ils affirmaient : « Le monde n’est pas une “communauté mondiale”, mais une arène où les nations, les acteurs non gouvernementaux et les entreprises s’élancent et rivalisent pour remporter la mise. » Et d’ajouter, en guise de conclusion pratique : « L’Amérique d’abord [slogan du président Trump] émet le signal de la restauration du leadership américain ». Ces phrases renvoient à une conception profondément inégale des relations internationales, exprimée sous la mention vulgaire de « pays de m**de » dans sa forme la plus grotesque.

Les concepts en matière de politique étrangère présentés par Xi Jinping dans ce livre figurent parmi les plus avancés qui aient été formulés par un grand dirigeant politique dans le monde. Pour être franc, aucun ouvrage publié par un dirigeant occidental n’est comparable à La gouvernance de la Chine. Proposant une conception intégrée, allant des notions économiques fondamentales aux conclusions directes vis-à-vis des relations entre les pays, cette œuvre est à même de servir de base solide sur le long terme à la politique extérieure de la Chine, dans le respect des intérêts des autres pays.

En conclusion, je vous recommande vivement ce livre, rien que pour vous plonger dans le chapitre sur la politique étrangère. Quant aux autres chapitres, ils constituent chacun le meilleur point de départ pour comprendre les politiques menées en Chine.

*JOHN ROSS est chercheur principal à l’Institut d’études financières Chongyang, relevant de l’université Renmin de Chine.

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Source:La Chine au Présent